Chaque mois, des dizaines et des dizaines de comics sont proposés en VF par de plus en plus d’éditeurs (cf. notre planning). Impossible de tout acheter. C’est pourquoi je vous dresse, chaque mois, une liste des comics potentiellement intéressants, ceux qui ont attiré mon regard et que je commente. J’en laisserai un paquet de côté pour arriver finalement à ma sélection des comics du mois. Tout est possible. Je n’ai qu’une seule contrainte, donnée par mon diabolique rédacteur en chef : la liste définitive de mes achats ne devra pas dépasser 66,6 €, petite cagnotte que je pourrai réutiliser de mois en mois. Les comics seront classés en trois catégories : ceux que je rejette, ceux que je conseille mais que je n’achète pas et ceux que je mets dans mon cabas.

Avant-propos :  Bien évidemment, il est impossible de lire toute la production comics du mois, je laisse donc de côté tous les titres qui ne sont pas des one-shots ou des débuts de série. En effet, le but étant d’éclairer les lecteurs, cela n’a aucun sens de proposer un tome 5 ou 6, en dehors de l’arrivée d’une éventuelle équipe artistique.

Ma sélection du mois :

  • Escadron Suprême-Le programme Utopie, Panini Comics, 35 €
  • Les s7pt secrets, Delcourt, 16.5 €
  • Maestro Guerre et Pax, Panini Comics, 19 €
  • Morbius, Panini Comics, 18 €
  • Morbius le vampire vivant, Panini Comics, 30 €
  • Batman Ego, Urban Comics, 16 €
  • Catwoman le dernier braquage, Urban Comics, 23 €
  • Justice Society of America, Urban Comics, 35 €
  • Stillwater, Delcourt, 19 €
  • Grendel T1, Urban Comics, 35 €
  • Department of Truth, Urban Comics, 16 €
  • Batman Infinite, Urban Comics, 18 €
  • Wonder Woman Infinite, Urban Comics, 23 €
  • Nocterra, Delcourt, 16.5 €

Tout cela pour un total de 320 € ! Un quart de SMIC ! Il va falloir faire le ménage, je sors le balai ! Pour commencer, les comics de janvier que je laisse de côté.

Le vampire vivant dans une série sous assistance respiratoire (Morbius)

On le sait, dès qu’un film Marvel est prévu, l’éditeur américain s’empresse de sortir une mini-série lambda pour surfer sur la vague et relancer l’intérêt. La recette est toujours la même : on choisit deux auteurs lambda un peu au hasard, pas très connus et on leur ordonne de sortir une histoire lambda qui ne propose rien car il ne faut pas entrer en conflit avec le film. Dans les devoirs imposés : un vilain lui aussi lambda ressorti des pages poussiéreuses du catalogue de l’univers Marvel et une guest-star histoire quand-même de booster un peu les ventes. Les heureux élus sont donc Vita Ayala, rarement impressionnante sur une série Marvel ; Marcelo Ferreira, dessinateur inconnu qui propose un style entre du sous Mc Farlane et du Philip Tan, le Fondeur… et Spider-Man. Tout cela donne une aventure sans aucun intérêt, avec des dessins vraiment pas jojos et qui sera plus vite oubliée que ce qu’elle a été lue. Passez votre chemin.

(Morbius, Panini Comics)

Une série qui aurait dû rester aux oubliettes (Morbius le vampire vivant)

On le sait, dès qu’un film Marvel est prévu, l’éditeur français s’empresse de sortir tut ce qu’il a sous la main sur son personnage, pour surfer sur la vague. Parfois ça marche, mais clairement avec un personnage aussi moisi que Morbius, ça craint. Sans lui manquer de respect, il y a rarement eu de bonnes séries sur ce personnage, en tout cas pas depuis un bon moment. Et là, on nous sort vraiment l’une des pires séries qui ait existé sur Morbius. Un scénario complètement indigent qui ne raconte rien, des dessins classiques sans trop de vie, bref, on s’ennuie dès les premières pages. Alors imaginez sur treize numéros. Faut vraiment avoir envie de se faire mal. C’est dommage car Joe Keatinge est plutôt bon lorsqu’il tente des approches indés (Glory par exemple) mais là c’est le vide absolu. Avec une structure encore une fois qui commence à dater (des flashbacks pour finalement pas grand-chose). La seule idée intéressante ? Morbius devient le roi d’un quartier. Mouais… Laissez tomber !

