Des dizaines et des dizaines de comics sont proposés en VF par de plus en plus d’éditeurs. Impossible de tout acheter. C’est pourquoi je vous dresse, chaque mois, une liste des comics potentiellement intéressants, ceux qui ont attiré mon regard et que je vais décortiquer. J’en laisserai un paquet de côté pour arriver finalement à ma sélection des comics du mois. Tout est possible. Je n’ai qu’une seule contrainte, donnée par mon maléfique rédacteur en chef : la liste définitive de mes achats ne devra pas dépasser 66,6 €, petite cagnotte que je pourrai réutiliser de mois en mois. Les comics seront classés en trois catégories : ceux que je rejette, ceux que je conseille mais que je n’achète pas et ceux que je mets dans mon cabas.

À noter :  Il me reste 12,06 € de mes économies du mois précédent, que je peux donc réutiliser à loisir ce mois-ci, ou pas !

Avant-propos :  Bien évidemment, il est impossible de lire toute la production comics du mois, je laisse donc de côté tous les titres qui ne sont pas des one-shots ou des débuts de série. En effet, le but étant d’éclairer les lecteurs, cela n’a aucun sens de proposer un tome 5 ou 6, en dehors de l’arrivée d’une éventuelle équipe artistique. Pour un topo détaillé de toutes les sorties de Juin, lisez l’article de notre Alain Roussel national !

Voici donc les comics à suivre que je vous conseille ce mois-ci :

Judge Dredd Affaires Classées T7, Délirium

En effet, les aventures de Judge Dredd sont toujours un régal et il faut saluer l’obstination de la maison d’édition Delirium qui réussit déjà le tour de force de nous proposer sept volumes de la saga.

Justice Society of America la nouvel Age T2, Urban Comics

Parce que le premier tome était plutôt intéressant et qu’il nous proposait une version sympathique à suivre de la justice society. La série est vraiment sympa même si elle reste en dessous de sa précédente version signée, elle aussi, Geoff Johns.

Ma sélection du mois :

  • Deadpool : White, Black and Blood, Panini Comics, 26 €
  • Une étude en émeraude, Black River, 14,90 €
  • Robin & Batman, Urban Comics, 16 €
  • Rorschach, Urban Comics, 29 €
  • Star Wars Légendes : L’héritage T1, Panini Comics, 26 €
  • The Visitor, Bliss Comics, 29 €
  • She-Hulk par John Byrne Omnibus, Panini Comics, 70 €
  • Spider-Man Tourments Must Have, Panini Comics, 15,99 €
  • Captain America United states of Captain America, Panini Comics, 22 €
  • Amazing Fantasy, Panini Comics, 22 €
  • Blazing Combat, Akileos, 29 € €
  • The Boys Omnibus T1, Panini Comics, 80 €
  • House of Slaughter T1, Urban Comics, 10 €

Voici un total de 389,89 €. C’est beaucoup mais on a déjà fait pire ! Et puis, il y a quelques trucs dont on va rapidement se débarrasser.

Les comics que je laisse de côté ce mois-ci

The Boys Omnibus T1 :

Alors oui, The Boys est un comics qui a connu énormément de succès, dans sa déconstruction crade et provocante des super-héros. Oui, The Boys c’est cool, et puis la série TV sur Amazon est franchement bien. Sauf que, voilà, en toute honnêteté, The Boys, c’est certainement la série à suivre la moins intéressante de Garth Ennis. Parce que l’auteur tourne en rond et se caricature un peu trop dans son côté provocation. Cela fonctionne, il sait raconter des histoires mais clairement, The Boys est nettement en dessous de son travail sur Preacher, inégalable à mon sens dans tout ce qu’on aime chez Garth Ennis, mais aussi de Hitman, qui pour le coup amorce une réflexion sur le côté super-héroïque qui, s’il est parodique et parfois provocant, ne tombe jamais dans la surenchère et sait rester sur le fil. Du coup, la lecture en Omnibus pourra paraître assez longue et répétitive. On met de côté !  Et on attend qu’Urban Comics propose une intégrale Hitman.

