Nouveau label, nouveaux titres, nouveau format pour Urban qui s'est décidé à voir plus grand avec des formats proches des grands albums franco-belges. En tête de ces nouveaux titres, Decorum, de Jonathan Hickman (House of X, Dawn of X, East of West) et Mike Huddleston (The Strain, cover artist de Middlewest et House of X), diptyque de science-fiction ambitieux et OVNI magnifique, dont l'accès n'est pas forcément simple mais qui lance ce nouveau label avec panache.

Quand Jonathan Hickman pose le décor

Imogen Smith-Morley est une des plus redoutables tueuses à gages de l'univers. Elle est aussi particulièrement à cheval sur l'étiquette et la bienséance. Autant dire qu'elle n'a rien en commun avec la jeune Neha, livreuse galactique qui court les missions. Pourtant,  lorsque Imogen la croise lors d'un de ses contrats, elle décèle un potentiel suffisant pour vouloir la recruter. D'abord réticente, Neha se laisse convaincre car cette nouvelle carrière pourrait lui permettre d'assurer le paiement des cryopods de ses proches. Elle va donc intégrer la Sororité de l'Homme, une école de tueuses à gages.

En effet, suite au lâcher d'un virus sur la galaxie, nombreux sont ceux qui doivent se maintenir dans des cryopods en attendant d'avoir les moyens de se payer le remède,  mais là aussi, le maintien en cryopods coûte de l'argent, à la charge des proches toujours libres de leurs mouvements.

En parallèle, l'Église de Singularité, une des puissances de l'Univers, menée par une Intelligence Artificielle messianique, est à la recherche d'un œuf mystérieux, gardé par les Mères-Celestes.

Nouvelle série personnelle du scénariste Jonathan Hickman (Dawn of X), Decorum fait preuve, comme à son habitude, d'une ambition narrative importante. Hickman est connu pour ses diagrammes et autres notations techniques destinées à créer et crédibiliser ses univers SF. Il ne déroge pas à sa règle ici en présentant un univers spatial foisonnant, plein de groupes et d'empires différents. Il n'hésite pas non plus à s'intéresser à des petits détails comme la recette de nouilles consommées par Neha ou le système de protection de ses colis.

Narration ambitieuse et prouesses graphiques

Ce système de digressions, outre le fait qu'il soit parfaitement intégré à la narration, participe  la construction de cet univers, ce world building plein de détails si cher aux auteurs de SF. Cela donne un effet de luxuriance qui sied au titre, le décorum étant un environnement pompeux et ostentatoire. Cela sied également au personnage d'Imogen Smith-Morley, très à cheval sur l'étiquette et le protocole, aussi bien dans son attitude (tout en dédain aristocratique) que dans son discours (un langage très châtié et ampoulé). Le personnage impose ainsi son charisme, décuplé par les dessins de Mike Huddleston (Sarcophage).

Un Huddleston qui fait feu de tout bois et qui est clairement l'attraction principale de cet album. Utilisant une multitude de techniques (de l'esquisse à peine encrée à la planche peinte numériquement), souvent dans la même page, l'artiste aligne les prouesses graphiques et signe un véritable tour de force esthétique, notamment avec une maîtrise remarquable de la couleur.

Urban voit grand avec son nouveau format

On comprend dès lors le choix d'Urban de proposer cette série de comic books dans un format proche du franco-belge. Entre les envolées spatiales d'Huddleston et la SF ambitieuse d'Hickman, Decorum a une patte qui peut très certainement plaire aux habitués de Jodorowsky, de l'Incal et des Metabarons.

Ce premier volume a donc tout pour plaire. Seul petit bémol, arrivé à mi-chemin (la série est prévue en deux tomes), on se demande comment Hickman va réussir à réunir les éléments disparates de son intrigue en un tout cohérent. Espérons que la flamboyante SF des deux auteurs ne soit pas que de la poudre aux yeux,  un décorum (haha), pour cacher un propos sommaire. Cependant, si Hickman et Huddleston passe le cap délicat de la conclusion, on aura affaire à une œuvre de SF de haute volée. Verdict le 25 juin prochain.

Decorum, tome 1 (Decorum #1-4), Urban Indies, 168 pages, 21 €. Sortie le 12 mars 2021. Traduction de Maxime Le Dain et lettrage de Moscow Eye.

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