Le Comics Code est une notion à part entière de l’histoire des comics. S’il est désormais abandonné, il a néanmoins été (plus ou moins) appliqué durant de nombreuses décennies chez tous les éditeurs mainstream. La rédaction de Superpouvoir vous propose via une longue série d’articles de revenir sur cette histoire aux rebondissements multiples. Aujourd’hui nous nous intéressons non seulement aux comics d’horreur, mais aussi à l’émergence d’une contre-culture comics !

Épisodes précédents :

Mad Magazine, EC

La naissance de Mad

EC mène plutôt bien sa barque et l'excellence de ses dessins ainsi que l'innovation dont la compagnie fait preuve lui donne, en même temps qu'une réputation sulfureuse, une petite notoriété chez les spécialistes. Un seul membre du staff n'apprécie pas la ligne horreur et provocatrice de la firme, il s'agit d'Harvey Kurtzman, qui trouve que ce genre de publications ne va pas dans le bon sens. De plus, comme il est très méticuleux, il est moins productif que les autres artistes du groupe tous payés à la page et son salaire n'est donc pas à la hauteur de ses camarades. Gaines, qui ne veut pas se débarrasser de lui, se rappelle du strip Hey Look! et lui propose de lancer une revue humoristique pour laquelle ses dessins demanderaient moins de recherches que sur les comics de guerre. Kurtzman propose alors en Octobre 1952 le magazine satyrique Mad qui, comme toute revue EC, est beaucoup plus destinée aux adultes qu'aux jeunes lecteurs. En quelques numéros, la série devient une référence incontournable pour les adeptes de la contre-culture.

Kurtzman rassemble autour de lui toute une bande de fous furieux comme Will Elder, Wallace Wood ou encore Jack Davis avec un seul mot d'ordre : se moquer de tout ! Mad est clairement le magazine de Kurtzman, qui signe à lui seul toutes les histoires des vingt-trois premiers numéros. Il propose ainsi des pastiches "trash" de personnages populaires de strips ou de comics (comme Popeye ou encore Archie) mais aussi d'icônes de la radio, du cinéma et de la politique.

Mad Magazine, EC

Des réactions mitigées

Ce traitement excessif de personnages emblématiques de la culture populaire est bien évidemment inacceptable pour les auteurs et les éditeurs de la "vieille génération" et Sol Cohen, le manager de la compagnie qui avait pourtant fait des pieds et des mains pour que Gaines soit à la tête d'EC, jette l'éponge à l’issue des premiers numéros. Le rêve de Charlie Gaines de produire des comics intelligents et éducatifs a totalement disparu, réduit en poussière par son propre fils au profit de magazines artistiquement à la pointe et d'une qualité indéniable, mais au ton provocateur, racoleur et satyrique.

Les trois premiers numéros de Mad fonctionnent honorablement, mais le magazine prend véritablement son envol à partir du quatrième épisode qui dépasse le million d'exemplaires en proposant aux lecteurs le personnage de Superduperman, une caricature cruelle et libidineuse du héros de National. Le succès de Mad (qui s'étend même au-delà des kiosques à journaux) dépasse toutes les espérances de Gaines et de Kurtzman. Il peut d'ailleurs être considéré comme l'un des premiers magazines à initier spontanément et sans l'avoir organisé des fans clubs (composés majoritairement d'adolescents rebelles) à travers tous les Etats-Unis. L'impact de Mad sur la société Américaine et sur le futur des comic books est considérable : véritable institution de la révolution culturelle, il influence toute une horde de futurs créateurs indépendants comme Art Spiegelman ou Robert Crumb. La contre-culture vient de faire son apparition dans les comic books et elle n'a peur de personne !

Elle aurait quand-même dû se méfier d’un psychologue bien connu ! C’est ce que nous verrons dans notre prochaine partie : la séduction de l'innocent.

Mad Magazine, EC

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