80 piges ? Mais c’est qu’il ne les fait pas, notre Clarkounet. Même dans Kingdom Come, il a pas l’air si vieux que ça.

Mais quel est son secret ? Cela vient-il de mystérieux superpouvoirs kryptoniens ignorés ? De propriétés magiques de son célébrissime slip rouge, qu’il remet d’ailleurs pour l’occasion ? (Peut-être que Sean Connery aurait dû garder le sien, tiens, maintenant que j’y pense.)

Ou bien cela tient-il aux ancêtres qui ont transmis leurs bons gènes ? Je ne parle pas ici de ‘pa et ‘ma Kent, pas plus que de Jor El et de toute la bande, mais des athlètes de foire, et des Tarzan, Zorro, John Carter, Doc Savage, Hugo Danner, voire Samson et Hercule et autres héros des temps passés, dont on ne sait en fait pas trop s’ils sont ses précurseurs de notre fringant vieillard ou les fées qui se sont penchées sur son berceau, mais dont les caractéristiques se retrouvent ici et là chez Kal El, alias Clark Kent, alias c’est un oiseau, c’est un avion, c’est Superman.

Allez savoir. En tout cas, il est toujours là et porte beau, bien plus que Berlusconi, par exemple.

Bref, quatre-vingts ans au cours desquels ce fringant jeune homme a révolutionné les comics, créé un style, inspiré des jeunes gens, sauvé d’innombrables mondes de papier.

Plus sérieusement, Superman qui déboulait dans les pages d’Action Comics, c’était la cristallisation d’un nouvel archétype qui était en gestation depuis longtemps, et c’est pour ça qu’on retrouve des morceaux de tout un tas de bonshommes en lui (voir liste non exhaustive quelques paragraphes ci-dessus). Pour autant, et c’est ça qui est fort, notre Superman n’est pas un monstre de Frankenstein dont on verrait les coutures (et c’est tant mieux parce que les coutures, à 80 ans, ça craque de partout, c’est affreux). Après quelques tâtonnements de Siegel et Shuster, ses deux papas qui bricolaient ce personnage dans leur coin depuis des années, il apparaît sur papier en 1938 dans sa forme quasi définitive (ce n’est pas si évident : regardez comme Wolverine ou Cyclope ont changé depuis leur création, et même Tintin !). Même si, à l’instar de Mickey Mouse avant lui, il va voir son caractère s’adoucir au fil du temps, son allure générale n’évoluera par contre que très peu. Entre le Superman classique de Siegel et Shuster et celui que relance Bendis ces jours-ci, les couleurs et leur ordonnancement sont les mêmes, seuls ont bougé (et un peu seulement) le logo et les bottes.

Et qui dit archétype dit variation sur l’archétype. En devenant le premier super-héros, Superman a généré des imitateurs plus ou moins serviles. Les plus intéressants de la première vague seront justement ceux qui sauront consciemment s’en démarquer : Batman qui inverse tout ce qu’il peut dans l’archétype, le confortant par contrecoup, et Wonder Woman qui va se contenter d’inverser la charge de genre que l’on trouvait dans la relation Superman/Lois Lane avec le résultat que l’on sait : la création d’une des premières icônes pop SM, bien avant 50 Nuances Machin Truc.

Tous ceux qui suivront bâtiront sur ce modèle, y injectant d’autres morceaux d’archétypes, ceux de Docteur Jekyll et Mister Hyde, de Perceval et de bien d’autres pour varier la recette. Mais chacun de ces nouveaux personnages est, à sa façon, une réincarnation de Superman.

Et se réincarner de son vivant n’est pas le moindre de ses pouvoirs étonnants !

All-Star Superman par Grant Morrison et Frank Quietly. DC Comics

All-Star Superman par Grant Morrison et Frank Quietly. DC Comics

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