On le sait, l'année 2020 aura été pauvre en sorties cinéma et les fans d'épouvante figurent probablement au rang des plus lésés, toujours en recherche de frissons nouveaux d'année en année.

Si les salles sont malheureusement désertées, on peut faire confiance aux services de streaming et aux éditeurs pour compenser ce manque à frissonner en proposant, entre autres choses, certains inédits que n'ont pas eu la chance d'exister ailleurs qu'en festivals. Parmi ces derniers, le très surprenant The Wretched (Brett & Drew Pierce) qui fit sensation l'année dernière comme étant le seul film depuis Avatar à avoir figuré six semaines d'affilée dans les premières places du box-office. Une sacrée petite réputation à laquelle il se devait forcément d'être à la hauteur.

Qu'en est-il donc de ce récit d'horreur fantastique, pondu par un duo de réalisateurs majoritairement abonnés aux productions télévisées et à qui l'on doit la sympathique comédie de zombies Deadheads ?

L'histoire suit le jeune Ben (John-Paul Howard), un adolescent débarquant en bus dans une petite station balnéaire pour passer du temps avec son père, gérant de la marina locale et récent divorcé. Tourmenté, le bras engoncé dans un plâtre et mal à l'aise avec les filles, notre héros tente tant bien que mal de s'adapter à un quotidien partagé entre questionnements et crise d'hormones quand une chose étrange attire son regard chez ses voisins, dont nous suivons en parallèle le quotidien après que mère et fils aient rapporté une étrange présence avec eux depuis une balade en forêt.

Ben, héros de The Wretched : un attachant personnage influencé eighties.

Sous ses dehors en apparence classiques, The Wretched est un petit film d'horreur indépendant qui, certes, ne brille pas autant que certaines productions Blumhouse ou A24, mais dispose néanmoins d'un scénario intrigant, solide et bourré de rebondissements glaçants, débutant par une introduction efficace où la créature du film (dont l'origine demeure inconnue) se nourrit d'un enfant agonisant. Une entrée en matière hautement marquante qui ne servira de préambule qu'à un mystère plus imposant encore.

The Wreteched est un monster movie ne reposant ni sur le gore, ni sur une ambiance sur-travaillée, encore moins sur une réalisation chiadée – cette dernière est, au mieux, fonctionnelle. Il se situe dans une veine plus franche, sans pour autant être consensuel. De l'intrigue de quartier, le film prend soudain des atours de folk horror, révélant par à coups la nature étrange de sa créature, l'une des plus inventives de ces dernières années dans le domaine horrifique. Ce monstre changeur de peau, rappelant certaines entités de la mythologie native américaine, est l'occasion de séquences de tension très intrigantes. La force du scénario (et du monstre) provient du fait que nous ne connaissons rien de son fonctionnement, au contraire de nombreuses créatures du bestiaire fantastique (comme un vampire ou un zombie, par exemple). Ainsi, ses pouvoirs et capacités nous sont révélés au fur et mesure des rebondissements de l'histoire, résultant en des retournements de situations fort bien sentis – le finale en lui même ne réinvente rien, mais le premier véritable twist constitue une pirouette inattendue). Et si le drame adolescent n'est jamais bien loin, le récit contient en filigrane assez de grain à moudre pour faire de son héros un personnage attachant dans sa fragilité et son apparent courage, un peu à l'image de certains protagonistes de films fantastiques des années 80 (modèle suranné mais qui tend à prouver son efficacité ici encore.)

Le masque de cerf : un élément païen, typique de l'horror folk, de plus en plus employé dans le film d'horreur

Un peu avare en séquences marquantes et pas dénué de défauts (dont un rythme un peu bancal), le film des frères Pierce (succès quelque peu accidentel il est vrai) constitue un divertissement d'horreur de qualité, sans prétention mais suffisamment écrit et passionnant pour en faire une solide série B à même de satisfaire un public aussi bien passager que connaisseur.

C'est à Koba Films que l'ont doit son édition en France qui, malheureusement, ne propose strictement aucun bonus, à l'exception d'une poignée de bandes annonces. Une absence fort regrettable alors qu'une intervention des réalisateurs sur le succès éclair de leur métrage, ou tout simplement sur les influences qui ont motivé son écriture et son univers, aurait pour me coup mérité quelques éclaircissements, voire, pourquoi pas, la production d'un préquel – procédé pupute qu'on n'encourage d'ordinaire pas, c'est dire le potentiel de cette pellicule.

THE WRETCHED, disponible chez KOBA FILMS



THE WRETCHED - Bande-Annonce VF (2020

THE WRETCHED - Bande-Annonce VF (2020


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