Certains commentateurs américains l'appellent déjà le "Marvel Bloodbath", le "bain de sang Marvel". La parution du catalogue de mars 2018 de l'éditeur a permis de révéler l'arrêt de nombreuses séries, dont Luke Cage et Hawkeye. Si les chiffres de ventes sont bien sur en cause, la nature des séries stoppées fait lever quelques sourcils.
Chaque mois, les éditeurs publient leurs catalogues (les sollicitations) de leurs parutions prochaines afin de permettre aux vendeurs et aux lecteurs de faire leurs commandes. Sources d'informations, ces sollicitations annonçaient régulièrement la fin des titres, sauf que Marvel, depuis un certain temps, ne communiquent plus ce genres de détails. Ce sont donc à travers les réseaux sociaux qu'artistes et éditeurs ont annoncés le sort réservé à certaines séries absentes du catalogue. La scénariste Kelly Thompson a ainsi annoncé la fin de Hawkeye en mars au numéro 16 (avec Leonardo Romero aux dessins) tandis que l'artiste Sina Grace s'est fendu d'une lettre manuscrite très "old school" pour signifié l'arrêt d'Iceman au numéro 11 (en compagnie de Robert Gill, toujours en mars). David F. Walker a lui aussi évoqué la fin de sa série Luke Cage au travers d'un tweet. La série s’arrêtera, elle, dès février, avec le numéro 170 sous des dessins de Guillermo Sanna. Mariko Tamaki doit, elle, mettre un terme à She-Hulk au numéro 163. Dans la même foulée, on a appris les arrêts de Generation X de Christina Strain et Amilcar Pinna (au #87 en mars) et de Gwenpool The Unbelievable par Christopher Hastings et Gurihuru (au #25 en février). À ce jour, de forts doutes d'arrêt pèsent également sur America de Gabby Rivera et Stacey Lee, qui s’arrêterait au #12 en février, mais personne n'a encore confirmé. Enfin, la série Defenders serait sur la sellette après le départ de son scénariste Brian Michael Bendis.
Après les arrêts déjà annoncés de Guardians of the Galaxy, Jean Grey, Royals, Secret Warriors, U.S. Avengers et Uncanny Avengers, et en comptabilisant les non confirmés, on serait à 14 séries régulières stoppées. Un nombre important surtout que ces arrêts interviennent à peine quelques mois après l'opération Legacy qui a vu de nombreuses séries revenir à des numérotations classiques, avec une vague de couvertures hommages et de nouvelles storylines lancées pour l'occasion. Tous ces titres auront à peine profité de cette opération marketing, au grand dam de certains fans. Toujours sur les réseaux sociaux, Joe Quesada a tenté d'expliquer à ces lecteurs déçus les raisons de ces arrêts : "Désolé que vous le preniez comme ça, mais, que ça vous plaise ou non, Marvel est une entreprise. Nous maintenons les titres aussi longtemps que nous le pouvons, mais il arrive un moment où nous devons les stopper, peu importe le personnage en question. Malheureusement, nous ne pouvons pas satisfaire tous les fans avec ce genre de décisions." Mais l'échange avec les fans a vite tourné au fameux dialogue sur l’œuf et la poule. Est-ce le manque de lecteurs qui fait qu'un éditeur ne soutient pas un titre ou est-ce le manque de soutien d'un éditeur qui fait qu'il n'y a pas assez de lecteurs ?
Ce qui marque surtout les esprits, c'est que nombre des séries annulées faisaient intervenir des personnages et/ou des créateurs issus de la pluralité raciale ou sexuelle. Si Marvel avait été à la pointe à ce sujet jusqu'à récemment (notamment en promouvant une Miss Marvel d'origine pakistanaise, une America hispanique et lesbienne ou un Iceman gay), la société semble opérer aujourd'hui un rétropédalage dans ce domaine. En début d'année, David Gabriel, le Vice-Président des Ventes, avait d'ailleurs choqué en affirmant que le lectorat semblait ne pas vouloir de la diversité chez Marvel en se désintéressant des titres où elle était présente. Après cette vague d'arrêts, il semble que le diagnostic soit toujours en cours à la Maison des Idées. Le gros du lectorat marvelien serait-il donc à ce point conservateur et intolérant ? On peut se poser la question, tout en déplorant que Marvel semble vouloir aller dans son sens en annulant à tour de bras, sans discernement. À moins que les lecteurs sont tout simplement las des titres justement trop marketés pour un public particulier ? L'oeuf, la poule, toujours...
Source: Bleeding Cool, The Beat