Dix ans ont passé depuis la guerre des Kaijus. Malgré la fermeture de la brèche qui libérait les monstres sur notre monde, l'équilibre demeure fragile entre des factions militaires en pleine réformes et des citoyens qui peinent encore à se relever. Par un concours de circonstances, le voleur Jake Pentecost, fils du héros de guerre du même nom, va se retrouver formateur pour cadets à l'académie des Jaegers. En effet, les Kaijus pourraient encore revenir et les alliés robotiques de l'humanité vont bientôt devoir reprendre du service.

Si le premier Pacific Rim ne figure toujours pas parmi les plus gros succès de la filmographie de Guillermo Del Toro, il est encore à considérer comme l'un des divertissements les plus funs des dix dernières années. En tâchant de rendre hommage à tout un pan de la culture japonaise (les fameux Kaiju Eiga) et les créatures lovecraftiennes, le réalisateur mexicain (récemment oscarisé pour La Forme de l'Eau) s'était taillé un bac à sable géant dans lequel offrir une alternative à la licence mourante et débilitante qu'était Transformers. Seulement, le film ne fût pas une réussite publique et ce n'est que par la grâce du marché chinois que cette suite a pu voir le jour.

Exit Del Toro – qui privilégia son histoire d'amour amphibie – pour accueillir Steven S. DeKnight, surtout connu pour ses activités de showrunner (Angel, Spartacus et plus récemment Daredevil) dont c'est ici la première incursion sur grand écran. Si l'âpreté des récits qu'il chapeaute d'ordinaire pouvait en faire un choix intéressant, c'est sans compter sur son inexpérience en termes de blockbuster, sans oublier que le petit statut culte du premier Pacific Rim se justifie avant tout par la grille de lecture de son architecte initial.

Pacific Rim: Uprising

Or, bien qu'il soit toujours présent à la production, Del Toro n'a que peu laissé son emprunte sur ce second opus qui, très loin d'être déshonorant, peine tout de même à réitérer la surprise que pouvait encore être son aîné par endroits. Les Jaegers sont plus nombreux, mais leur traitement est devenu un peu plus libre et leur animation un brin plus fluide, ce qui leur donne moins d'impact à l'écran. De même, si la connexion neuronale qui permet aux pilotes de robots de se connecter était au centre de l'intrigue du précédent, elle est ici un peu esquissée, voire facile à entreprendre, alors qu'on insistait lourdement sur la délicatesse que représentait la manipulation de ses machines dans le premier. Ici, le combat semble être un skill déblocable à merci sans implication majeures de ses personnages.

Enfin, en sus d'une réalisation plutôt impersonnelle, le scénario de cet Uprising, s'il fait montre de petites audaces (l'arrivée tardive mais marquante des Kaiju dans l'histoire) fait terriblement penser à une grosse bande-dessinée où tout serait permis et où le divertissement semble primer sur le reste, au mépris du développement des personnages et parfois de l'univers présenté (quid des factions pro-kaiju, une idée sympathique absolument pas exploitée?)  Ainsi, on regrette l'émotion que pouvait insuffler Del Toro à son produit et qui constitue ici malheureusement un vide assez colossal dans le déroulement des événements (la poursuite de la petite Mako par un gigantesque monstre dans des rues dévastées demeure encore une séquence iconique.)

Pacific Rim: Uprising

Cela fait-il de Uprising une mauvaise suite ? Certes, non. Si la réalisation est bien moins fine et que les surprises se font rares, force est de constater que cette séquelle tant redoutée accompli plutôt bien son office, avec un découpage en trois actes clair, une intrigue capillotractée mais plutôt solide et une galerie de personnages pas si mal amenée que ça.

La révélation reste la jeune Cailee Spaeny qui, telle Dafne Keen dans le Logan de James Mangold, assure une relève badass dans les distributions de film à grand spectacle. Outre les retours de Rinko Kukuchi (Mako), Charlie Day (Geiszler), Burn Gorman (Gottlieb) et Scott Eastwood (Nate), c'est avant tout sur John Booyega que les yeux se focalisent. L'acteur, couronné star par la grâce de son rôle de Finn dans les derniers Star Wars, se doit de majoritairement porter le film sur ses jeunes épaules, d'autant qu'il en est en partie producteur. Si la ressemblance avec Idris Elba est assez frappante, le personnage reste moins attachant que sa co-star et que son prédécesseur joué par Charlie Hunnam – dont le personnage ne sera que paresseusement mentionné – voguant un peu maladroitement entre les registres (un peu comme un Will Smith gênant) ne devenant réellement sympathique qu'en présence de sa cadette avec qui il forme un duo qu'on aimerait assez fortement revoir, d'autant que la fin reste ouverte pour un troisième (et dernier?) affrontement. Mais de manière générale, tout ce petit monde n'est que peu dirigé et oscille entre sur-jeu crasse et sous-jeu monolithique - l'opus précédent ne brillant pas particulièrement dans ce domaine précis.

Notons que le succès de la licence en territoire chinois a fait s'ouvrir la production à de nombreux acteurs et actrices dont la bluffante Jing Tian, patronne des industries Shao et qui compte bien rendre les Jaegers obsolètes par l'implantation de drones. Comme quoi, même dans la plus grosse des fictions, un parallèle avec notre monde n'est pas à exclure.

Avec un troisième acte haletant et quelques choix sympathiques, ce Pacifim Rim : Uprising constitue un divertissement au mieux appréciable avant l'arrivée la semaine suivante de Ready Player One qui risque assez fortement de balayer les Kaijus droit dans leur brèche jusqu'à nouvel ordre.

À moins que Guillermo Del Toro ne revienne parachever son grand œuvre ? On en doute franchement.

Pacific Rim: Uprising

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