White Sand : le premier roman graphique de Brandon Sanderson (Critique Comics)

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Par Le

Une planète désertique, un récit inspiré des plus grandes épopées de science-fiction du XXe siècle, voilà ce que propose le roman graphique White Sand. Cette première incursion de l’auteur de fantasy et de science-fiction Brandon Sanderson – connu pour son travail sur La Roue du Temps et plus récemment Skyward – dans le monde des comics vous fera explorer la face désertique et lumineuse du monde de Taldaïn, une planète recelant de nombreux secrets et ou les apparences sont souvent trompeuses.

À l’origine envisagé comme un roman, White Sand a été repensé comme un comic book, Sanderson développant l’histoire accompagné de Rik Hoskin alors en charge de l’écriture du scénario. La partie visuelle est quant à elle confiée au dessinateur Julius Gopez sur les deux premiers tomes.

Un univers original, puisant ses inspirations dans les classiques

White Sand se déroule dans le monde imaginaire de Taldaïn. Ce monde est divisé en deux parties : le côté lumineux sur lequel se déroule l'action du récit et le côté obscur d'où sont issus la duchesse Khrissala et sa troupe à la recherche des légendaires "sorciers des sables".

Kenton, le protagoniste, est l'un d'eux. Appelés Maîtres des sables sur le côté lumineux, ces derniers s'organisent autour du Diem. Cette confrérie faisant partie de l'une des principales corporations du continent. Les Maîtres des sables vivant en quasi autarcie dans le but d'apprendre la maîtrise du sable, sorte de pouvoir mystique, permettant à ses pratiquants de contrôler des rubans de sables. Kenton est le fils du Seigneur Mastrell, le chef de la profession.
La fin du second chapitre du tome 1 voit les Mastrells se faire attaquer par les kertziens, un peuple vouant une haine farouche aux maîtres des sables. Kenton est l'un des rares survivants. Il est alors secouru par la duchesse Khrissala, ce petit groupe entamant une marche dans le désert du Lossand (la région où se déroule l'action de White Sand) jusqu'à la capitale.

La première bataille de White Sand. En haut à droite : Kenton le héros de White Sand (®Dynamite)

L'influence de Dune est donc très apparente lors des premiers chapitres de White Sand, mais Sanderson et Hoskin se détachent très rapidement de ce lourd héritage pour créer leur propre univers. L'on retrouve également les influences habituelles de la littérature fantastique/SF, notamment Le Héros au mille et un visage de l'anthropologue Joseph Campbell. Bien que les auteurs de White Sand proposent une réinterprétation fort bienvenue de ce (désormais) cliché littéraire, en faisant de Kenton un acteur actif de sa destinée, du début à la fin du récit, ne refusant jamais les responsabilités inhérente à son rôle.

Concernant Julius Gopez, ses planches viennent à merveille mettre en images ce monde né de l'esprit de Sanderson. A mi-chemin entre une influence orientaliste issue de Dune et le XVIIIe siècle des lumières, Gopez crée, dans les pages de White Sand, un monde riche, doté d'une architecture sous influence, mais extrêmement originale. Il en va de même pour les tenues et les personnages, Kenton faisant penser à un mélange entre Paul Atréides et Lawrence d'Arabie.
Sanderson et Hoskin sont même allés jusqu'à créer des dialectes propres à chaque peuple, avec leurs expressions, jurons et formules de politesse. L'écriture des dialogues étant l'un des points fort de White Sand.

Kenton, un héros qui subverti le parcours classique du héros campbellien (®Dynamite)

Concernant la mise en page, Julius Gopez opte pour un style expérimental, faisant tout pour perturber le lecteur lors des scènes d'intrigues tout en proposant des doubles pages colossales (bien mises en avant par le format choisi par Graph Zeppelin) lors des batailles et des duels.
Bien qu'il soit remplacé par Julius Otha à la fin du second tome et Fritz Casas sur le troisième, la charte visuelle établie par Gopez restera en place, malgré une prise de risque moindre sur la mise en page et la composition de la part de ses remplaçants.

Julius Gopez propose une mise en page extrêmement stylisé pour les deux premiers tomes de White Sand (®Dynamite)

Cette liberté de ton s'exprimera également à travers l'histoire, passant de l'épopée romantique à l'enquête criminelle ou à l'action. Sans que les auteurs n'oublient le point central de leur récit : les personnages. Les premiers chapitres sont, en effet, construits comme un récit choral où des personnages parfois insignifiants, jouerons un rôle de plus en plus essentiel dans l'intrigue de White Sand.

Le long développement de White Sand

Nous l'avons vu en introduction, la réputation de Brandon Sanderson n'est plus à faire. Pourtant le projet White Sand, fruit de ses travaux de jeunesse, mis de longues années avant d'aboutir à cette série de 3 romans graphiques.

Elaboré lors d'un trajet de bus en Corée du Sud au milieu des années 1990, White Sand, comme l'explique Brandon Sanderson, était, au départ, conçu comme la rencontre entre Dune, La Roue du Temps et Les Misérables. Après des années et de très nombreuses réécritures, Sanderson reçu au milieu des années 2010, un appel de l'éditeur Dynamite, qui cherchait à l'époque à publier un projet original signé de l'auteur. Suite à cet appel White Sand est repensé comme un roman graphique. Sanderson chapotant le projet, tandis que le scénariste Rik Hoskin se chargeant d'adapter son texte et ses dialogues, tandis que le trio constitué de Julius Gopez, Julius Otha et Fritz Casas se chargent de mettre en images ce nouvel univers.

L'édition Graph Zeppelin

White Sand est édité en France par Graph Zeppelin en trois tomes de 160 pages, la fabrication reste irréprochable. Présenté dans un format Oversized, comme le fait habituellement l'éditeur, cette édition permet d'apprécier dans son ensemble tous les détails visuels présents dans les planches de Gopez.
L'édition contient également des bonus répartis sur les trois tomes, vous pourrez y retrouver des character designs, de travaux préparatoires et des comparatifs avec les planches finales.
Seul point noir : une faute de lettrage dans le tome 3. La traduction du titre est quant à elle de qualité et signée par Blooming Words.

White Sand s'impose donc comme un titre très recommandable, qui devrait ravir les fans de science-fiction et grandes épopées. Son univers original et ses personnages attachants devraient également susciter l'intérêt des amateurs de romans graphiques et de comics.

Graph Zeppelin

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