(The Boys Omnibus, Panini Comics)

Spider-Man : Tourments

Là aussi, ce volume qui regroupe les 5 premiers épisodes de la série Spider-Man de Todd Mc Farlane, l’un des comics-books les plus vendus de l’époque est un classique. Sauf qu’il a très mal vieilli. En toute honnêteté, ce que j’avais, il y a trente ans, passé des heures à lire, relire et recopier les dessins me semble désormais assez raté. Je ne vois plus que les défauts. Défauts scénaristiques, avec une histoire très superficielle ne tenant que sur l’aspect horrifique de la chose. Même les dessins ont vieilli, c’est pour dire ! Si vous surfez sur la nostalgie de ces épisodes, surtout ne les relisez pas car vous seriez totalement déçu !

(Spider-Man : Tourments, Panini Comics)

The Visitor

Bliss Comics est une sacrée maison d’édition. Elle a fait le pari de proposer des séries Valiant dans de jolis écrins à l’époque où la maison d’édition proposait quelque chose de nouveau, de récent, et de parfaitement ficelé ! Sauf que, voilà, Valiant a largement perdu de sa superbe, et les récits que l’éditeur propose actuellement sont de qualité assez médiocre. Et c’est le cas de ce Visitor, qui m’a totalement perdu dès son premier épisode. Le scénario est signé Paul Levitz, un vétéran et cela se ressent. Ecriture poussive, énormément de dialogues, ce n’est pas très agréable à la lecture. Nous suivons un personnage mystérieux et invincible qui tente de se débarrasser de scientifiques travaillant sur un projet Top Secret. Et cela n’avance pas. De plus, les dessins de MJ Kim sont … médiocres pour le moins. Si cela fonctionne sur les splash pages et les décors, les personnages sont plutôt ratés. Une lecture désagréable.

(The Visitor, Bliss Comics)

Deadpool : Black, White and Blood

Franchement, Deadpool est un personnage utilisé et réutilisé jusqu’à la corde. Pourquoi une nouvelle mini-série proposant des histoires courtes réalisées par différents auteurs ? La réponse est simple : pour rien. Après, je déteste ce format, qui n’a qu’une seule idée : 3 couleurs ! Du coup, tout est inégal, et si certains récits ou certains dessins sont assez intéressants (Leinil Yu se fait vraiment plaisir), le reste est au mieux anecdotique. Mettre 26 € là-dedans, non merci !

(Deadpool : White, Black & Blood, Panini Comics)

House of Slaughter T1

Je me disais que cela pouvait être un truc nouveau mais je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un spin-off de la série Something Is Killing The Children. Série qui m’est, il faut le dire, largement tombé des mains lors de ma lecture du premier tome. Pourtant, James Tynion IV est plutôt bon sur des comics indé, comme avec son triptyque Memetic, Cognetic, Eugenic. Mais là, le personnage principal Erica Slaughter m’avait déjà passablement ennuyé dans le genre sous-Buffy. De fait, je laisserai sans problème de côté l’histoire de sa famille. Vraiment pas intéressé. Mais comme la série fonctionne apparemment plutôt bien, il faut bien capitaliser dessus.

(House of Slaughter, Urban Comics)

Captain America: United states of Captain America

Christopher Cantwell a semblé être durant quelques temps la nouvelle coqueluche de Marvel. Mais sur cette mini-série on frôle la catastrophe. L’idée est plutôt sympathique : l’auteur nous propose une sorte de réseau underground de personnes qui veulent incarner Captain America et donc un certain point de vue des Etats-Unis. Chaque numéro nous propose donc une nouvelle version de Captain America, alors que ce dernier est à la poursuite d’un tueur avec le Faucon. Le problème, c’est qu’aucun de ces personnages n’est finalement rendu intéressant. Ce sont globalement des clichés sur pattes avec rien pour les distinguer que leur appartenance à telle ou telle communauté. Et ils ne servent en plus strictement à rien dans l’histoire. Les dessins sont à peu près corrects mais Ron Lim arrive au milieu de l’histoire et on a l’impression que ce n’est plus le même : c’est une catastrophe. La série n’est donc pas d’une très grande qualité et je vais m’empresser de la laisser où elle est.

(Captain america, les Etats-Unis de Captain America, Panini Comics)

206,09 € restants après ce premier écrémage. Mais c’est loin d’être suffisant. Il va falloir encore être plus sélectif, quitte à faire des choix !

