Premier récit réalisé de A à Z par le dessinateur prodige Cliff Chiang, le comic book Catwoman Lonely City nous propose un récit plutôt intéressant, somptueusement mis en images, avec une bonne accroche, de bonnes idées mais qui manque encore un peu de maitrise au niveau de son rythme et de son histoire. Cela reste toutefois très prometteur.

Catwoman, Lonely City (Image : © DC Comics)

Cliff Chiang : un auteur complet

Comme à peu près 75% des publications de son Black Label, DC Comics nous propose un récit complet et hors continuité sur un personnage de la franchise Batman. Cette fois-ci c’est Catwoman qui fait la une. Ce qui retient toutefois l’attention, c’est que cette nouvelle mini-série est intégralement réalisée par Cliff Chiang, le dessinateur de Paper Girls avec Brian K. Vaughan, mais aussi de Wonder Woman avec son complice Brian Azzarello. L’artiste, qui a donc travaillé au côté des meilleurs, a donc écrit le scénario, réalisé les dessins, l’encrage, mis son récit en couleur et même produit le lettrage anglais ! Autant dire que son niveau d’implication est maximum. Et cela se voit. Même si l’on se doute que la partie graphique est somptueuse, ce qui intéresse avant tout le fan de comics c’est de savoir si Cliff Chiang emprunte le savoir-faire des scénaristes avec qui il a travaillé pour réaliser un récit cohérent et de bonne facture. La réponse est positive, mais quelque peu mitigée. Catwoman Lonely City commence en effet d’une fort belle manière mais son propos s’étiole et se répète un peu au fil des pages.

Catwoman, Lonely City (Image : © DC Comics)

Armé jusqu’au Dent.

Selina Kyle sort de prison après dix années de réclusion. Dix ans après cette mystérieuse nuit du fou qui a coûté la vie à son amant Batman, mais aussi à Nightwing, Robin, au commissaire Gordon et au Joker. Cette nuit qui a non seulement causé son emprisonnement, mais aussi permis à un Harvey Dent repenti de prendre la place de maire de Gotham City ! Et il s’en est passé des choses. La ville n’étant plus sous la protection de ses justiciers costumés habituels, Harvey a crée des moyens drastiques de maintenir le calme. Dans les rues, tout est contrôlé par des milices en armure et armées jusqu’aux dents, qui contrôlent et arrêtent ceux qui n’ont pas de passe numérisé. On peut penser que Selina, qui n’a plus sa forme d’antan, a pour seule ambition de vivre des jours tranquilles. Malheureusement, elle a d’autres choses en tête. Un nom revient sans cesse à sa mémoire, celui que Batman a prononcé avant de mourir : Orpheus. Sélina est persuadé qu’il s’agit d’un secret très important qui se trouve dans la Batcave. Sauf qu’y entrer sera moins facile qu’à l’accoutumée. Avant sa mort, Bruce Wayne l’a totalement blindée de protections en tout genre qui empêche quiconque d’y pénétrer. Et la police d’Harvey Dent surveille la zone comme si elle était en guerre. Il faut dire que les élections approchent et qu’Harvey Dent est talonné dans les sondages par une certaine Barbara Gordon. Cela ne va toutefois pas empêcher Sélina de monter une équipe de choc composé d’ancienne connaissances afin de pouvoir réaliser un dernier coup : entrer dans la Batcave et découvrir le secret qui se cache derrière Orpheus.

Catwoman, Lonely City (Image : © DC Comics)

Catwoman Returns

Clairement, Cliff Chiang s’inspire de Frank Miller pour la première partie de son récit. Sans aller jusque dans l’analyse politique de ce dernier, il nous offre tout de même certains éléments de réflexion, sur les médias, sur la police et sur les moyens à utiliser pour rétablir l’ordre. Mais il ne va jamais très loin, ne tranche pas et reste toujours en surface. Sa filiation avec Dark Knight Returns est plutôt à rechercher du côté formel : un futur proche, une héroïne vieillissante qui n’a plus les mêmes capacités physiques et une opposition face au totalitarisme policier. Cliff Chiang reprend même le principe de scènes télévisées qui font avancer une partie du récit et des citoyens se déguisant en leur nouvelle idole. La comparaison s’arrête toutefois là. Les aspects que Frank Miller développait en force et en énergie révoltée sont remplacés par une sorte de maîtrise technique assez ahurissante, mais qui nous laisse toutefois un peu sur notre faim. Que dire des graphismes ? Ils sont tout simplement somptueux. Sens de la composition, designs qui font mouche à chaque fois, fluidité, précision de détails. Cliff Chiang est graphiquement à son meilleur et cela justifie totalement l’achat de Catwoman Lonely City. D’autant qu’Urban le publie dans un volume contenant de nombreux bonus !
En revanche, le scénario laisse un peu à désirer. Si le premier épisode est totalement extraordinaire, Cliff Chiang se répète un peu lorsqu’il doit développer son intrigue. Il y a 4 épisodes de 50 pages à remplir, et souvent, on a droit à quelques redondances, quelques sacrifices qui se ressemblent un peu. L’histoire n’est finalement pas aussi forte que ce qu’elle laissait penser. Et parfois même on s’ennuie. Chiang crée une sorte de groupe d’une demi-douzaine de personnes et s’éparpille un peu trop entre ses personnages. Il veut mettre beaucoup trop de choses et finalement, ne gratte que la surface de son histoire. Les relations entre ses personnages sont, elles aussi, un peu trop téléphonées au fil du temps. De fait, le début est tellement bon et tellement prometteur, qu’on aurait aimé que Cliff Chiang aille plus loin, pousse le bouchon et les limites. Mais pour une première, il a préféré rester dans une maitrise graphique et narrative parfois un peu trop sage.
Cela reste toutefois une véritable déclaration d’amour au personnage de Catwoman à travers ses différentes incarnations. Une jolie curiosité à découvrir.

Catwoman, Lonely City (Urban Comics)

Catwoman Lonely City est un comic book publié par Urban Comics dans son édition Black Label. Il est traduit par Jérôme Wicky

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