Attendu pour le 5 octobre 2022 dans les cinémas français, le film d'animation Dragon Ball Super: Super Hero est sans nul doute l'hommage rendu aux personnages de Son Gohan et Piccolo que les fans attendaient depuis trente ans.
Des faux airs de Dragon Ball Z
Si comme son prédécesseur, Dragon Ball Super: Broly, ce vingt-et-unième film basé sur l'univers de Dragon Ball créé par Akira Toriyama en 1984 est directement lié à la série Dragon Ball Super, force est de constater qu'il tient davantage de Dragon Ball Z.
En effet, une des forces du film réside notamment dans le fait qu'il devrait trouver grâce aux yeux des fans de Dragon Ball Super, tout en permettant à un nouveau public de s'immerger dans l'histoire qui puise toute son essence dans l'excellente Saga de Cell, qui s'est déroulée dans la série Dragon Ball Z au début des années 90. Les fans de l'époque devraient donc, eux aussi, pouvoir y trouver leur compte.
À cette époque, Son Goku et ses alliés ont dû faire face aux cyborgs du Dr. Gero ainsi qu'à sa plus belle création, le puissant et redoutable Cell. Il aura fallu de nombreux sacrifices, dont celui du héros, pour arriver jusqu'à la victoire obtenue grâce à Son Gohan, alors adolescent, qui a fait alors montre d'une puissance inimaginable.
Or Dragon Ball Super: Super Hero pourrait être perçu comme étant la suite directe de cette célèbre saga tant son histoire en découle. Un joli cadeau pour les nostalgiques qui retrouverons de nombreuses références – tour à tour sympathiques ou maladroites – à cette période de l'histoire de l'univers Dragon Ball.
"Le gentil Son Gohan"
Celles et ceux qui ont connu Dragon Ball Z par le biais du Club Dorothée se rappelleront très certainement du générique français vantant le "gentil Son Gohan". Et c'est effectivement lui que nous retrouverons dans le film, au grand damne de son mentor et père de substitution, Piccolo.
Ce dernier a toujours été persuadé que s'il avait davantage l'âme d'un guerrier, Son Gohan pourrait, et de loin, surpasser son père et être l'homme le plus fort de la planète. Toutefois, le fait qu'il n'ait jamais fait preuve d'une grand combativité – malgré une brève période en tant que super-héros masqué au début de la Saga de Majin Boo suivant celle de Cell – a peu à peu éteint le (super) guerrier qu'il était devenu bien malgré lui pour mettre fin à la menace que Cell représentait, frustrant autant ses proches que les fans qui ont donc dû attendre trente ans avant de le voir de nouveau exploiter son potentiel.
Pas de surprise ici, la bande-annonce faisant la promotion d'un "nouvel éveil" pour le personnage, mais il faut reconnaître que la débauche de transformations que son père a accumulées au fil des années pourrait en partie le faire passer pour un petit joueur à côté de son puissant rejeton. Là encore, aucune surprise dans la mesure où depuis la première transformation de Son Goku face à Freezer, tous les ennemis plus puissants les uns que les autres ont été éliminés à grand renfort de nouvelles transformations et autres fusions.
Son père justement, ainsi que Vegeta – qui semble amené à évoluer de manière intéressante dans un avenir proche – avec qui il forme le duo au centre de Dragon Ball Super, est pour ainsi dire aux abonnés absents, et c'est probablement ici l'intérêt principal de ce film qui donne donc la part belle à un autre duo qui a manqué aux fans, celui formé par Gohan et Piccolo. Ce dernier d'ailleurs – qui profite certainement du temps d'écran le plus long du film – est un des personnages qui a le plus évolué au fil des décennies, présentant plusieurs couches qui manquent à nombre de ses camarades souvent trop lisses et prévisibles. On regrettera peut-être le fait qu'il soit parfois tourné au ridicule, mais il faut reconnaître que cela nourrit finalement le personnage qui prend une toute nouvelle dimension par rapport à son apprenti, maintenant adulte, et sa famille.
On pourrait éventuellement regretter le manque de développement d'autres protagonistes, à l'exception des différents membres de la faction adverse, mais cela a permis de ne pas s'éparpiller et de rester concentré sur les deux personnages principaux du film. Un mal pour un bien donc.
3D(ragon Ball)
Grande première pour un long-métrage Dragon Ball, l'animation est ici intégralement réalisée en 3D. Et si cela peut surprendre pendant les premières minutes de visionnage, le spectateur s'habitue relativement vite à ce nouveau style.
Pour le reste de la réalisation, il faut reconnaître que Dragon Ball Super: Super Hero est nettement moins maladroit et beaucoup plus fluide que la plupart de ses prédécesseurs, à l'exception peut-être de Broly qui avait déjà profité d'une nette amélioration. On se rappellera par exemple de La Résurrection de 'F' auquel il semblait manquer des passages, que ce soit au niveau des scènes d'action que des transitions entre deux séquences du film.
Le film, surtout au début, est parsemé de flashbacks permettant de poser le contexte ou les personnages et leur exécution est plutôt efficace. Rapides et sans fioriture, ils parleront là encore à tous les spectateurs, quel que soit leur rapport aux différentes séries Dragon Ball.
À noter que la production de ce nouveau film a débuté avant même la sortie du précédent, Dragon Ball Super: Broly, en 2018, expliquant les relativement bonnes réalisation et animation de ce nouvel opus pour lequel les différentes équipes ont su prendre leur temps.
Super Toriyama
Là encore, si Dragon Ball Super: Super Hero peut arriver à séduire les fans, même de la première heure, c'est certainement en grande partie grâce à l'implication d'Akira Toriyama. Effectivement, le papa de Dragon Ball s'est particulièrement investi dans ce film en travaillant entre autre sur le scénario. Il s'agit ici de la quatrième fois consécutive qu'il participe à l'écriture d'un des longs métrages mais avec, pour ce dernier, une influence bien plus marquée que pour les précédents.
Mais c'est aussi en réalisant le design d'une partie des personnages, principalement du côté de l'Armée du Ruban Rouge – les grands méchants du film dont les deux nouveaux cyborgs au look volontairement rétro – que Toriyama impose sa patte qui ne manquera pas d'attirer l'œil des connaisseurs.
Pour en revenir au scénario, il faut garder à l'esprit que nous restons sur quelque chose de relativement simple et particulièrement prévisible. Les gentils sont gentils, les méchants sont méchants, les héros sont héroïques. Et c'est d'ailleurs ce dernier concept qui sera particulièrement important dans le film. En d'autres termes, ne vous attendez pas à vous retrouver scotché(e) au fond de votre siège, les yeux écarquillés par la surprise ou rendus humides par l'émotion.
Non, Dragon Ball Super: Super Hero est tout simplement ce qu'on lui demande d'être. Il s'agit là bel et bien d'un film Dragon Ball, empreint de tout ce qu'on attend de lui, allant des combats dynamiques aux méchants au prime abord imbattables, en passant par les héros mis à mal qui trouveront en eux la force de se dépasser, le tout saupoudré d'humour (parfois malheureusement mal dosé et déclenché aux moments les moins judicieux). Une recette classique mais qui fait ses preuves pour un film qui, à défaut d'avoir le potentiel de devenir culte, devrait vous faire passer un assez bon moment et rappeler quelques bons souvenirs à certain(e)s, tout en développant enfin des personnages sous-exploités depuis trop longtemps.
Dragon Ball Super: Super Hero, au cinéma dès le 5 octobre 2022.