Situé à la croisée des mondes entre le film Captain Marvel – au ton adulte et musclé – et la série Miss Marvel – tablant davantage sur une approche jeune, fun et colorée – le film The Marvels et sa réalisatrice Nia DaCosta se sont retrouvés avec la lourde tâche de satisfaire un large public. Mais la dernière production en date de Marvel Studios réussit-elle le pari de plaire à une époque où la tendance est au désaveu du Marvel Cinematic Universe ?

"C'est son film"

Sans que cela ne soit réellement dommageable au film, le constat le plus évident et qui se ressent tout au long de ses 1h45 de durée, c'est que nous sommes bien dans un film du MCU. Comprendre par là que The Marvels donne l'impression d'être calibré, à la limite de l'impersonnel, tant on ne distingue pas forcément de personnalité et de style propre à sa réalisatrice, Nia DaCosta.

Le fait est que la new-yorkaise de 34 ans n'a pas forcément un curriculum vitae très riche pour le moment, mais qu'elle s'est notamment frottée au remake de Candyman. Si votre serviteur a trouvé ce dernier d'une platitude remarquable, il faut tout de même lui reconnaître une certaine ambiance, un ton et une identité. Et c'est sans doute ce qui manque à The Marvels qui donne presque l'impression d'être un film de commande sur lequel n'importe qui aurait pu officier à la place de DaCosta. Et pour le coup c'était à prévoir, la réalisatrice ayant récemment fait à Vanity Fair une déclaration assez lourde de sens, expliquant "c'est une production de Kevin Feige [le président de Marvel Studios], c'est son film. [...] J'ai essayé d'y aller en sachant qu'une partie de moi serait reléguée au second plan."

En d'autres termes, on pourrait presque deviner le cahier des charges fixé par le boss du MCU qui imposait de trouver un équilibre entre l'énergie de la série Miss Marvel – pouvant, par exemple, justifier certains événement loufoques qui se déroulent  sur la planète Aladna – et la puissance de Captain Marvel. Et il faut reconnaître que le début du film présente un côté relativement hybride qui laisserait un peu sceptique au prime abord.

Mais au final l'évolution des personnages au fil de leur aventure et de leurs interactions permet d'estomper ce sentiment. Si Monica Rambeau (Teyonah Parris) se fait progressivement à l'idée d'être une super-héroïne, Kamala Khan/Miss Marvel (Iman Velani) va se découvrir un sérieux que le public ne lui connaissait pas non plus alors que Carol Danvers/Captain Marvel (Brie Larson) va réapprendre à travailler en équipe après presque trente ans de vie solitaire dans l'espace à combattre les Krees et tenter de réparer ses erreurs.

Quant à la réalisation en elle-même, il n'y a rien à reprocher au travail ici fourni. Le film est propre, plutôt agréable visuellement et les différentes scènes les plus rythmées – que ce soit au niveau des combats, des interactions entre les personnages ou mêmes les transferts entre les différentes héroïnes alors qu'elles découvrent que l'utilisation simultanée de leurs pouvoirs les amène à prendre la place d'une autre – sont on ne peut plus efficaces. Et sur ce plan, The Marvels permet au spectateur de se laisser porter pendant toute la durée du film.

Girl (Super) Power ou non ?

Une crainte concernant le fait d'avoir un film réalisé par une femme et mettant en scène trois super-héroïnes qui affrontent une méchante, c'est de voir le film sombrer dans un certain girl power trop prononcé, voire cliché, potentiellement à la demande du studio. Si sur le principe cela ne représente évidemment rien de grave, on pourra tout de même avoir en tête la scène très critiquée d'Avengers: Endgame où un groupe d'héroïnes accompagne Spider-Man qui tient dans ses bras le Gant de l'Infini. Le côté très "gros" de la scène l'avait rendu assez lourde aux yeux de beaucoup. Et force est de constater que même si le charismatique Nick Fury (toujours interprété par le non moins charismatique Samuel L. Jackson) – bien que plus léger et fun que dans d'autres productions à l'instar de sa prestation dans Captain Marvel – est présent au casting, il est presque anecdotique par rapport à la présence féminine très marquée, voire quasi omni-présente, dans le film.

Finalement, il n'en est rien. Pas de message lourdement imposé au public dans The Marvels. Nous sommes ici en présence de trois femmes fortes, avec malgré tout des failles, des doutes et faiblesses, qui sont logiquement liées les unes aux autres par leur passé et/ou leurs pouvoirs, mais leur genre n'est ici en rien un élément clé de l'histoire.

The Marvels, un film Kleenex ?

Concrètement, la réelle faiblesse de The Marvels se situe au niveau de son côté facilement oubliable, pour ne pas dire jetable et à usage unique. Comprendre par là que le film se consomme plus qu'il ne s'apprécie, ne laissant pas de souvenir impérissable ou de scène marquante qui resterait gravée un moment dans l'esprit du public. Non, cette nouvelle aventure permet d'accorder une parenthèse entre deux productions marveliennes plus ambitieuses, présentant comme principal intérêt celui de retrouver dans une histoire quasiment autonome des personnages qu'on a pu découvrir dans d'autres productions et que l'on retrouve (ou non) avec un certain plaisir. Et si les trois actrices principales sont efficaces dans ce qu'on leur demande de fournir côté prestation, rien ne donne l'impression qu'elles aient cherché à aller plus loin. Et pour ce qui est de Dar-Benn, la méchante de service campée par Zawe Ashton, il faut reconnaître que le personnage manque cruellement d'interêt et de relief en tant que successeur de Ronan l'Accusateur (joué avec davantage de conviction par Lee Pace dans Les Gardiens de la Galaxie).

On pourrait d’ailleurs presque pousser le vice en affirmant que les scènes post-génériques de The Marvels donnent plus de support à un "effet wahou" que le film en lui-même.

Alors, Merveille ou pas ?

En définitive, cette aventure permettant l'association de Captain Marvel, Miss Marvel et Photon constitue un moment agréable (ou qui a au minimum le bon goût de ne pas être désagréable) sans apporter autre chose que du divertissement. Mais au final, n'est-ce pas sa fonction première, chose que l'on a tendance à oublier quand il est question du Marvel Cinematic Universe et des attentes qu'il peut susciter ?

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