Chaque mois, des dizaines de comics VF sont proposés dans les librairies. L’offre est large : tellement large qu’il est impossible, à moins de posséder le compte en banque de Tony Stark de tout acheter. Ma solution : une liste mensuelle la plus exhaustive possible des comics qui ont attiré mon attention et que j’ai déjà lus ou vais lire. Eventuellement découvrir ce que je ne connais pas mais qui m’a fait de l’œil sur des previews. Le principe est simple : je sélectionne et je rejette au fur et à mesure pour ne garder que le meilleur. Je n’ai qu’une seule contrainte, donnée par mon maléfique rédacteur en chef : la liste définitive de mes achats ne doit pas dépasser 66,60 €. J’ai toutefois la possibilité de réutiliser l’argent non dépensé de mois en mois, comme une petite cagnotte. Il me reste ce mois-ci 8,21 €. Ma liste est composée de trois groupes : les comics que je rejette (et où je peux être très très très méchant), ceux que je conseille mais que je n’achète pas (pour raisons de budget) et ma sélection finale du mois.
NOUVEAUTÉ : L’inflation arrivant et certains éditeurs pouvant proposer jusqu’à 3 OMNIBUS par mois, je peux désormais choisir durant toute l’année deux omnibus au maximum sans toucher à ma cagnotte ! Problème : j’ai déjà tout utilisé ! Donc pas d’Omnibus nouveau en 2023 sauf dans le cadre de ma tirelire !
C’EST LA FIN DE L’ANNÉE : Comme les sorties comics sont très réduites au mois de décembre, vous avez cette fois-ci un numéro double, avec deux fois plus d’argent sur les deux mois de novembre et de décembre. Peut-être de jolis cadeaux de Noël. Je commence donc cette review avec 141,41 € !
Avant-propos : La production est telle que je ne peux pas me permettre d’être totalement exhaustif. Pour les œuvres que je ne connais pas ou que je n’ai pas lues, je me ferai une opinion sur les premières pages ou les premiers numéros. Et s’ils ne sont pas disponibles, ce sera uniquement sur les auteurs. De plus, je laisse de côté tous les titres qui ne sont pas des one-shots ou des débuts de série. Il n’y a pas d’intérêt de vouloir mettre dans ma liste un tome 5 ou 6 puisque vous êtes déjà sensés vous avoir fait votre avis avec les numéros précédents. Je vous donnerai quand-même en début d’article un petit récapitulatif des séries à suivre. Pour une liste exhaustive de tous les comics qui sortent ce mois-ci, je vous renvoie à l’article d’Alain Roussel ! Alain est beau !
Undiscovered Country T4 : J’avais bien aimé les deux premiers tomes. L’histoire est plutôt bien fichue et les dessins de Camuncoli très acceptables !
Saga T11 : Une des meilleures séries de ces dernières années. Foncez !
418,90 € pour deux mois !!!! Avec une palanquée de titres. Souvent très mauvais.
Apparemment, c’est une nouvelle série, un nouveau départ pour Miles Morales réalisé par des personnes que je ne connais pas. Enfin, Cody Ziglar est un scénariste de télévision qui a écrit pour… Miss Hulk. Donc forcément, ça ne part pas fort. Et comment dire ? Je ne suis pas allé plus loin qu’une vingtaine de pages. Des combats, une histoire qui semble calquée sur le film d’animation Spider-Man into the Spider-Verse et vraiment, on a l’impression d’une réelle caricature de comics. Les premières pages sont d’une médiocrité affligeante niveau histoire et dialogues, mais peut-être pas autant que les dessins. Car sans être méchant, les dessins de Federico Vincentini ne me plaisent pas du tout. On se croirait dans du mauvais style cartoon des années 90. Donc on va passer laaaaargement ! Comment peut-on espérer vendre une série là-dessus ? J’essaye toujours de trouver au moins un truc positif, mais là, y’en a pas !
C’est la sortie du film The Marvels, donc il faut publier autant de trucs possibles sur les trois héroïnes. Et là, Marvel nous sort un produit de commande, sans saveur et sans odeur, réalisé uniquement pour surfer sur le film. Comment dire ? Il n’y a rien d’intéressant, Photon se retrouve sur différentes terres où le but est d’aligner le plus de versions possibles des super-héros de son histoire. Eve Ewing ne raconte rien, c’est plus qu’oubliable et je ne suis pas allé plus loin que le deuxième épisode. Les dessins de Luca Maresca sont passables. Pas extraordinaires mais lisibles. C’est déjà ça.
Il fallait bien sortir quelque chose aussi sur Miss Marvel : eh bien nous avons une compilation de 3 récits totalement aléatoires, où Kamala est associée à un super-héros de l’univers Marvel. Jody Houser, Ibraim Robertson, Ze Carlos ? Qui a envie de lire un truc comme ça ? Pas moi !
