C'est par les réseaux sociaux que Dona Corben a annoncer la triste nouvelle. Son mari Richard Corben est décédé ce 2 décembre 2020 des suites d'une opération chirurgicale du cœur.

Des débuts timides au cœur de l'Amérique...

Richard Corben était né le 1er octobre 1940, dans la petite ville rurale d'Anderson, dans le Missouri. Dans la ferme familiale, il est entouré d'un frère et de deux sœurs. Très jeune,  il s'intéresse au dessin, créant ses premières BD et inventant des aventures au chien de la famille, Trail. Ses références sont alors Vaughn Bodé, le Tarzan de Jesse Marsh et les EC Comics de Wally Wood, Alex Toth et Frank Frazetta. Il pratique également le culturisme, mais abandonne faute de temps. Il en gardera cependant un goût pour les corps musclés. Il commence à sortir avec Madonna "Dona" Marchant qui deviendra ensuite son épouse. Il suit des études graphiques au Kansas City Art Institute, durant cette période, il participe à un concours organisé par la revue Fantastic Monsters of Filmland et produit avec Dona le court-métrage Siegfried saves Metropolis.

Siegfried saves Metropolis (1965)

La même année,  il décroche son diplôme et part gagner sa vie. D'abord en aidant son père dans le BTP, puis en tant qu'animateur pour la société Calvin Productions, basée à Kansas City. Il en profite pour créer son propre court-métrage en 1968, Neverwhere, qui mêle animation et prise de vues réelles. Il y joue le premier rôle, celui d'un employé de bureau martyrisé par son patron (joué par son véritable boss chez Calvin) et qui s'échappe dans un monde de fantasy où il devient Den, un guerrier musculeux.



Richard Corben Neverwhere

Richard Corben Neverwhere


À l'orée des années 70, Corben se tourna  vers le comics underground. À travers la revue Skull, il est publié par Last Gasp, Inc, maison d'édition indépendante de San Francisco chez qui paraît également Wimmens Comix et le Zap Comix de Robert Crumb. Corben s'essaye aussi à l'auto-édition avec sa propre structure, Rip Off Press, dont sort les revues Grim Wit (où il continue les aventures de Den), Rowlf ou Fantagor.

Durant cette période, à la manière de Graham Ingels qui se faisait appeler Ghastly dans les EC Comics, il se surnomme Gore. Il se spécialise dans la SF, la fantasy et l’horreur, notamment à travers ses récits pour les magazines Eerie, Creepy, Vampirella et 1984 chez Warren Publishing. Il développe un style novateur et rebelle aux conventions, fait de physionomies grotesques dont les attributs physiques, notamment sexuels, sont exacerbés.

Une reconnaissance européenne

En 1972, son travail paraît dans la revue française Actuel et se fit repérer par les fondateurs du magazine Métal Hurlant qui publièrent les aventures étoffées de son Den à partir de 1975. Corben se met alors à travailler la couleur de manière virtuose, utilisant diverses techniques, notamment l’aérographe, qui feront sa célébrité. En 1976, il est contacté par Armand Eisen et Gil Kane pour adapter une nouvelle de Robert E. Howard, "The Valley of the Worm", qui deviendra l'album Bloodstar. Non pré-publié en revue, Bloodstar est considéré comme un des premiers graphic novels américain.

Il travailla ensuite pour la contrepartie américaine du magazine, Heavy Metal, ce qui lui permit de publier en épisodes une version couleur de Bloodstar. Sa collaboration avec la revue lui permit également de voir Den adapté dans un segment du film d'animation tiré du magazine. Il signe alors des pochettes d'albums pour Meat Loaf et Jim Steinman et une des affiches du film Phantom of the Paradise de Brian de Palma.

Couverture d'Epic Illustrated #2 par Richard Corben (Marvel Comics)

En France, il bénéficie du soutien de l’éditeur Fershid Barucha qui, non content de le publier régulièrement, lui consacre une monographie, Vols Fantastiques (Éditions Neptune, 1981). Aux États-Unis, Corben entame une fructueuse collaboration avec le scénariste Jan Strnad. Ce sera Jeremy Brood (Albin Michel, 1984) et Mutant World (Monde Mutant, Campus Edition, 1983).

Il fonde en 1986 sa propre maison d'édition, Fantagor, du nom de son premier fanzine personnel. Il y gagne une liberté créative sans égale. Avec Bruce Jones, il signe Rip in Time (Temps déchiré, Comics USA, 1991). Il illustre également le cycle de nouvelles d'Harlan EllisonA Boy and his Dog, qui deviendra en BD Vic & Blood (Comics USA, 1989). Il poursuivra également la saga de Den et donnera une suite à Mutant World, Son of Mutant World (Fils du Monde Mutant, Comics USA, 1991), toujours avec Jan Strnad.

Creux de la vague et reconnaissance publique

En 1994, il est malheureusement obligé de mettre la clé sous la porte. Il connaît alors plusieurs années de difficultés financières qui le forcent à s'essayer au mainstream américain. Pour Dark Horse, il illustre Aliens Alchemy. Pour DC  Comics, il produit de nombreuses histoires courtes pour des anthologies comme Batman Black & White, Weird War Tales, Gangland, Hearttrobs et Flinch.

Il signe aussi l’arc inaugural du scénariste Brian Azzarello sur la série Hellblazer (« Hard Time »Hellblazer #146-150) avant de passer chez Marvel où il dessinera les mini-séries Banner et Cage, toujours avec Brian Azzarello et Punisher: The End, avec Garth Ennis.  DC lui consacrera le deuxième numéro de sa série anthologique Solo, donnant carte blanche à un dessinateur remarquable.

En 2005, il s'associe à Steve Niles et Rob Zombie pour une mini-série consacrée au Big Foot chez IDW. Retour chez Marvel pour du Ghost Rider  et deux volumes de Haunt of Terror, qui adapte successivement les nouvelles d'Edgar Allan Poe et Howard Phillips Lovecraft. Toujours pour Marvel, il illustre une mini-série Starr the Slayer, un succédané de Conan dont il signe également des pages chez Dark Horse. Chez ce même éditeur, il s'associe à Mike Mignola pour diverses histoires de Hellboy (Hellboy: Makoma, Hellboy: The Crooked Man et Hellboy: The Bride of Hell).

Chez Dark Horse, il trouve l'occasion  de produire des œuvres plus personnelles comme Ragemoor ou Murky World. Pour toutes ces nouvelles productions, il peut compter aussi sur l'aide de sa fille unique, Beth Corben Reed, artiste elle aussi et qui lui prête main-forte sur les couleurs.

Des œuvres qui sont aujourd'hui proposées en France par Laurent Lerner (qui a succédé à Baruscha dans le soutien français de l'auteur) à travers ses éditions Delirium. En 2018, Corben a eu le plaisir de voir son travail couronné par un Grand Prix d'Angoulême. Une bien belle reconnaissance qui a permis de célébrer cet auteur américain iconoclaste, avant sa triste disparition surprise.

Source : Wikipedia, Muuta.net

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