Le scénariste Christopher Cantwell (Iron Man, Everything) et l'artiste German Garcia (X-Men) nous proposent une relecture moderne et gore du conte des frères Grimm. Et les deux auteurs s’en sortent plutôt bien avec un récit assez prenant mais parfois encore un peu trop convenu, qui n’est toutefois pas à mettre entre toutes les mains en raison de son traitement résolument gore et de son vocabulaire grossier.

Briar © Ocean Breeze Soap Company and German Garcia

Plusieurs décennies après être tombée dans un profond sommeil, Briar Rose se réveille enfin. Sauf que ce n’est pas le baiser de son prince charmant qui l’a réveillée. En effet, son prince, lui, a préféré la laisser dans le coma pour s’occuper tout seul des affaires du royaume, qui est tombé en miettes. La voilà donc qui se retrouve entre les ruines de son château, dans un royaume en proie à la famine et à la pauvreté, qu’elle ne connaît plus et qui a totalement oublié son existence. Briar n’a qu’une seule envie : se venger. Accompagnée par un assemblage hétéroclite de personnalités qu’elle va rencontrer dans sa quête, elle n’a qu’une seule obsession : retrouver ceux qui l’ont laissé tomber et surtout invalider la prophétie qui dit qu’elle serait un élément déterminant de la fin de ce monde.

Briar © Ocean Breeze Soap Company and German Garcia

Briar est un conte fantastique réalisé par Christopher Cantwell, le scénariste inspiré d’Everything, de Blue Flame ou encore de Doctor Doom mais qui se plante parfois littéralement, comme sur l’avant dernière version d'Iron Man. Mais son écriture est toujours intéressante. Comme vous l’avez compris, il revisite ici le conte de la belle au bois dormant, en lui donnant une direction cette fois-ci beaucoup plus fantasy et nettement plus moderne. Briar n’attend plus son prince charmant, elle va juste aller démembrer des créatures immondes dans un désir de vengeance. Si cette dernière phrase vous fait hérisser les poils, c’est compréhensible. Parce que clairement, c’est tout sauf original. Et on pourrait tomber très facilement dans la provocation gratuite et la caricature facile, voire les raccourcis féministes un peu trop lourdingues.  Sauf que Cantwell est assez doué pour éviter de tomber dans une farce totale et que l’univers qu’il est en train de construire autour du personnage est plutôt bien mis en place même s’il aurait pu être un peu plus développé. Les personnages secondaires, qu’il s’agisse d’une femme araignée guerrière répudiée par son peuple ou un sorcier nul, sont attachants et leurs interactions fonctionnent. C’est par moments drôle, souvent grossier et Briar donne une impression assez mitigée par son traitement qui est souvent sur le fil. Pour le moment, cela passe, même si on aurait peut-être parfois aimé un peu plus d’approfondissement dans les tenants et les aboutissants. Après, il est difficile de juger dans la mesure où l’édition ne nous propose que les quatre premiers numéros de la série. Certains pourront le juger trop convenu toutefois.

Briar © Ocean Breeze Soap Company and German Garcia

Plus impressionnant : le traitement graphique de German Garcia, un artiste qu’on a plaisir à retrouver depuis quelques temps après de longues années d’absence dans les comics. En effet, German Garcia a été le dessinateur principal de la série X-Men, juste après le départ de Carlos Pacheco. Il fait partie de cette vague de dessinateurs espagnols comme Salvador Larrocca ou encore Javier Pullido. Preuve de son talent de l’époque, on lui offre directement les pages d’Action Comics après son départ de la série mutante de Marvel. Il va présider au destin du personnage pendant quelques temps, avant de disparaître totalement des radars et de revenir pour réaliser quelques planches du Immortal Hulk d’Al Ewing presque 20 ans plus tard. Et son style a nettement évolué. Si l’on est dans un trait un peu plus épuré, un peu moins détaillé que dans les années 2000, un peu plus numérique, son sens de la narration reste toujours aussi développé. C’est très agréable à regarder et pas étonnant qu’Urban Comics ait décidé de proposer la série dans une édition grand format. Garcia alterne entre un style très clair pour raconter les inévitables scènes de flashback dans un royaume féerique et un ton plus sombre pour ce qui se déroule à l’époque actuelle, avec une recherche sur la colorisation signée Mateus Lopez, plutôt réussie.

Il semble assez difficile de proposer un jugement éclairé sur Briar. Certains aspects sont vraiment sympathiques, lorgnant bien évidemment sur Fables et l’univers proposé fonctionne même si on pourrait lui reprocher de ne pas encore tout dévoiler. Mais le côté un peu trop gore et la grossièreté du langage peuvent refroidir un peu. À suivre donc.

Briar : la rebelle au bois dormant Tome 1Urban indies
De Christopher Cantwell et German Garcia
17/05/2024 – Broché – 19,00€
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Après cent ans de sommeil, Briar Rose s'éveille et découvre horrifiée son royaume laissé dans la misère et le chaos par son ancien époux tyrannique. Meurtrie par les trahisons et les malédictions, Briar se nourrit de son désir de vengeance pour survivre dans ces terres désolées avec sa bande de marginaux.

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