En toute honnêteté, la quasi-totalité des mini-séries Marvel du moment ressemblent à des livres génériques pour un jeune public. Il serait temps quand-même qu’on arrête de proposer ce genre de nullité insipide aux lecteurs. Ne sortez rien plutôt que de publier ce genre de truc qui ferait passer un BigMac mal cuit pour de la bonne gastronomie. Ça m’énerve !
Oh là là. Donny Cates + Ryan Stegman. Ceux qui ont livré l’un des pires trucs de ces dernières années avec leur version de Venom façon comics des années 90. Le pire c’est que ça a marché ! Les voilà donc qui reviennent chez Image pour lancer une nouvelle série, avec de la magie, des monstres et un peu de gore. Bref, du classique. Le scénario est aussi fin qu’un comics de Rob Liefeld mais les dessins sont plutôt bons. Je ne suis pas fan de Stegman, mais il faut avouer qu’il fait de très gros efforts. Mais c’est insuffisant. Après, le prix d’appel peut-être intéressant, 10 € mais bon.
Bon, là je ne vais pas me faire que des amis, mais clairement, on a droit à une série qui m’a bien énervé. D’accord, Marc Silvestri est un excellent dessinateur. C’était peut-être même le plus doué de la génération Image. Mais là, pourquoi le faire revenir aux commandes d’une série qui n’a tout simplement aucun intérêt ? Le Joker demande à Batman de l’aider car quelqu’un a enlevé Harley Quinn. Wow, quelle originalité ! C’est pas comme si on n’avait pas vu ce type d’histoire 100 000 fois auparavant. Et comme Silvestri le scénariste n’a aucun angle original à donner là-dessus, eh bien… c’est juste totalement anecdotique. Et même au niveau des dessins, il y a quelque chose qui m’ennuie. Je crois qu’il n’y a pas d’encreur, et cela se ressent. J’évite donc.
Je vois bien l’idée marketing de faire une histoire comme celle-ci, alors que McFarlane bat des records avec son Spawn. Mais là, en toute honnêteté, l’histoire est affligeante. C’est bricolé pour en arriver là, la structure du récit est abominable. McFarlane s’écoute écrire et finalement, il ne reste que Greg Capullo. Sérieusement, le scénario est aussi bancal que celui de Batman v. Superman de Zack Snyder, avec "sauve Martha". On est sur des coïncidences improbables et des parallèles bien foireux. En plus, j’avais détesté tout ce que le Batman de Capullo et Scott Snyder avait pu proposer. Et on y replonge allègrement ici avec ce Joker défiguré, la pire idée que DC ait jamais pu avoir à une époque. Donc non. En plus, il y a à peine une quarantaine de pages, le reste n’est que posters, illustrations.
J’avais craqué à l’époque. J’avais acheté. Parce qu’on m’avait dit que c’était du Frank Miller au scénario. Et que j’étais fan des deux. Bon, à la relecture, ça reste encore assez rigolo dans le côté outrancier et totalement réalisé pour faire de l’argent. Miller a dicté l’histoire en cinq minutes à McFarlane et elle ne tient que sur une idée amusante à la fin et les dessins sont… d’époque. Qu’est ce qu’on pouvait être naïfs ! Surtout que la deuxième partie est assez médiocre, avec un Klaus Janson qui ne convient pas à Spawn alors que c’est un très grand artiste et une histoire vraiment générique. Donc là aussi je laisse de côté mais c’est nettement meilleur, enfin, moins pire, que la version moderne.
Batman s'allie à Spawn afin de sauver les citoyens de Gotham menacés par Croatoan. Album avec une couverture alternative.
Là aussi, j’étais faible. Parce que Jim Lee. Parce que Image. Mais en toute honnêteté, WildC.A.T.S. de Lee est peut-être la série qui a le moins bien survécu au temps. Parce que si c’est sans aucun problème très bien dessiné (quoique, désormais je ne vois que les défauts de Jim Lee), l’histoire est tout simplement abominable de vide, de rien. Pas que Brandon Choi soit à mépriser, mais on sent que c’est Lee qui dirige tout et qu’il n’est pas adapté. C’est limite un peu beauf. C’est totalement décérébré, et même si à 15 ans j’avais adoré, trente ans plus tard, ça ne passe plus, même avec un effet nostalgie. Stormwatch était meilleur en fait.