Les comics conseillés mais pas choisis

Omnibus She-Hulk par John Byrne

On parlait de comics qui avaient un peu vieillis, eh bien en toute honnêteté c’est quand-même le cas avec ce Miss Hulk par John Byrne. Disons que les dessins sont très bons et qu’il y a de très bonnes idées de scénario, comme faire revenir de vieux personnages ou certaines histoires. Mais l’humour et le fait de briser le quatrième mur tout le temps sont désormais assez datés. Là encore, ce n’est pas le meilleur travail de l’auteur, comparé à ses Omnibus FF. Et la fracture entre les deux périodes du récit se ressent beaucoup. Mais après, Miss Hulk est une idée plutôt originale qui a proposé de nouvelles choses sur une série mensuelle. Donc si vous avez beaucoup d’argent, allez-y mais cela reste quand-même très superficiel !

(She-Hulk Omnibus, Panini Comics)

Une étude en émeraude

Encore une adaptation d’une nouvelle de Neil Gaiman en bande dessinée. Avec une première, cette fois-ci ce n’est pas P. Craig Russell mais Rafael Albuquerque qui se charge de l’adaptation. Et sincèrement, pour moi cela n’a jamais fonctionné. Parce qu’une nouvelle, c’est une nouvelle. Et que la mettre en images, même si ces dernières sont sublimes (ce qui est le cas ici) reste finalement assez vain. Pourtant l’histoire est bien : globalement il s’agit de Sherlock Holmes contre Cthulhu. J’ai essayé de m’accrocher mais c’est trop verbeux pour du comics et donc je n’ai pas réussi, en dépit du texte intéressant et du dessin, à y adhérer. Parfois mélanger deux bons ingrédients ne fait pas une bonne recette. C’est le cas ici. Mais il y a des qualités. Et c'est aussi l'un des premiers titres d'une nouvelle maison d'édition : Black River !  On leur souhaite bonne chance !

(Une Etude en Emeraude, Black River)

Amazing Fantasy

Ces cinq épisodes d’Amazing Fantasy restent pour moi un gros mystère. Kaare Andrews nous propose une histoire où des versions de tous les âges de Captain America, Spider-Man et Black Widow meurent et sont ressuscitées dans un monde magique à la Game of Thrones. Les dessins, on ne va pas se le cacher, sont tout justes fantastiques ! C’est du grand art, avec des changements de style, des tentatives de proposer des choses nouvelles, bref, c’est beau ! Mais, et c’est un peu le problème, le scénario n’a aucun sens. Enfin, si, on suit l’histoire mais personnellement je n’ai rien compris au message. À croire qu’il n’y en a pas, et à force de tout mélanger, notre ami Kaare Andrews nous offre un récit assez indigent, assez difficile à digérer. C’est dommage car j’avais bien aimé quelques-unes de ses productions précédentes (le Spider-Man Reign par exemple). Mais là disons que le scénario est aussi raté que les dessins réussis ! J’aurais pu m’en débarrasser d’entrée mais c’est quand-même un régal pour les yeux.

(Amazing Fantasy, Panini Comics)

Blazing Combat

J’ai dit plus haut que je n’aimais pas du tout les anthologies. Certes, et c’est peut-être pour ça qu’il ne rentre pas dans la sélection du mois. Mais force est de reconnaître quand-même que Blazing Combat, c’est plus que du top niveau. Il s’agit d’histoires publiées dans les années 60 par Warren Publishing et signées Archie Goodwin au scénario et des géants comme Alex Toth, Al Williamson ou Gene Colan aux dessins. Que dire si ce n’est que les histoires qui sont publiées dans ce recueil font parties des meilleures histoires de guerre jamais publiées en comics. Et qui prouvent malheureusement encore aujourd’hui toute leur importance ! C’est beau, c’est poignant et c’est légendaire. Foncez ! Et merci aux éditions Akiléos pour nous proposer cela.

(Blazing combat, akileos)

Il me reste 71 € et avec le reste du mois précédent, ça passe ! Voici donc ma sélection du mois.

