Halloween approche, et pour l'occasion, pourquoi ne pas redécouvrir un petit classique méconnu du genre fantastique : Le Survivant d'un monde Parallèle, paru chez les excellents Rimini éditions, pourvoyeurs de films d'horreur vintage comme on les aime et comme on en fait plus ?

Sorti en 1980 et dirigé par le britannique David Hemmings (le photographe de Blow Up pour Antonioni), Le Survivant d'un Monde Parallèle nous conte les déboires d'un pilote d'avion (Robert Powell), seul et unique survivant du crash brutal de son 747. Sous le coup d'une intense enquête pour découvrir les causes de ce subit accident, le pilote se laisse entraîner dans une infernale spirale d'angoisse et de déshonneur tandis que, de son côté, une bien étrange jeune femme (Jenny Agutter) semble pouvoir communiquer avec les esprits des passagers décédés , pleins de rage devant cette atroce injustice qui pourrait cacher bien plus qu'une simple erreur technique ou humaine.

Certains plans sont d'une beauté saisissante

Peu connu, et c'est bien dommage, ce film fantastique aux agréables relents de La Quatrième Dimension, est une adaptation d'un roman à succès : The Survivor, écrit en 1976 par James Herbert, peu ou prou le Stephen King britannique de l'époque à qui l'on doit plusieurs romans d'importance dans le genre (certains adaptés au cinéma ou en séries), comme La trilogie des Rats, Fluke, Hanté, Le Secret de Crickley Hall ou encore Sanctuaire, récemment porté à l'écran avec Jeffrey Dean Morgan (The Walking Dead). L'auteur est aujourd'hui décédé et on attend plus que son ultime roman consacré aux enquêtes paranormales de David Ash, paraisse un jour dans la langue de Molière.

Avec son fantastique aux allures low cost (les fantômes sont bien là, mais leurs apparitions, sensationnelles pour l'époque, restent rares et de l'ordre du suggéré), le film de Hemmings se situe à une place importante de l'histoire du cinéma. En effet, il est le premier métrage a avoir été produit pour un budget supérieur à un million de dollars sur le sol australien. Alors même que son réalisateur et le roman adapté sont d'origine anglaise, il plane néanmoins une atmosphère type de l'ozploitation (terme employé pour désigner les films de genre venus d'Australie) sur ce métrage à l'étrangeté prononcée, reposant majoritairement sur le non-dit, la paranoïa et même une certaine critique des hautes instances et des décideurs en cravate.

Au milieu de l'horreur et des décombres de vies brisées, qui est le responsable ?

Si la patine type des années fin 70 début 80 plane sur le film, bien typique de son époque en ce sens, il n'en reste pas moins que ce métrage déploie un trésor d'inventivité à plusieurs mémorables occasions, comme le crash de l'avion qui occupe toute l'introduction, scène de catastrophe montée aux oignons et d'un intense réalisme, digne des plus grosses productions de l'époque. Ou encore lors d'une séquence d'angoisse et d'horreur pure, où un photographe s'étant montré trop curieux est pourchassé par le fantôme en colère d'une petite fille le poussant sous les rails d'un train en marche, l'envoyant zigzaguer au milieu des rames de voie ferrée. Et on ne vous parle pas de la fin "tranchante" que connaîtra son infortunée épouse en chambre noire !

Mais il s'agit également d'un film frôlant la science-fiction, les concepts de temps, d'espace et de perception de la réalité étant ici savamment mis à mal pour perdre encore davantage le héros principal, perdu entre deux mondes sur plus d'un plan. Ce héros indemne, seul survivant d'un crash mortel, n'est pas sans rappeler Bruce Willis dans le Incassable de M. Night Shyamalan, embringué dans les délires apparents d'une belle et mystérieuse medium (Jenny Agutter, alors sur le point de tourner en Angleterre le cultissime Loup-Garou de Londres de John Landis) alors que lui même se noie entre culpabilité, hantises et volonté de savoir à tout prix.

Des éclairages bleutés sublimement évocateurs d'un certain cinéma de genre, conviant le rêve autant que la peur. L'étrange, en un mot.

Au rang des bonus, et avec un packaging toujours aussi impeccable, Rimini nous propose de découvrir l'envers du décor de cette modeste mais importante production dans un long reportage télévisé d'époque issu d'une émission cinéma australienne, où la journaliste part pendant une demi-heure à la rencontre du casting (annonçant de manière amusante que le roman Fog de James Herbert allait alors être adapté par John Carpenter au cinéma... ce qui est tout à fait faux, le film du même nom sorti par le réalisateur de Halloween la même année n'adaptant en rien ce livre). De même, on découvre les enjeux entourant le film grâce à un très intéressant entretien avec son producteur Antony Ginnane, sans oublier un regard plus direct sur le tournage grâce aux retours du chef opérateur John Seale.

Et si les bonus vous semblent long, sachez que vous pourrez retrouver toute l'histoire du film et les dessous de sa passionnante création dans un livret signé par le journaliste et directeur de collection Marc Toullec, habitué aux rédactions accompagnant les sorties vidéos de films cultes parfois injustement oubliés, comme c'est le cas de ce Survivant qu'on vous recommande chaudement en cette saison froide.

Le Survivant d'un Monde Parallèle est édité chez Rimini Éditions.

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