Crainte pour beaucoup de fans et certitude pour grand nombre de sceptiques, l'idée que le film Les Chevaliers du Zodiaque en live action puisse être le remplaçant du très décrié Dragonball Evolution à la tête des pires adaptations de manga est très souvent évoquée. Mais est-ce vraiment le cas ou le film déchaîne-t-il son Cosmos ?

Adaptation ou Transposition ?

Avant toute chose, il est fortement recommandé de regarder le film avec, pour ainsi dire, un œil neuf. Non pas qu'il faille mettre de côté son attachement à l'univers de Saint Seiya (le titre originel du manga et de l'anime), mais il faut avoir à l'esprit que comme bien souvent, il s'agit ici d'une adaptation et non d'une transposition. De fait, la fidélité est relative. D'autant plus que les spectateurs américains constituent la cible principale du film et que la licence n'a que relativement peu percé outre-Atlantique, ce qui impose de faire en sorte de conquérir ce public non-initié. C'est en tout cas en gardant cela à l'esprit que le film a été regardé pour cette critique.

Celles et ceux qui connaissent principalement de cet univers le manga ou l'anime d'origine, et s'attendent donc à le retrouver dans ce film, risquent d'être déçus ou au minimum déroutés. En revanche, le film tient davantage de la série animée Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque de 2019 – actuellement disponible en partie sur Netflix –, ce qui se justifie notamment par le fait que les deux ont été développés en parallèle, la série ayant permis de corriger certains aspects du film en fonction de sa réception par le public. Nous sommes donc dans une approche modernisée et plus directe de l'histoire.

Malgré tous ces points qui peuvent frustrer ou déplaire aux fans de la première heure, il faut reconnaître que le film puise dans l'essence de Saint Seiya, avec les thèmes et mécanismes principaux bel et bien présents à l'écran. Ainsi, les valeurs comme le courage, l'amitié, la persévérance ou le sacrifie sont au centre de l'histoire, portées par des personnages principaux qui les incarnent plutôt bien. La première heure du film condense la découverte des protagonistes, leurs origines et motivations, pour amener l'action et leur réelle évolution dans la seconde. L'exercice est en soit assez compliqué vu la durée du film et, pour le coup, les choses ont été plutôt bien faites. Mais cela a très certainement été permis par la réduction conséquente du nombre de personnages présentés à l'écran, contrairement à ce que le manga ou les séries ont pu jusqu'ici habituellement montrer.

Les Chevaliers du Zodiaque

En effet, ne vous attendez pas à voir une débauche de personnages et d'armures. Si les spectateurs peuvent découvrir Les Chevaliers de Bronze, d'Argent et d'Or dans le film, leur nombre sera réduit au strict nécessaire, frôlant, pour certains, l'anecdotique. Toutefois, rappelons que cette production a été pensée comme le premier film d'une saga qui en compterait six. En d'autres termes, il s'agit d'une origin story et d'une introduction. Et il se pourrait bien que le distributeur ait fait une erreur stratégique en intitulant sobrement le film "Les Chevaliers du Zodiaque", là où son titre japonais était Saint Seiya: The Beginning, autrement dit "Le Commencement". Avec cette indication, certaines frustrations ou attentes du public pourraient être modérées et changer la perception du film.

Pour ce qui est des personnages présents, qu'ils soient classiques, nouveaux ou modifiés, il faut reconnaître l'efficacité du casting. Mackenyu campe un Seiya convaincant, qui évolue au fil du film et de ce qu'il traverse, et dont la relation avec Sienna (jouée par Madison Iseman), la réincarnation d'Athena, change en parallèle de ses convictions et objectifs. Sean Bean, qui interprète ici Alman Kiddo, le père adoptif de Sienna, est fidèle à lui même et reste très bon dans son jeu. Quant à son "assistant" Mylock, le film lui accorde quelques scènes qui permettent à l'acteur Mark Dacascos de briller dans des combats parfaitement bien chorégraphiés, même si peut-être un peu exagérés si on est pas adepte des films d'arts martiaux. La palme reviendrait peut-être à Famke Janssen qui joue ici la méchante, Vander Guraad, pour qui l'actrice a retrouvé le côté sombre qu'elle avait pu donner à sa Jean Grey/Phénix dans le troisième film X-Men, avec une certaine palette de nuances qui lui apporte suffisamment de subtilité pour amener le public à bien comprendre ses motivations. Si le personnage de Cassios (Nick Stahl) peut sembler exagéré, il remplit finalement son rôle et c'est plutôt du côté de Nero que le bat blesse. Joué par Diego Tinoco, il est le très attendu Chevalier du Phénix, un des protagonistes préférés des fans et adversaire charismatique du début de chaque version de Saint Seiya. Le personnage se veut plein d'assurance mais donne surtout l'impression de cabotiner, peut-être un peu trop. Il faut en revanche reconnaître que ses scènes d'action pourraient faire oublier ce détail.

Explosion de Cosmos

Justement, difficile d'envisager Les Chevaliers du Zodiaque sans combats. Bien que l'action soit très présente dans le film, l'équilibre entre les scènes d'affrontements et les autres est plutôt correct. Mentions spéciales pour le travail d'Andy Cheng qui a coordonné les corps à corps et la réalisation de Tomasz Bagiński qui, il faut le reconnaître, a su les mettre en valeur, même si d'autres passages du film ne brillent pas autant.

Pour ce qui est de l'aspect visuel du film, on déplorera la qualité des éléments en images de synthèse. Certains véhicules, les scènes de courses-poursuites ou, dans une moindre mesure, la scène où Seiya revêt l'armure de Pégase pour la première fois sont d'une qualité qui, dans le meilleur des cas, se rapproche de celle d'un jeu vidéo. C'est peut-être également ce que l'on pourrait reprocher certains passages de l'affrontement final. Et il faut reconnaître que cela peut gâcher le plaisir à de nombreux moments. A contrario, il semble que l'accent ait été mis sur les effets en rapport avec le Cosmos – l'énergie intérieure qu'utilisent les Chevaliers – qui rendent plutôt bien à l'écran. Ces qualités et défauts visuels sont d'ailleurs accentués dans les salles où le film est diffusé en 4K : ce qui est beau rend bien, ce qui est moche est d'autant plus flagrant.

Autre point très attendu par les fans – et qui a fait réagir dès la diffusion de la bande-annonce du film – les armures sont loin d'être fidèles à leurs iconiques versions de l'anime. Et si le style assez médiéval peut surprendre, elles restent somme toute crédibles lors des scènes de combat, bien que peut-être un peu moins lors de séquences plus calmes, sans pour autant dénoter.

En définitive, le film Les Chevaliers du Zodiaque n'est pas la purge redoutée (voire annoncée) par certains, sous réserve de ne pas être un(e) fan qui souhaite revivre les émotions de sa jeunesse. Si nous sommes loin, très loin, d'avoir ici le film de l'année, le public peut se laisser porter, et ce malgré certaines faiblesses. Si on raisonne à l'échelle d'une série de films, nous sommes en présence d'un premier épisode respectable, qui aura au moins le mérite de divertir et, pourquoi pas, amener à se demander ce que pourrait donner un film Les Chevaliers du Zodiaque 2. En revanche, si on prend le film seul, il se peut qu'il soit (très) rapidement oublié.

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