(Morbius le Vampire Vivant, Panini Comics)

 

Adieu Maestro (Maestro Guerre et Pax)

Bon, soyons lucides, Peter David a quand-même depuis quelques temps perdu son Mojo. Depuis qu’il revient en fait sur ses vieilles gloires, le Maestro, le Symbiote Spider-Man, Ben Reily, cela ne fonctionne pas. Qu’on ne s’y trompe pas, il nous offre ici un comics plutôt lisible, mais sans réel intérêt. Maestro veut conquérir le monde ? Je pensais qu’il l’avait déjà fait. Mais pas suffisamment d’après le scénariste puisqu’il reste quelques poches de résistance. Il propose donc un programme appelé PAX très simple : tout le monde fait ce qu’il dit et cela se passera bien. Bof. De fait, il sera confronté à Machine Man et Fatalis, dont il se débarrassera sans problème car le Maestro est très fort. Rien d’intéressant ici donc, si ce n’est les dessins de Javier Pina et German Peralta, qui assurent vraiment bien. Mais il y a tellement mieux à acheter !

(Maestro Guerre et Pax, Panini Comics)

 

Nuit noire (Nocterra)

Depuis quelques temps, les grands auteurs mainstream se lancent dans des séries chez Image. Nous avons ici Scott Snyder et Tony Daniel, deux cadors de l’industrie qui proposent leur petite série indépendante chez Image. Et bon, clairement, c’est très très laborieux. Il faut dire que l’on nous propose encore une fois un monde post-apocalyptique. Moi je veux bien, mais je commence à en avoir marre de ces histoires dans un monde détruit ou ravagé par la guerre ou les monstres. Surtout quand, comme dans ce récit, il n’y a pas beaucoup de développement. Nous suivons donc en priorité une jeune femme qui conduit un camion et qui tue des horribles bestioles. J’ai arrêté la lecture après 2 épisodes tellement le récit me semble commun et banal. Et vu de nombreuses fois ! De plus, les dessins de Tony Daniel sont assez fadasses. Limite je préférais The Tenth ! Donc non. C’est lisible mais c’est qu’est ce que c’est long et ennuyeux !

Un secret à oublier (les s7pt Secrets)

Alors c’est vraiment la première fois que je suis déçu par Tom Taylor ! Parce que le monsieur a du feu au bout des doigts depuis plusieurs années. Alors quand je le vois débarquer sur une série Boom Studios, studio qui produit toujours des séries de grande qualité, j’étais persuadé de tenir une véritable pépite. Eh bien j’ai un peu déchanté (encore une fois, je n’ai lu que les 3 premiers épisodes). L’histoire peut paraître assez sympa au départ : 7 secrets sont disséminés à travers le monde, chacun d’entre eux placé dans une valise détenue par une personne et protégée par une autre personne. Ces « protecteurs » font partie d’une sorte de secte, qui a des règles très strictes. Sauf qu’au bout de presque 80 pages, on n’en sait pas plus. On suit le destin de 2 membres de la sectes, détenteurs d’un secret et qui doivent abandonner leur enfant pour continuer leur mission. Le livre s’ouvre sur cet enfant, qui fait désormais partie de la secte, et qui doit intervenir alors qu’un grand méchant commence à faire des ravages. Cela manque de rythme et je n’ai pas été très impressionné par les dessins de Daniele Di Nicuolo. Les théories du complot dévoilées ici font pâle comparaison face à l’un des livres de cette sélection, dont on reparlera plus tard.

(Les s7pt Secrets, Delcourt)

Après cette 1ère sélection, il ne reste plus que 220 €. On va donc mettre maintenant de côté des livres qui ont un certain potentiel, mais qui ne franchiront pas la ligne de la sélection du mois. Les comics de janvier que je ne garde pas mais que je lirai peut-être plus tard.

La Justice est aveugle (Justice Society of America)

Bon, ce titre a clairement failli se trouver dans la liste précédente. Parce que j’ai un souvenir mitigé de ce nouveau run signé Geoff Johns et totalement impliqué dans un Crisis quelconque. Je me rappelle de très nombreux personnages que le scénariste n’arrivait pas à exploiter de manière satisfaisante. Je me souviens aussi d’un crossover avec la JLA de Brad Meltzer pas terrible du tout. Après, il y a des bons moments, c’est un comics honnête mais très en dessous de sa version originale, la JSA de Robinson, Goyer et Johns. Dale Eaglesham livre une bonne prestation. Peut-être que la lecture sera meilleure d’un bloc.