Ma sélection du mois

Robin & Batman

J’ai bien aimé ce comics. Il s’agit de l’équipe de Descender (Jeff Lemire et Dustin Nguyen) qui nous offre ce récit des premières années de Robin et si cela ne révolutionne rien, cela fonctionne quand-même pas mal. Le récit est léger, les relations entre les personnages plutôt bien exploitées et l’intrigue assez fluide. En plus, Dustin Nguyen est parfait dans ses designs et compositions de page. Jeff Lemire arrive parfaitement à nous faire ressentir les émotions de ce jeune Dick Grayson totalement perdu après la mort de ses parents et qui n’arrive pas à être à la hauteur de ce qu’il voudrait. Encore une fois, la relation entre Dick et Alfred est centrale et j’ai été emporté par les émotions qui se dégagent de ce récit. Très conseillé !

(Robin & Batman, Urban Comics)

Rorschach

Je n’ai pas été tendre avec Tom King le mois dernier et son Strange Adventures sans grande originalité. Et je vais me rattraper ce mois-ci en vous conseillant ce Rorschach réalisé avec Jorge Fornes. Pour une fois, je l’ai trouvé assez différent. On n’est plus vraiment dans les marottes de l’auteur concernant les héros oubliés et la famille, mais dans une vraie réflexion autour des groupuscules d’extrême droite et les théories du complot. Et qui de mieux que Rorschach pour explorer ces thèmes. King et Fornes réussissent à mon avis à faire un peu ce que Damon Lindeloff avait fait pour Watchmen la série : à savoir s’appuyer sur l’univers de Watchmen pour proposer quelque chose de neuf, approfondir une thématique. Plutôt que de raconter bêtement une suite (oui Geoff Johns je parle de toi ). Les dessins de Jorge Fornes sont vraiment bons et méritent vraiment qu’on s’y attarde. Il y a une foule de détails, de petits objets qui donnent un véritable ton et une ambiance de dingue à cette série, qui montre que Tom King, quand il le veut, peut ne pas toujours raconter la même histoire. C’est une enquête passionnante. Un seul petit bémol après coup : le côté méta un peu putassier et lourdaud. Lisez la critique plus complète de Rorschach en suivant ce lien !

(Rorschach, Urban Comics)

Star Wars Légendes : l’héritage

Eh oui ! Pourtant je suis certainement la personne la plus hermétique à Star Wars et à son univers. Ça ne m’a jamais intéressé, et même si j’ai souvent tenté de voir ce que cela donnait, je n’ai jamais été accroché par quelque récit que ce soit ! Sauf ce Star Wars Legacy ! En effet, cette longue série (une soixantaine de numéros) réussit le tour de force, derrière une histoire assez classique s’intéressant à Cade Skywalker, l’un des descendants de Luke, de nous proposer une intrigue totalement politique. Cela peut sembler confus de prime abord, car les personnages sont nombreux et les forces en présence assez ambigües. De plus, certains numéros ne parlent absolument pas de Cade mais de certains personnages de l’histoire qu’on reverra un peu plus tard. Sauf que tout prend son sens et converge magistralement au fil des numéros. Ce n’est pas étonnant de trouver autant de qualités dans ce comics quand on sait que le scénariste de l’histoire n’est autre que le trop sous-estimé John Ostrander, qui a certes gagné en réputation depuis l’apparition de la Suicide Squad au cinéma, mais dont les travaux sont encore trop peu connus à mon goût ! De plus, les dessins sont signés Jan Duursema qui réalise un travail absolument fantastique ! J’ai une affection toute particulière pour cette dessinatrice que j’avais découvert en lisant Arion, le sorcier d’Atlantis dans des petites revues en noir et blanc VF il y a plus de trente ans. J’avais suivi son parcours sur X-Factor ou certains titres X-Men et j’avais moins apprécié son style. Avec Legacy, Jan Duursema nous propose certainement son meilleur travail : des designs à couper le souffle, des tentatives de dessins plus poussés, une narration qui fonctionne et certaines planches que vous pourriez accrocher à votre mur sans rougir. On a donc des dessins sublimes qui sont au service d’une intrigue complexe dans un univers hyper-détaillé ! En plus vous avez droit à 19 épisodes de la série pour un prix relativement faible : c’est à ne pas manquer ! Foncez ! Et pour info, vous n’avez pas besoin de connaître quoi que ce soit, c’est un superbe point d’entrée qui ne nécessite aucune connaissance pointue de l’univers.

(Stars Wars Légendes, L'héritage)

C’était ma sélection du mois ! J’espère qu’elle vous aura permis de découvrir des comics auxquels vous ne vous attendiez pas. En attendant, il me reste 7, 66 € en cagnotte pour le mois prochain !

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