Captain America est né dans les pages d'un comic book il y a plus de 80 ans et Marvel Studios a su se servir avec brio de toutes les histoires qui ont composé le personnage pour l'adapter sur grand écran. De son affrontement contre les nazis à son statut d'homme "hors du temps", Captain America est également devenu le leader incontesté des Avengers puis un criminel suite à Civil War. Son idéologie et le manichéisme du personnage ont souvent servi à mettre en avant des aspects discutables de notre société et de ses dérives. Pour la suite, le studio n'a pas hésité à continuer sur sa lancée en introduisant une version de Steve Rogers proche de Nomad (dans Captain America #180 de décembre 1974) avant d'affronter une menace monumentale : Thanos.

De Captain America à Nomad

Après un combat acharné contre son ancien ami et allié Tony Stark, Steve Rogers s'enfuit et devient hors-la-loi. Il abandonne son rôle de Captain America en même temps qu'il laisse tomber son bouclier de vibranium au sol. Avec son ami d'enfance Bucky Barnes, il quitte la base de l'H.Y.D.R.A. en Sibérie avant de retourner libérer ses autres partenaires détenus au Raft, prison pour surhumains.

Face au projet Insight, à la création d'Ultron ou aux accords de Sokovie, le héros conforte la méfiance qu'il avait envers les gouvernements et ceux qui nous dirigent, dés son réveil dans la scène post générique de Captain America : First Avenger. Ses accrochages avec Nick Fury et le S.H.I.E.L.D. durant les évènements d'Avengers et The Winter Soldier montrent à quel point Steve Rogers ne se retrouve plus dans ce monde où chaque individu est un suspect potentiel et où la sécurité globale a pris le pas sur les libertés individuelles. Comme dans les comics, le Patriot Act signé après le 11 Septembre inspire les scénaristes dans ce que l'ultra-surveillance et l'anticipation de menaces potentielles peut représenter de pire.

En trois films solo et deux Avengers, nous avons pu suivre petit à petit les raisons qui ont poussés Rogers a ne plus faire confiance au "système" en place. De déceptions en déconvenues, le super-soldat n'a toujours pu compter que sur une poignée de personnes l'entourant, toujours en agissant selon ce qu'il considère comme juste. Son absence de repères dans ce nouveau monde lui fait réaliser les différences de mentalités et la perte d'un idéal qui se voulait optimiste. Le contraste entre les raisons qui l'ont poussées à devenir un soldat américain pour combattre le fascisme et l'évolution de la société en 70 ans devient saisissant.

Steve Rogers alias Captain America (Chris Evans) dans Avengers: Endgame

Devenu fugitif, Rogers décide de se battre dans l'ombre et d'opérer sans son costume véhiculant un message qu'il ne cautionne plus. Sans jamais le nommer ainsi dans le MCU, on le retrouve donc sous une identité proche de celle de Nomad, héros apatride, à l'aube d'une bataille cosmique comme il n'en a jamais vu. Dans Avengers : Infinity War, le personnage prend une importance bien moindre (seulement 7 minutes et 13 secondes de présence à l'écran), son rôle étant avant tout symbolique.

Avec sa barbe, son costume sali et usé et son teint abîmé, Steve Rogers revient secourir Vision et Wanda avant de se décider à retourner au QG des Avengers. Il comprend que la nécessité exige d'assembler les forces de la Terre pour empêcher Thanos de récupérer la Pierre de l'Esprit présente sur le front de l'androïde. Il permet également aux Avengers de se rendre au Wakanda avant le combat final. Enfin, dans un dernier élan héroïque, il se dresse seul sur la route du Titan Fou et lui oppose une résistance finalement vaine. Les Avengers - divisés depuis la guerre civile - ont perdu et la moitié de l'univers a disparu...

Avengers Rassemblement !

Si son rôle dans Infinity War est avant tout symbolique et dérisoire, il prend tout son sens dans la suite très attendue : Endgame. Passé de fugitif à animateur de réunions pour aider ceux qui ont perdus un proche, le héros n'en oublie jamais qu'il se doit d'aider son prochain. Les frères Russo - qui le dirigent pour la quatrième fois - continue d'explorer les facettes d'un personnage qui devait représenter un certain idéal, notamment dans les moments les plus sombres de l'humanité.

La quête des Vengeurs pour récupérer les gemmes de l'Infini dans le passé montre également jusqu'où il est prêt à aller pour un monde meilleur, sans se soucier des conséquences ni des rancoeurs envers Stark. La scène dans laquelle il se retrouve en compagnie du milliardaire dans la base du S.H.I.E.L.D. du New Jersey et où il ne se trouve qu'à quelques centimètres de l'amour de sa vie nous le prouve à nouveau. Rogers aurait très bien pu laisser tomber et la rejoindre, mais l'égoïsme ne fait pas parti de son caractère.

Le passage où le héros affronte la version "2012" de lui-même dévoile également l'évolution du personnage en une dizaine d'année. Il n'hésite pas à se confronter à lui-même et a appris de ses échecs, le rendant plus fort et plus ouvert d'esprit. Et c'est cette avancée personnelle qui le conduire à soulever Mjölnir lors de l'affrontement final contre Thanos. Enfin en paix avec lui-même, Captain America devient meilleur qu'il ne l'a jamais été.

... et maintenant ?

Endgame donne plus de poids au personnage. Il doit incarner un avenir meilleur et un espoir, comme toujours. Il est l'un des premiers à assister Tony lors de son retour sur Terre. Lorsque l'occasion de réparer les dégâts lui est donnée, il n'hésite pas longtemps, faisant de lui le leader incontesté des Plus Puissants Héros de la Terre en poussant le célèbre cri de ralliement "Avengers Rassemblement".

Cette aventure éreintante scellera son avenir : en ayant sauvé l'univers au prix de la vie d'un de ses plus proches ami et allié, Rogers prend pour la première fois une décision purement égoïste et personnelle. Après avoir ramené les Pierres dans leur timeline, il retourne vivre sa vie auprès de Peggy Carter avant de céder le bouclier à son acolyte Sam Wilson. La boucle est bouclée pour ce héros qui a débuté face à un dictateur et qui a fini face à un fou.

Maintenant que la main est passée, Marvel a souhaité honoré l'héritage du personnage, principalement dans la série Falcon et le Soldat de l'Hiver. Le poids de son symbole pèsera tout au long du show sur les épaules du Faucon qui ne se sent pas à la hauteur de cet idéal. La sitcom de Malcolm Spellman parvient à capter l'essence du personnage et à la retranscrire vers un personnage qui, certes, partage ses convictions mais ne vient pas du même milieu et n'a pas connu la même vie. Soulever ce bouclier face à l'adversité - et aux yeux du public - devient bien plus difficile car Wilson estime "qu'il appartient à quelqu'un d'autre".

Alors comment devenir le nouveau Captain America ? En embrassant un rôle politique et en agissant comme chacun le souhaiterait. Tout le monde ne peut pas devenir cet icône respectée, John Walker nous l'a prouvé. La sérum du Super-Soldat ne coule pas dans ses veines ? Il trouvera un substitut grâce à son agilité dans les airs et son passé militaire. A sa manière, Sam Wilson incarnera, comme il se doit, le prochain héros à la Bannière Etoilée du MCU. Sans avoir besoin d'être Steve Rogers, Captain America est et restera celui qu'on attend : un idéal pour tous.

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