À l'heure où la licence Tortues Ninja connaît un nouvel essor de popularité et à l'approche de la sortie du denier film de John Woo sur Amazon Prime en France, il était pertinent de revenir sur Bodycount, aussi connu sous le titre Casey Jones & Rapahël.
Bodycount est un titre à part de la licence TMNT. Créée dans un contexte très particulier, cette mini-série déjantée, mettant en scène Casey Jones et Raphaël, reste une date importante pour la licence.
Quand les Tortues Ninja rencontrent John Woo
Bodycount est issu de la collaboration entre Kevin Eastman, le co-créateur des Tortues et l'artiste britannique Simon Bisley. Leur idée : adapté en format comic book le style visuel du cinéaste hongkongais John Woo qui était alors en pleine ascension à Hollywood après son départ de Hong Kong dans la foulée du succès local et international d'A toute épreuve (Hard Boiled).
Pour ce faire Eastman et Bisley se rabattent sur une histoire simple (voir simpliste) et réduisent le casting au strict minimum. Et qui de mieux pour incarner deux héros d'action des années 1990 que ces gros bourrins de Casey Jones et Raphaël.
L'intrigue de Bodycount se construit comme une course poursuite étalée sur quatre numéros dans lesquels nos deux comparses tentent de venir en aide à une femme mystérieuse nommée Midnight poursuivie par un tueur à gages hongkongais du nom de Johnny Woo Woo. Et oui, la subtilité n'est vraiment pas le fort de ce titre.
John Woo version Tortues ninja (©IDW & Vestron)
Une publication difficile
D'abord publié par Mirage Studios en octobre 1994 sous le titre Casey Jones & Raphaël #1. Il fallut cependant attendre avril 1996 pour que la suite des aventures de Casey & Raph soit publiée sous la bannière d'Image Comics, suite à l'inondation des bureaux et au ralentissement de l'activité de publication de Mirage Studios. Image devint alors l'éditeur des Tortues en lançant le Volume III en juin 1996 (désormais connu sous le titre Urban Legends). La publication de Bodycount pris fin quant à elle au mois de juillet 1996, concluant définitivement les aventures du duo de têtes brûlées de l'univers TMNT, tout en signant le départ de Kevin Eastman de la licence (jusqu'à son retour en 2011).
Une intrigue prétexte
Bien que Bodycount ne brille pas par son histoire, l'intérêt du titre vient avant tout de la folie visuelle de Simon Bisley. Entre du gore à gogo, des scènes d'action explosive et son design unique de Raphaël, Bodycount à la mérite de proposer quelque chose d'unique, faisant fit de toutes les conventions.
Et c'est là que le bât blesse. Bien qu'énergique et délirant à souhait, Bodycount est loin d'offrir une intrigue très passionnante et ce n'est clairement pas ce que recherchaient les auteurs à l'époque. Entre des dialogues délirant, Raphaël habillé en trench-coat qui essaye de passer inaperçu, des passants innocents et en surpoids se prenant du plomb dans les fesses et une apparition de Yoda (de Star Wars), le titre ne se refuse rien et envoie voler toute notion de politiquement correct. Kevin Eastman donnant même l'impression qu'il cherche à tout prix à se démarquer des versions les plus populaires des Tortues de l'époque en faisant de Raphaël un bourrin adepte des armes à feu. Et parmi toute cette galerie de personnage complètement loufoque, Casey Jones semble être le plus sain d'esprit.
Une planche qui résume à elle seule Bodycount (©IDW & Vestron)
Finalement, Bodycount est-il recommandable : oui. A condition de bien savoir dans quoi vous mettez les pieds. Les fans des Tortues Ninja et les amateurs de récits d'action sanguinolents et décalés des années 1990 y trouveront leur compte. Pour les autres, bien que le titre d'Eastman et Bisley puisse constituer une petite curiosité, l'absence totale de substance du récit et son humour au ras de pâquerettes risque de ne pas vous convaincre.
À noter que l'édition de Vestron contient à la fin quelques bonus signés Kevin Eastman, qui permettent de bien saisir l'apport majeur de Simon Bisley sur Bodycount.
Bodycount est disponible depuis le 25 juin 2021 chez Vestron au tarif de 17,95€ pour 112 pages.
©Vestron