Bon, on continue d’enfoncer les idoles ? Cette nouvelle série X-Treme X-Men réalisée par les auteurs d’origine, Chris Claremont et Salvador Larroca a éveillé mon intérêt. Mais j’ai rapidement déchanté. Parce que déjà, Claremont reprend ses travers : introduction de personnages lambda pas bien définis et histoire convenue. Ça a vieilli. Et même si Larroca dessine un peu plus que d’habitude, cela manque de punch. Le retour d’Ogun ? Pourquoi pas, mais cela entraîne nos héros dans une aventure pas palpitante du tout. Je passe donc aussi ! Il aurait mieux valu rééditer les premiers épisodes de la série originale.
Bon, j’ai été très, très, très méchant. Mais ça m’a fait faire des économies. Nous sommes à 250,90 € restants !
Encore une nouvelle série Deadpool ? Oui. Je ne sais plus combien de séries se sont succédées avec toujours la même rengaine. Un truc drôle et décalé. Enfin, drôle…C’est vite dit. Parce qu’en dehors de certains récits de Duggan et Posehn ou de Joe Kelly, le reste est assez bas de plafond. Et malheureusement, ce nouveau tome de Deadpool n’est pas en reste. On prend tout ce qui peut faire plaisir au fanboy et on l’inclut dans le récit. Carnage, des trucs gores, des discussions avec le lecteur, du faux second degré et voilà, on a une série Deadpool. On injecte à Deadpool un morceau de Carnage en lui pour que celui-ci l’incube, donnant lieu à toutes sortes de difformités. Il se battra aussi contre plein de méchants dont le Docteur Octopus. Le scénario de Alyssa Wong est au mieux peu original mais les dessins de Martin Coccolo sont plutôt très bons. C’est pour cela qu’il n’entre pas directement dans la liste plus haut.
Cela fait malheureusement très longtemps que je ne fais plus confiance à Peter David. La plupart du temps il nous ressort une mini-série totalement inutile placée dans le passé de l’univers Marvel, avec l’un de ses personnages fétiches. On a eu le Maestro, Spider-Man 2099, maintenant voici Joe Fixit, la version grise de Hulk des années 90. Bon, en toute honnêteté je m’attendais à pire. C’est clairement plus une aventure de Spider-Man, venu à Vegas à la poursuite du Caïd, qu’autre chose, mais le récit est assez distrayant. S’il n’apporte absolument rien à l’univers Marvel, au moins il se passe un peu quelque chose. C’est distrayant et surtout bien dessiné par Yildiray Cinar. Donc pas du tout essentiel mais pas catastrophique.
Qu’il était bien ce crossover mutant... à l’époque. Parce que bon, en toute honnêteté, même s’il y a des qualités, cela a quand-même un peu vieilli. Après ressortir Le Chant du bourreau dans un format Epic Collection est plutôt une bonne idée. Les dessins sont plutôt bons (Andy Kubert, Jae Lee, Brandon Peterson, Greg Capullo) et c’est le début de l’un des meilleurs duos sur les titres mutants : Scott Lobdell et Fabian Nicieza. Après, pour les gens qui n’ont pas suivi qui était Stryfe et qui ne sont pas au fait de l’histoire de Cable, cela va être un peu compliqué. Même à l’époque, c’était un peu confus. Mais cela reste une histoire sympa et la nostalgie opère toujours un peu.
C’est le mois Alan Moore chez Urban Comics et vous avez droit à des tonnes de titres de l’auteur. Et si l’on ne peut pas nier qu’Alan Moore est LE dieu vivant des comics, tout ce qu’il a écrit n’est pas non plus extraordinaire. Dans les titres ABC, composés de Promethea, Top 10 ou autres, Tom Strong est le titre que je n’appréciais pas. Les aventuriers de ce genre ne me parlent tout simplement pas. Alors vous imaginez bien qu’un spin-off, cela me passe au-dessus, même si Yannick Paquette est aux dessins. Je n’ai aucun intérêt pour cet univers Tom Strong, je passe donc mon tour. Mais nul doute que les fans y trouveront leur compte, surtout qu’il me semble bien que c’est une série inédite en France.
Alors oui, c’est du Corben. Mais que dire ? Je ne supporte que très peu ce dessinateur. Je veux bien tout lui reconnaître, son importance, son innovation graphique, sa place dans le monde des comics. Sauf que voilà, non seulement son dessin ne me plaît pas, mais que ses histoires sont généralement très, très ennuyeuses. On ne lit pas un comics que pour l’histoire, me rétorquerez-vous ! Certes, mais comme en plus les dessins ne m’attirent pas, je passe. Même si à la lecture des premières pages, franchement, je ne l’ai jamais vu aussi bon. J’ai même failli craquer, c’est pour vous dire. Mais encore une fois, les femmes à poil et les combats contre les démons, ce n’est pas ma tasse de thé. C’est peut-être un sacrilège, j’en ai conscience, et peut-être que si je le trouve en librairie je jetterai un œil. Mais j’ai d’autres choses à vous faire découvrir. Et on ne dira jamais assez de bien de Délirium, qui nous propose mois après mois de véritables pépites.
