The Batman fait son grand retour au cinéma avec une nouvelle trilogie signée Matt Reeves. Un nouveau réalisateur, un nouveau visage pour Bruce Wayne (Robert Pattinson), une nouvelle batmobile, et donc une nouvelle vision du Chevalier Noir qui doit se doter d'un nouveau thème musical plus adapté au projet. Complice de Matt Reeves depuis le début de sa carrière, c'est donc à Michael Giacchino de composer l'air qui soufflera dans les rues de cette nouvelle Gotham.
Moins d'action, plus de tension et d'émotion
Le projet se démarque nettement des précédentes adaptations. Si Giacchino était bien ennuyé avec une trilogie Spider-Man qui ne proposait rien de bien neuf, ce n'est pas du tout le cas pour The Batman. Loin des percussions et des cuivres de Danny Elfman et Hans Zimmer, l'accent est mis ici sur les ambiances et la tension, le tout ornementé de mélodies entêtantes mais toujours élégantes, donnant toutes les nuances aux personnages. Une finesse bien loin de ce que nous proposent les bandes originales des blockbusters récents de super-héros.
Des thèmes répétés jusqu'à vous pénétrer le crâne
Si vous êtes amateur de thèmes forts qui vous restent dans la tête, vous serez servi. Batman, Catwoman et le Riddler ont chacun droit à leur propre thème qui représentent chacun une facette du film, et seront utilisés encore et encore suivant les besoins, se croisant par moment et se rejoignant dans une longue et magnifique suite au piano, Sonata in Darkness. Nous aurions tout de même aimé plus de variations plutôt que de reprendre systématiquement les mêmes harmonies avec de différents instruments, bien qu'amplifiant leur efficacité.
Inspirations classiques et des notes qui racontent une histoire
Un autre choix intéressant, l'inspiration du côté de la musique classique romantique. Le motif principal du thème de Batman, deux accords qui se suivent à l'infini, montant en puissance : ça ne vous rappelle rien ? La marche impériale dans Star Wars ? Mmh, pas loin. En fait, l'inspiration est la même que celle de John William pour le thème de Dark Vador : la sonate pour piano n°2 en si bémol mineur, op. 35, de Frédéric Chopin, la plus célèbre des marches funèbres. Et c'est une évidence : quoi de plus représentatif pour une personne dont la mort de ses parents a fait ce qu'il est ? Quoi de plus terrifiant pour celui qui se veut comme le Croquemitaine des criminels ?
Ces deux accords macabres sont suivis par une longue et mélodique partie interprétée aux cordes, si triste, qu'elle nous ramène forcément au passé du personnage. Toutefois, cette partie se termine étonnamment en majeur, un contraste lumineux exprimant – on imagine – un peu d'espoir. Celui du héros ? Celui ressenti par Bruce Wayne ? Par les habitants de Gotham ? La même partie est rejouée, cette fois soutenue aux cuivres et aux percussions – attention, nous sommes loin des énormes percussions habituelles –, suffisamment pour que le thème prenne cette fois une allure héroïque, toujours plus en se concluant cette fois encore, en majeur. Les deux accords font cependant leur retour, et continueront jusqu'à la fin. Est-ce la malédiction de Bruce Wayne ? Ce côté macabre qui le définit tant, un passé tragique, cette petite lueur d'espoir, de grands moments d'héroïsmes, mais toujours cette partie macabre qui l'obsède et dont il n'arrive pas à se défaire ?
Un Riddler lancinant et une Catwoman jazzy
L'Homme-Mystère (Paul Dano) a droit à un thème bien différent de celui du Chevalier Noir. Un motif lancinant, dont le son est, entre autres, un mélange d'instruments métalliques à percussions (type vibraphone, cloches) et de chœurs, le tout noyé dans une réverbération, une sorte de brouillard sonore murmuré à votre oreille dans un cauchemar dont vous souhaiteriez vous réveiller. L'orchestre se déchaîne subitement, rappelant les grands moments de la série animée Batman TAS, et sa musique composée par la regrettée Shirley Walker (qui avait aussi aidé Danny Elfman a orchestrer les deux films Batman). Clairement, l'Homme-Mystère et son thème sont la partie mystérieuse de cette bande originale, une scène de crime surréaliste et glauque.
Enfin, Catwoman (Zoë Kravitz) a elle droit au thème le plus mélodique et élégant du film. D'abord joué au piano, l'air évoque celui du Parrain de Nino Rota, du cinéma noir. On imagine aisément un piano dans un bar enfumé, l'élégance duhttps://www.superpouvoir.com/wp-admin/admin.php?page=soumettre-partner chat se baladant de toits en toits, et le romantisme qui lie Selina et Bruce. D'ailleurs, leurs thèmes se rejoindront au piano sur le fameux Sonata in Darkness de fin de disque.
Une bande-originale qui marquera la carrière de Michael Giacchino
Vous l'aurez compris, la bande originale de The Batman est vraisemblablement un grand moment, suffisamment en tout cas pour marquer la carrière de Giacchino. Bien qu'il ait déjà bossé sur les plus grandes franchises de ces décennies, de Star Wars à Star Trek en passant par Jurassic World, et de Dr Strange à Spider-Man, son travail sur le Chevalier Noir restera comme un des plus importants du compositeur, qu'il continuera à jouer en concert pendant longtemps, comme le font encore Danny Elfman et Hans Zimmer. Nous aurions pu avoir droit à une énième itération du thème de super-héros dark et musclé, nous voilà dans un nouveau lieu, tour à tour sombre et onirique, où la tension et le tragique côtoient l'émotion et le romantisme, l'héroïsme et parfois l'espoir. Une belle performance, le tout dans une bande originale de près de deux heures tout de même. Et pourtant, on en redemande.
On vous laisse avec l'intégralité de la bande originale à écouter ci-dessus, à écouter en boucle pour vous aider à patienter d'ici la sortie en salles. Et vous, qu'en avez-vous pensée ?
The Batman, au cinéma dès le 2 mars 2022.