(Justice Society of America, Urban Comics)

Laissons les egos de côté (Batman Ego)

Hey oui, même si l’on ne peut absolument rien dire sur la partie graphique, extraordinaire du regretté Darwyn Cooke, je n’ai pas du tout été inspiré par l’histoire, assez classique et finalement pas très originale. Lorsque l’un des sbires du Joker se suicide devant lui, Batman sombre dans une sorte de folie dépressive qui le conduira assez loin dans l’introspection. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien fait, c’est pas mal mais clairement, l’histoire n’est pas très originale pour pouvoir vraiment sortir ce titre de la liste de ce mois. De la même manière, les récits annexes qui accompagnent ce récit sont assez anecdotiques.

(Batman Ego, Urban Comics)

L’infini, mais pas au-delà (Batman Infinite)

James Tynion IV est un excellent scénariste. Pourtant je n’ai pas accroché du tout à sa version de Batman. J’ai laissé tomber au bout de deux épisodes. Parce que finalement, j’en ai un peu marre de ces histoires qui se ressemblent toujours. Gotham est morte, il y a des ennemis, Batman est implacable. Bruce Wayne n’existe plus vraiment en fait. Et cela ne me plaît plus vraiment. Batman tourne en rond depuis un bon moment et la quantité de titres publiés chaque mois n’aide pas. Ce Batman là en fait donc les frais. Les dessins de Jorge Jimenez sont vraiment très beaux, mais je ne sais pas, ils restent fades. Il y a beaucoup de choses qui me gênent, notamment un apport trop riche en couleurs et en effets. Donc non, vraiment, Batman, je n’en peux plus !

(Batman Infinite, Urban Comics)

L’infini mais pas au-delà, la suite (Wonder Woman Infinite)

À leur décharge, Becky Cloonan et Michael Conrad tentent au moins une approche différente, avec une Diana amnésique et expédiée sur Asgard dans une guerre sans fin. Là aussi, il n’y a rien à redire sur ce comics. C’est beau, c’est superbement dessiné par Travis Moore, mais c’est quand-même super plat ! Je me suis rapidement ennuyé à la lecture des premiers épisodes, à tel point que je n’ai pas continué. Après, peut-être que la lecture passera mieux en bloc, mais là cela ne suffira pas ! Au-dessus du Batman toutefois !

(Wonder Woman Infinite, Urban Comics)

Pas de coup de fouet (Catwoman le dernier braquage)

Là en revanche, je laisse ce comics un peu à regret. Parce qu’avec cette Catwoman version Ed Brubaker, Mike Allred et Darwyn Cooke, on a une vraie proposition originale. Celle du retour au roman noir, à un comics qui ferait penser à un film des années 50. Et c’est vraiment superbement dessiné. On suit tout d’abord une histoire complète d’une soixantaine de pages qui redéfinit le design mais aussi les bases de la série à venir. Et c’est vraiment très bon, en dehors des sentiers battus. Je le laisse car il y a meilleur ce mois-ci mais sachez que vous ne prenez aucun risque si vous l’achetez. La preuve qu’on peut faire une histoire de Catwoman réussie, sans mettre sa plastique en avant.

(Catwoman, Le dernier Braquage, Urban Comics)

Grendel  (Grendel Omnibus)

Grendel est un monument de la bande dessinée. Qui mérite largement d’être publié en France. C’est une saga multiple, protéiforme, qui donne en plus la possibilité à plusieurs artistes d’œuvrer, au fil du temps, sur les personnages. Mais bon, force est de reconnaître que cela a un peu vieilli. Un peu comme American Flagg en fait. À l’époque, c’est un pur bijou, mais avec une lecture actuelle, on y trouve quand-même pas mal de défauts et aussi énormément de longueurs. Le premier omnibus va contenir une histoire en prose, une succession de petites histoires par différents auteurs ainsi qu’une série avec des dessins pas folichons. Du coup, on a vraiment l’impression d’une série décousue. Pas persuadé que ce soit une bonne idée, même si la volonté de donner la saga dans son intégralité est toujours louable.

