"Encore un épisode, et puis je vais me coucher." Combien de fois avez-vous prononcé cette phrase, pour finalement vous retrouver à binge-watcher toute la saison en une nuit ? Le binge-watching, cette pratique addictive qui consiste à regarder une série TV à un rythme effréné, d'une traite ou presque, a révolutionné notre façon de consommer le petit écran. Dans cet article, nous allons explorer l'origine du binge-watching, son évolution et les séries populaires qui ont encouragé cette habitude.
L'origine du Binge-Watching
Le terme binge-watching est un néologisme formé par la fusion de binge (s'empiffrer) et watching (regarder) né à la fin des années 90. L'idée de regarder plusieurs épisodes d'une série en une seule séance n'est pas nouvelle, mais la popularité du terme a explosé avec l'avènement des plateformes de streaming telles que Netflix, Hulu et Amazon Prime. L'expression a été développée en référence au binge-drinking, pratique de soirée qui consiste à boire beaucoup d'alcool en un laps de temps très court. En français, le terme a été traduit par visionnage boulimique par la Commission d'enrichissement de la langue française, chargée de traduire et d'adapter ces néologisme anglophones.
Et si on devait désigner un responsable pour cette pratique devenue désormais courante, on peut dire que Netflix a joué un rôle majeur dans la promotion du binge-watching. Dès le début des années 2010, la société de location de vidéos, puis de diffusion en streaming, a commencé à produire ses propres séries originales, qu'elle a rendues disponibles en une seule fois. Cette stratégie a incité les spectateurs à dévorer l'intégralité d'une saison – comprenant entre 8 et 13 épisodes – en un week-end, voire en une nuit.
L'évolution du Binge-Watching
Dans les anciens temps que les plus jeunes d'entre nous ne connaissent que très peu, les téléspectateurs devaient attendre chaque semaine pour regarder un nouvel épisode de leur série préférée – petite dédicace à la trilogie du samedi soir. Le binge-watching a brisé ce modèle, permettant aux spectateurs de créer leur propre horaire de visionnage. Cette liberté a transformé la télévision en une expérience plus immersive et qui remet en question plus de soixante ans d'histoire des séries télévisées.
Le binge-watching a également eu un impact sur la façon dont les séries sont conçues. Les créateurs doivent désormais tenir compte de la possibilité que leur œuvre soit consommée rapidement, ce qui peut influer la structure narrative et le rythme des épisodes. Les cliffhangers, ces procédés narratifs destinés à tenir le spectateur en haleine, généralement placés à la fin des épisodes, ont dû ainsi être adaptés, voire parfois supprimés. S'ils ont toujours un rôle important pour donner envie de regarder l'épisode suivant, ils sont pensés de manière à s'inscrire dans la narration globale et non pas comme quelque chose de facilement désarmorçable l'épisode suivant.
Une popularité croissante grâce à certaines séries
Bien que l'usage ait été popularisé il y a quelques années seulement, il existe depuis près de 25 ans lorsque des personnes se réunissaient pour regarder ensemble des saisons entières de leurs séries préférées sur DVD. Mais cela se plaçait dans un contexte de plaisir, à la fois social ou communautaire autour d'une série en particulier. Aujourd'hui, les séries sont principalement devenues des consommables que les gens peuvent regarder au rythme qu'il souhaite, de manière linéaire ou non, et des sujets de conversation : de "t'as vu l'épisode d'hier soir ?", on est passé à "t'as vu la nouvelle série qui est sortie il y a deux jours ?".
Ce phénomène n'est pas sans conséquence. Il est très largement étudié notamment pour ses effets sur la santé car il augmenterait les risques d'obésité, de diabète, de trouble cardio-vasculaires, d'isolement, de dépression ou encore d'addiction. Le binge-watching est aussi important économiquement pour les plateformes de streaming qui restent attentives sur le sujet. Netflix a monté une étude en 2016 qui permet de déterminer trois types de consommateurs : le spectateur très rapide qui consomme une saison en 3 ou 4 jours maximum, le spectateur plutôt rapide qui mettra entre 5 et 6 jours et le spectateur assez lent qui regardera une saison en une semaine voire 10 jours. Cela conditionne comment doivent être produites certaines séries selon ces profils et quels genres seront les plus appréciés. Rien n'est laissé au hasard.
Si l'on devait désigner une série qui a popularisé ce phénomène, ce serait House of Cards. Crée par David Fincher, elle est l'une des premières produites pour et par Netflix avec une narration captivante et qui a été diffusée en intégralité, saison par saison. Mais d'autres programmes comme Breaking Bad, Stranger Things, La Casa de Papel ou encore Ozark ont aussi favorisé ce mode de visionnage.
Le binge-watching a radicalement changé notre façon de consommer la télévision. Ce phénomène, né de l'ère du streaming, a permis aux spectateurs de devenir des marathoniens de séries, dévorant des saisons entières en un temps record. Des séries ont contribué à populariser cette pratique, transformant la télévision en une expérience immersive et addictive mais qui ne doit pas être prise à la légère pour son impact sur les spectateurs. Alors, préparez votre canapé et vos en-cas préférés, car le binge-watching est là pour rester, et de nouvelles séries passionnantes attendent d'être découvertes, avec modération.
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