Découvrez comment l'humanité a survécu au terrible flash solaire qui a balayé la Terre et l'a rendu totalement inhabitable dans le treizième tome de l'incroyable série Les futurs de Liu Cixin chez Delcourt.
La terre condamnée à une mort à long termes a envoyé douze vaisseaux baptisés Arches pour chercher, dans les univers alentour, des planètes habitables avant que le flash solaire ne raye toute vie de la surface de la planète bleue. Mais après vingt trois ans de voyages (et vingt-cinq milles années pour la Terre) l’Arche I est de retour bredouille avec seulement un seul homme à son bord. Il est le seul survivant, et les nouvelles ne sont pas bonnes du côté de la planète Terre. Ce qu'il va découvrir, tour à tour, va le terrifier, et lui donner espoir.
Espace, frontière de l'infini ?
Cette phrase, que Gene Roddenberry dévoilait sur les écrans américains en 1966, avec sa série pionnière Star Trek, prend ici toute sa dimension. L'espace (milieu où peut se situer quelque chose) est une notion que l’on retrouve régulièrement dans les écrits de Liu Cixin. L'espace, le milieu géographique où vit l'espèce humaine, la Terre, qui est en grand danger comme le souligne très régulièrement l'auteur, hanté par le flash solaire qui revient dans de nombreux écrits, ne faisant pas l'économie de messages écologiques souvent très alarmiste (mais surement à raison), mais aussi l'Espace, le milieu extraterrestre dans le sens propre du terme, au delà de la Terre, qui a toujours fasciné l'Homme.
L'ère spatiale débute en 1957 avec le lancement dans l'espace du premier satellite artificiel, Spoutnik 1, par l'Union soviétique et après de nombreux hauts (alunissage) et bas (de nombreux morts et des sommes astronomiques versées pour pas grand chose finalement) et un désintérêt certain ces dernières années, semble être relancée maintenant avec l'envie d'aller sur Mars, voir si on peut y établir une colonie pour y vivre, et bien évidemment sur la lune pour y établir une base. L'Homme a toujours voulu voir plus loin et maintenant que la Terre est en danger, cela pourrait bien devenir une nécessité.
Vers l'infini et au delà ?
Mais quel infini finalement ? L'étape suivante, d'après l'auteur, pour l'humanité serait peut-être de voir ce qu'il est possible de faire avec la Terre avant d'aller explorer les étoiles pour tenter de ne sauver que quelques uns ? Infiniment grand ou infiniment petit ? L’infiniment grand c’est l’espace, immensité de vide, peuplé de planètes et d'étoiles, avec le vain espoir de trouver un endroit similaire à la Terre où l'homme pourrait se rendre. L’homme recherche une planète de rechange pour sa survie. L’infiniment petit c’est là où il a finalement trouvé son salut, une humanité comblée, naïve mais prospère.
Cette histoire de micro humains est passionnante. Tout d'abord par ses prémisses complexes, le rejet des micros humains considérés comme des monstres de foire. Ce qui prouve combien l’humanité a toujours peur du changement et a très peur d’évoluer. Un autre aspect intéressant dans les histoires de Liu Cixin, est la notion du temps qui est souvent très long, impliquant que toute découverte ou évolution scientifique doit être faite en se laissant le temps, sans se précipiter, qu'elle doit murir et se développer dans le temps.
Ensuite, le message écologique est toujours présent dans l'oeuvre. Ici, il s'agit d'insister encore sur la surconsommation et le message est aussi très fort puisque dans ce récit, c'est cette surconsommation qui sonnera le glas de l’humanité et des macro-humains mais qui verra aussi l'avénement des micro-humains.
Le message passe-t-il ?
Finalement c'est la question que l'on se pose en refermant ce treizième tome des adaptations des écrits de Liu Cixin. La nouvelle originale est très forte, très bien menée et la BD même si elle est très réussie, n'arrive pas à aller à ce niveau d'implication que l'on peut avoir en lisant le texte de Cixin. On a du mal à s'identifier au personnage, et les micro-humains pourraient agacer. Mais, une fois de plus, le cahier des charges est respecté, nous avons droit à un tome qui se fond parfaitement dans les quinze prévus et avec classe tout autant pour ses dessins aussi sombres (la Terre, le macro-humain) que vifs (les micro-humains) que par son thème humaniste.
Mais on ne plonge pas dedans comme on pourrait plonger dans la nouvelle, c'est un peu trop plat, les personnages trop stéréotypés et même si l'histoire narre un classique de la science-fiction, la BD manque de profondeur. Attention, il faut relativiser parce qu'on est tellement habitué à un haut niveau, que la première faiblesse se remarque plus facilement. Mais on reste toutefois sur un récit de qualité, original dans son traitement, qui est illustré avec grand soin.
Les Futurs de Liu Cixin sur Superpouvoir
- Tome 1 : Terre vagabonde
- Tome 2 : Pour que respire le désert
- Tome 3 : Les Trois Lois du Monde
- Tome 4 : Nourrir l'humanité
- Tome 5 : La perfection du cercle
- Tome 6 : Proies et Prédateurs
- Tome 7 : L'Attraction de la foudre
- Tome 8 : Brouillage intégral
- Tome 9 : La Terre transpercée
- Tome 10 : L'ère des anges
- Tome 11 : Au-delà des montagnes
- Tome 12 : Le calcul du papillon
- Tome 13 : L'Humanité invisible
- Tome 14 : L'Océan des rêves
Les futurs de Liu Cixin - L'humanité invisible, Delcourt, 78 pages, 19,99€ (13,99€ en numérique). Sortie le 7 juin 2023. Scénario : Liu Wei & Dong Yuan. Dessin : Liu Wei.