(Grendel, Urban Comics)

Morne plaine (Stillwater)

Lorsque Daniel, un publicitaire à peine viré de sa boîte, se retrouve à aller chercher un héritage au bout des États-Unis dans la ville de Stillwater, il pense être sur la bonne voie. Mais il se rend compte rapidement que quelque chose ne tourne pas rond : personne ne meurt à Stillwater !  Et les habitants de la ville sont prêts à préserver ce secret coûte que coûte. Une série qui, sur ses six premiers numéros, promet énormément (notre critique plus en détail). On pense ce que l’on veut de Chip Zdarsky et de son run sur Daredevil, mais clairement il propose ici une histoire maîtrisée de bout en bout. Avec toutes les conséquences du principe de départ qui sont explorées. Et cela se suit sans trop de difficultés, on rentre bien dans l’histoire. Et si l’on y rajoute les dessins sublimes de Ramon K. Perez, vous avez devant vous non pas une petite pépite, mais en tout cas un très bon comics. Que j’aurais certainement mis sur ma liste sans les restrictions financières imposées par mon démoniaque rédacteur en chef.

(Stillwater, Delcourt)

Bon bah voilà, il nous reste 51 €, on est large, avec mes deux comics du mois. Mes comics du mois de janvier.

Un comics suprême (Escadron Suprême - Le programme Utopie)

Dire que cette saga n’a jamais été republiée en France depuis Spidey, il y a désormais plus de 30 ans. Et c’est vraiment dommage, parce qu’elle tient encore largement la route. Certains font un parallèle entre ce comics et Watchmen, et je ne suis pas tout à fait d’accord. Ce qui est clair, c’est que c’est l’une des premières fois où Marvel abordait de manière aussi brutale certains aspects politiques et noirs d’une équipe de super-héros. L’avantage d’avoir utilisé l’Escadron Suprême, une équipe de cinquième zone à l’époque à permis à Mark Grüenwald de pouvoir faire ce qu’il voulait. Il y a des trahisons, des décisions difficiles et un traitement assez réaliste (avec toutes les nuances que cela impose) mais qui restent toutefois dans le cadre d’un comics Marvel. C’est un monument, qui a certainement influencé beaucoup d’autres comics, notamment ceux des années 2000 où les super-héros sont devenus proactifs. Quelques passages, notamment au niveau des dialogues, ont peut-être un peu vieilli, mais sans aucun doute, ce comics reste LE comics du mois. Au niveau dessins, Bob Hall est remplacé rapidement par un Paul Ryan pas encore totalement affuté, mais cela reste cohérent et lisible. La fin est quand-même rapidement expédiée. L’Escadron Suprême est un comics immanquable en janvier non seulement par la présence des douze épisodes de la série mais aussi par son épilogue, totalement inédit.  Beaucoup mieux qu’un Batman !

(Escadron Suprême, Panini Comics)

 

La vérité : c’est de la bombe ! (Department of Truth)

Et si les conspirations improbables prenaient réellement forme pour peu qu’assez de gens croient en elles ? C’est le principe de départ de la série Department of Truth, qui va suivre les premiers pas dans cette agence anti-conspirations de Cole Turner, un ancien agent du FBI (notre critique plus en détail). On sait que James Tynion IV est plutôt doué quand il s’agit de scénariser des séries indépendantes (on se rappelle le triptyque Memetic, Cognetic, Eugenic) mais il s’est totalement surpassé avec Department of Truth. Aux abords plutôt compliqués, la série est en réalité immédiatement immersive et vous ne pourrez pas la lâcher avant la fin. Elle est remarquable de par sa description des personnages et des différentes interactions entre les protagonistes. L’idée de départ est vraiment bonne et superbement exécutée. De plus, vous aurez droit à des dessins assez différents de Martin Simmonds, que certains pourraient rapprocher de Bill Sienkiewicz même si je ne suis pas d’accord. Ses dessins seraient plutôt un hommage à celui-ci, avec un côté illustratif beaucoup plus moindre. Attention, les planches sont vraiment agréables à lire, une fois qu’on est rentré dans l’univers mais elles restent plus descriptives que ce que pourrait faire un Dave Mc Kean par exemple. Vous cherchiez la pépite du mois, elle est ici !

(The Department of Truth, Urban Comics)

 

Et voilà. Avec un budget de 66,6 euros, il me reste donc 15,60 € pour des petits extras le mois prochain. Et vous, qu'avez-vous lu ?

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