Dans le monde des comics, certains crossovers sont plus attirants que d'autres. Et clairement, une histoire amenant Batman et les Tortues Ninja, deux icônes de la Culture Pop, à se rencontrer, ça ne peut que titiller la curiosité. Et quand en prime cela se fait sous la plume d'un scénariste de renom, on a tendance à partir confiant. Et pour le coup, à juste titre.

Ce premier crossover entre le Chevalier Noir et les Chevaliers d'Écailles – réédité ici dans la collection Urban Nomad – est le premier sur trois écrits donc par James Tynion IV et illustrés par Freddie E. Williams II. Dans cette aventure, les Tortues Ninja et maître Splinter débarquent depuis leur univers à Gotham City. Si les choses n'étaient pas déjà compliquées, les héros ne sont pas arrivés seuls. En effet, Shredder et un bon nombre de ses ninjas du Clan Foot sont également de la partie. Et on ne peut pas vraiment dire que cela soit du goût de Batman.

Sur le principe, l'histoire est relativement simple avec un énième récit déplaçant des personnages d'un univers à l'autre et la volonté conjointe ou non de remettre les choses à leur place. Mais le fait est que Tynion a su amener un peu de nouveauté et de diversité. Si Batman est assez coutumier des combats face à des ninjas (ou ce qui pourrait s'en approcher), il n'avait jamais vraiment eu à en affronter de la trempe des quatre frères et surtout du terrible et puissant Shredder. Voir ainsi la chauve-souris mettre pleinement en pratique sa maîtrise du ninjutsu a donc un côté assez jouissif. Surtout contre des personnages incarnent pour beaucoup cet art martial depuis pas moins de 40 ans. Mais bon, comme souvent dans les récits impliquant le justicier de Gotham, on constate qu'il excelle en tout, voire même qu'il est sans grande difficulté le meilleur. Et il faut le reconnaître, cela retire un peu de mystère et d'enjeu. Notons toutefois que l'auteur s'est appliqué à respecter les univers respectifs des personnages et leur nature. Batman et son fils Damian sont sombres, de même que Raphael, Michelangelo a un comportement juvénile, le côté geek de Donatello s'exprime pleinement face à la technologie dont dispose le justicier et Leonardo est... Leonardo. Et les interactions entre le membre de la Justice League et les tortues sont pour le coup toujours justes, voire intéressantes.

Sans spoiler, le plus gros de l'affrontement se passe en réalité dans les dernières pages du comics, à un rythme assez rapide qui plus est. De plus, on aurait certainement apprécié sentir les personnages bien plus en danger que cela au fil de l'histoire. Et si cela a évidemment été le cas, il ne faisait pas l'ombre d'un doute qu'aucun des héros ne subirait de dommages définitifs, voire mortels. De toute évidence, 136 pages n'ont pas été suffisantes à l'auteur pour vraiment aller au bout de la chose, une grande partie de l'histoire paraissant non pas expédiée ou expéditive, mais rapide. Très rapide. Trop rapide. Et il faut reconnaître que la dernière partie de l'histoire donnerait presque l'impression que le scénariste avait oublié qu'il ne lui restait plus qu'un chapitre et qu'il s'est donc débrouillé pour caser tout ce qui lui restait à aborder dans les quelques pages disponibles.

Pour le coup, cela pourrait laisser imaginer de la frustration côté lecteurs mais, s'il est possible que cette Amère Pizza en suscite chez certains, le déroulement est tellement fluide et logique qu'il n'y en a pas forcément d'engendrée. Cela peut, en revanche, également s'expliquer par le fait que l'histoire se consomme plus qu'elle ne s'apprécie. C'est un moment agréable de lecture mais qui ne suscitera pas forcément "d'effet waouh", ce qui semble être davantage ressenti par Michelangelo que par les lecteurs.

Côté dessin, Freddie E. Williams II signe quelque chose de propre et travaillé mais qui souffre peut-être du format. Si la collection Urban Nomad est une excellente idée et initiative de la part d'Urban Comics, il est possible qu'elle desserve ici le tout. L'action est de base rapide et le petit format fait que l'on passe peut-être rapidement d'une case, voire d'une page, à l'autre sans vraiment s'attarder sur les détails. À côté de ça, même si l'impression globale sur la partie artistique est plutôt positive, elle a un côté inégal sur la durée qui se fait remarquer dès les premières pages. Les visages surtout ne semblent pas toujours garder de cohérence d'une case/page à l'autre même si cela peut être subtile. On a de fait par moment la sensation d'un travail fait rapidement, même s'il ne paraît heureusement jamais bâclé, au contraire. Globalement et sans pousser le bouchon trop loin c'est beau, mais malgré cela là encore, "l'effet waouh" n'est pas au rendez-vous.

En résumé, Batman & Les Tortues Ninja : Amère Pizza est un moment agréable de lecture mais qui vaut le prix de son format Nomad, à savoir 5,90€. Un consommable plus qu'un objet de collection que l'on aura plaisir à ressortir de temps en temps de sa bibliothèque pour le savourer de nouveau, mais qui reste malgré tout une histoire sympathique à lire.

Batman & les Tortues ninja : Amère pizzaUrban nomad
De James Tynion IV et Freddie E. Williams II
25/08/2023 – Broché – 136 pages – 5,90€
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Le protecteur de Gotham et les quatre Chevaliers d'écailles font équipe pour nous proposer une rencontre inattendue mais non moins explosive ! Enquêtant sur de mystérieux assassinats à Gotham, Batman découvre l'existence d'un groupe de super ninjas appelé le clan des Foot. Venus d'une autre dimension, ces experts du Ninjutsu comptent bien ravager la ville du Chevalier Noir. Mais ils ne sont pas arrivés seuls : les quatre Tortues Ninja, Leonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo, les ont pris en chasse. Une rencontre épique entre deux dimensions, deux visions de l'héroïsme et deux visions du chaos qui vont s'entrechoquer dans un combat qui menace le tissu même de la réalité.

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