Sean Gordon Murphy est de retour avec son Murphyverse un an après Batman Beyond The White Knight avec Generation Joker, une histoire dans laquelle les enfants du Joker et d’Harley Quinn, prénommés Bryce et Jackie, tiennent la tête d’affiche dans un univers où Batman n’a pas le bon rôle.
Basé sur une idée originale de Murphy et son épouse, Katana Collins, Batman White Knight : Generation Joker est co-écrit par cette dernière et Clay McCormack. La scénariste de Batman White Knight : Harley Quinn, davantage coutumière des romans du type new romance, s’attaque donc de nouveau à l’univers du White Knight. Mais ce nouveau comics répond-il davantage aux attentes que Beyond the White Knight (dont vous pouvez lire la critique ici) ?
Attention, cette critique contient potentiellement des révélations concernant les précédents albums constituant le Murphy-Verse, déjà disponible chez Urban Comics.
Un Teen-comics à la sauce White Knight
Pour débuter cette critique, revenons tout d'abord sur le synopsis officiel de la série :
Lorsque, Bryce et Jackie, les jumeaux du Joker et de Harley Quinn s'enfuient dans une Batmobile volée, seul l'hologramme de Jack Napier, a un espoir de les ramener chez eux sains et saufs et de les tenir à l'écart des séides du Joker. Mais le crime n'est pas la seule tentation à laquelle ils vont être confrontés : les enfants découvrent un secret qui pourrait ramener leur père à la vie pour de bon ! Arriveront-ils à faire revivre le plus grand ennemi du Chevalier Noir ?
Si ce résumé vous parait cousu de fil blanc et clichés, vous ne serez pas surpris du résultat.
Dans Generation Joker, Sean Gordon Murphy et ses scénaristes s'emploient à utiliser des ressorts narratifs épuisés jusqu'à la moelle, amenant un résultat qui peut paraître relativement fade, voire ennuyeux. Ainsi, vous aurez le droit à l'hologramme increvable du Joker (Jack Napier) dont les dialogues nous rabachent la précarité de sa situation, à des ados en colère, à une mère de famille (Harley Quinn) complétement dépassée par les événement, à Batman et sa moue très "concernées", alors que le personnage est absent du récit ainsi des dialogues d'expositions qui s'enchaînent comme ceux du chapitre deux dans lequel Bryce et Jackie nous décrivent la pièce vide qu'ils traversent.
Bien que Katana Collins et Clay McCormack tentent d’apporter un peu de fraîcheur à cet univers avec un côté road trip et teen movie, l’épuisement de l’univers annihile leur tentative de faire remonter une thématique pertinente et accrocheuse pour le lecteur. Une conséquence du carcan actuel du murphyverse qui bride les auteurs, plus qu’il ne les encouragent, dans la mesure où Murphy a, par exemple, relativement réduit le nombre de personnages disponibles.
Une fois arrivé au troisième chapitre, Generation Joker procure la sensation d'avoir affaire à un récit simplement écrit pour prolonger la durée de vie de ce qui est désormais une marque. Une vision des choses bien éloignée de ce que l'on peut encore ressentir en lisant le tout premier Batman White Knight.
La suite ne fait que confirmer ce sentiment en ne proposant que cliffhanger après cliffhanger pour tenter de maintenir l'intérêt du lecteur. Une démarche qui s'avère vaine une fois le récit terminé.
Une narration visuelle à la Murphy, mais sans Murphy
Pour ce qui est de la partie graphique, les planches sont signées Mirka Andolfo qui s'était fait connaître pour des titres au style plutôt original et orienté manga comme Contronatura et Hot Paprika. Dans Generation Joker, vous ne trouverez pas de trace de cet approche qui aurait pourtant été adaptée à cet univers. Ici Andolfo tente de singer le trait de Sean Murphy, accouchant au final d'un aspect assez fade.
Concernant les scènes d'action, nous sommes bien loin de l'ultra dynamisme d'un Simone Di Meo par exemple. Cela est flagrant lors de la rencontre de Bryce et Jackie avec le gang des Jokers entre les chapitres trois et quatre où l'action devient par moment incompréhensible. Une sensation renforcée par la multiplication des points de vue et la gestion brouillonne de l'espace par l'artiste.
Cela aurait pu avoir du sens, étant donné la nature chaotique du gang, mais leur présence anecdotique et insignifiante dans le récit, suivi de la réapparition de ces problèmes de mise en page dans les chapitres ultérieurs, tend à invalider cette idée.
La fin de l'univers du White Knight ?
La conclusion du récit se déroule sous la forme d’un épilogue comprenant une apparition d’un certain "Directeur", donnant l'impression que Sean Gordon Murphy n'en a pas encore fini avec l’univers de White Knight, ou plutôt du Murphyverse, l'auteur voulant développer d'autres séries autours de plusieurs super-héros DC.
Bien que Batman Beyond the White Knight aurait pu ou dû conclure la série, il apparaît donc évident que le chapitre final de cet univers ne soit pas encore arrivé, malgré un épuisement palpable des thématiques à exploiter, du moins en ce qui concerne Batman.
Pris en lui-même, ce comics ne présente que peu d’intérêt. Pris dans la globalité de la série White Knight, Generation Joker apparaît comme un titre capitalisant sur le succès inattendu d'un très bon comics Batman, créé par un artiste indépendant il y a maintenant six ans et qui est à son tour devenu une marchandise parmi d'autres dans le catalogue DC Comics.
Pour résumer, on pourrait dire que Generation Joker est un comics construit avec de bonnes idées, mais mal exploitées.
De Katana Collins et Sean Gordon Murphy
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Bryce et Jackie, les jumeaux du Joker et d'Harley Quinn, volent une batmobile. Alors que l'hologramme de Jack Napier tente de les protéger, ils découvrent un secret pouvant leur permettre de faire revivre leur père, le pire ennemi de Batman.
De Katana Collins et Sean Gordon Murphy
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Bryce et Jackie, les jumeaux du Joker et d'Harley Quinn, volent une batmobile. Alors que l'hologramme de Jack Napier tente de les protéger, ils découvrent un secret pouvant leur permettre de faire revivre leur père, le pire ennemi de Batman.