The Department of Truth est une nouvelles série Image Comics publiée en France par Urban Comics. Et il s’agit certainement de la meilleure série que vous pourrez lire ce mois de janvier !
(image : © James Tynion IV & Martin Simmonds)
Et si la terre était plate ?
Cole Turner est un agent du FBI, spécialisé dans les théories du complot. Lors d’une conférence, il rencontre 2 personnages (les frères Boulet) qui lui apprennent que toutes ces histoires fantasmées sont vraies. Et ils l’emmènent même au bout de la Terre plate ! En effet, on lui apprend que dès qu’un grand nombre de personnes commence à croire en une théorie, aussi fumeuse soit-elle, cette dernière devient réalité ! Cole est alors recruté par une mystérieuse agence gouvernementale, The Department of Truth, chargée de surveiller et de mettre fin par tous les moyens possibles à ces modifications de la réalité. Et son choix n’est pas vraiment dû au hasard. En effet, Cole a eu affaire à ce genre de théories qui ont pris vie dans son passé. Et il ne s’en est toujours pas remis. Son intégration dans cette nouvelle agence va pouvoir donc lui permettre non seulement de sauver le monde, mais aussi de faire le point sur son enfance et les évènements qui l’ont, à cette époque, complètement bouleversé. À travers la lutte acharnée qui oppose l’organisation des frères Boulet et le The Department of Truth, c’est toute la question du pouvoir de l’information et de ses dérives qui est posée !
Un comics exigeant
Attention ! On ne lit pas The Department of Truth comme on pourrait lire le dernier Spider-Man. En effet, ce comics propose des aspects plutôt difficiles de prime abord. Tout d’abord concernant le scénario, qui est fait de mystères et d’allusions mais aussi de tonnes de références historiques ou à des complots. Mais aussi les dessins, très sombres et assez originaux qui ne correspondent pas aux standards habituels des comics. En effet, le dessinateur Martin Simmonds nous propose des pages dans un style qui fera forcément beaucoup penser à celui de Bill Sienkiewicz, mais que l’on rapprocherait plus en réalité d’un Duncan Fegredo des débuts (celui de Kid Eternity) ou de John K. Snyder III (Doctor Mid-Nite). Il faut un petit moment pour se mettre dans l’ambiance mais cela fonctionne parfaitement et cela rajoute bien évidemment beaucoup de mystère à la série. Certaines planches sont vraiment magnifiques et ce style correspond bien à l’idée que, au fil d’une page, la réalité peut rapidement se transformer en cauchemar. C’est vraiment très intéressant. De la même manière, l’histoire est beaucoup plus pesée et fine que ce que l’on pourrait penser. En effet, l’idée de jouer avec les théories du complot est toujours un peu risqué, mais James Tynion IV est un sacré scénariste ! Qui de plus a déjà proposé beaucoup de réflexions sur la puissance des idées et des médias dans des séries comme Memetic ou Cognetic. Il propose un constat réaliste sur l’émergence des théories et joue savamment avec toutes, même les plus farfelues. Comme tout bon scénariste, il n’hésite pas non plus à nous proposer des cliffhangers ou des révélations surprenantes. Attendez de voir qui dirige The Department of Truth !
(image : © James Tynion IV & Martin Simmonds)
Des moments de grâce
La différence entre un bon comics et un excellent comics est très simple. Un bon comics propose une histoire solide de bout en bout tandis qu’un excellent comics peut livrer, au détour d’une page et d’un numéro, une histoire qui va réellement prendre une toute autre dimension, transcender ce qui était déjà très bon et qui va laisser le lecteur bouche bée. L’un des derniers exemples en date étant l’épisode de la piscine dans Sheriff of Babylon, de Tom King et Mitch Gerads. Eh bien ici c’est lors de l’épisode 3 que The Department of Truth devient un excellent comics. En revenant sur des tueries dans une école et la détresse d’une mère, James Tynion IV nous envoie en pleine figure un récit complètement centré sur l’émotion et le désespoir. C’est tout simplement extraordinaire. Et il remet le couvert dès l’épisode suivant, avec un complot journalistique qui amènera Cole à faire des choix assez difficiles. Ces 2 épisodes sont de purs moments d’extase artistique ! Tout cela pour dire que si l’intrigue part bien, elle monte de niveau épisode après épisode pour arriver à un récit dont on se souviendra encore longtemps après avoir refermé la dernière page. Une réussite totale. Vite la suite !
The Department of Truth T1 : Au bord du monde (The Department of Truth #1-5, Image Comics) est publié en janvier 2021 par Urban Comics
(image : © James Tynion IV & Martin Simmonds, Urban Comics)