Mais il nous reste 128,90 € !!! C’est parfait ça ! Voici donc :
Je n’aime pas les anthologies, mais là il y a du très bon. Parce qu’Alan Moore est aussi très très doué pour des petites histoires courtes. Et c’est ce que vous aurez ici, en dehors des fameuses histoires de Superman ou de l’arc en deux parties de Vigilante, qui reste dans mon esprit un récit vraiment terrifiant, dessiné par Jim Baikie (les fans de la revue Comics Parade s’en rappelleront). Quelques histoires de Green Arrow avec Klaus Janson, des back-ups de Omega men avec Kevin O’Neil, il n’y a rien à dire, quasiment tout est réussi ici. Cela vaut donc le coup !
Oui, je défendrai toujours cette série. Même si certains diront que c’est loin d’être le meilleur boulot de Neil Gaiman, elle aurait pu friser la perfection si le scénariste avait pris une autre résolution de son intrigue. Cette mini-série de prestige, dessinée par un Andy Kubert en pleine forme, nous renvoie à une version Shakespearienne des super-héros Marvel, avec un grand mystère planant sur cet univers. C’est très bien, c’est très réussi, Gaiman est dans sa zone de confort. Mais à un moment, il aurait pu partir sur une histoire totalement méta. Tout était réuni, et il s’est contenté de suivre un récit classique, mais que je continue à apprécier encore.
Ces épisodes-là vieillissent très bien, contrairement à ceux de Jim Lee. Parce que, après un petit run de James Robinson, Alan Moore prend en main le destin de l’équipe et il en fait vraiment quelque chose. Il met en avant des personnages de second ordre (Savant, Tao) et leur donne une personnalité détonante. Moore divise son histoire en deux parties et c’est celle qui se passe sur Terre, avec ces nouveaux personnages, prend rapidement le pas sur l’intrigue concernant les WildC.A.T.S. originaux dans l’espace. Niveau dessins, c’est un peu l’auberge espagnole : Travis Charest est époustouflant mais ne réalise que quelques numéros tellement il est à la bourre et est remplacé par une escadrille de dessinateurs allant du très bon au plus que moyen (Kevin Maguire, Ryan Benjamin). Cela reste au final ce qui s’est fait de mieux sur la série, et de loin !
Tillie Walden est le futur du comic book d’auteur. Elle a réalisé, à son jeune âge (je crois qu’elle a moins de 30 ans) des récits impeccables et poétiques comme Spinning ou encore Dans un rayon de soleil qui lui ont rapporté de nombreux awards. Il est donc particulièrement intéressant de la voir évoluer dans un univers qui, à première vue, n’est tout simplement pas fait pour elle : celui de The Walking Dead. En effet, l’autrice s’intéresse à Clementine, un personnage issu d’une adaptation en jeu vidéo de la série et nous propose un récit qui lui ressemble, tout en restant dans la thématique. Je n’aurais pas imaginé Walden sur Walking Dead, mais c’est une réussite. Bien évidemment, on restera très loin de la boucherie gore de Adlard et Kirkman et tout n’est pas parfait (j'en avais d'ailleurs parlé dans cet critique). Si les personnages secondaires sont parfaitement décrits, Clementine manque encore un peu de chair et les scènes d’action pourraient être plus lisibles. Mais c’est parfait pour faire découvrir aux lecteurs cet univers si personnel qui, j’espère, pourra les conduire vers d’autres œuvres de cette grande artiste. Allez-y !
C’était une évidence absolue. Parce que Carlos Pacheco nous a quitté depuis un an, presque jour pour jour, et qu'Arrowsmith est peut-être sa meilleure prestation avec l’encreur Jesús Merino. En tout cas, c’est certainement la série qui l’aura le plus inspiré ! Nous sommes en pleine Première Guerre mondiale, mais avec un petit twist. Dans ce monde, la magie et les dragons existent. Et Pacheco s’en donne à cœur joie ! Les planches sont tout bonnement extraordinaires. Mais l’histoire n’est pas en reste. Car même s’il est plutôt connu pour sa connaissance encyclopédique des super-héros, Kurt Busiek est aussi un très bon scénariste capable d’écrire de la fantasy. Et c’est vraiment très bon. Quant on sait que, de plus, Delcourt va publier dans quelques mois la suite de l’histoire, qui est le dernier travail de Pacheco, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce monument. Un indispensable !
Encore une année en comics qui se termine, avec un budget excédentaire d’une petite dizaine d’euros. On se donne rendez-vous en janvier pour de nouvelles aventures. Mais d’ici là ne désespérez pas, vous aurez votre petite rasade de 66.6 dans un épisode bilan à la fin de l’année.