1995, le monde découvrait le jouet Buzz l'Éclair dans Toy Story. 2022, Disney et Pixar nous font découvrir le film censé être à l'origine du jouet. Sans être réellement un spin-off ou un préquel, le film Buzz l'Éclair (Lightyear en VO) arrive à raccrocher les wagons avec les films dont il est inspiré, tout en réussissant le pari de s'offrir une identité bien à lui.

Un arrière goût de Toy Story, mais pas que.

On pourrait presque l'oublier, mais le Buzz l'Éclair que le public découvre au début du premier Toy Story est loin d'être dans le même délire que les autres camarades de jeu du jeune Andy. Et pour cause, il était alors persuadé d'être le "vrai" Buzz, le Ranger de l'Espace le plus brave et efficace de Star Command, et sûrement pas une vulgaire figurine en plastique.

Du moment où il sort de son vaisseau (ou plutôt sa boite) jusqu'à la prise de conscience de son statut de jouet, Buzz l'Éclair a régalé le public de répliques, mimiques et comportements des plus drôles, pour ne pas dire loufoques. Et sans surprise le film rend hommage aux débuts cinématographiques du personnage. On notera par exemple, les premiers pas du Ranger sur la planète inconnue qui reprennent de nombreux éléments de ceux de sa version plastique sur le lit d'Andy.

Toutefois, le film d'Angus MacLane sait s'éloigner du matériel d'origine au point de nous faire oublier Toy Story, tout en saupoudrant certaines scènes de références plus ou moins subtiles. Hasard du calendrier, certains passages ne sont pas sans rappeler Top Gun: Maverick, sorti un mois plus tôt. Buzz partage un certain nombre de traits avec Pete "Maverick" Mitchell (Tom Cruise) que ce soit au niveau de son caractère, de son rapport à la hiérarchie ou ses évidents talents de pilotes qui impliquent une certaine part d'ego et de prise de risque.

Pour ce qui est du réalisateur, il n'en est pas à son coup d'essai concernant la gestion des grands espaces, voire même de l'espace. En effet, au cours de sa carrière chez Pixar, il a été notamment amené à travailler sur Le Monde de Nemo, Le Monde de Dory ou encore Wall-E. Quand à Buzz l'Éclair, il a déjà été au centre des travaux de MacLane avec, entre autre, les deux courts métrages Mini-Buzz et Toy Story : Angoisse au Motel, qu'il a réalisés. Un terrain bien connu donc pour l'animateur-réalisateur américain.

Un voyage initiatique à travers l'espace et le temps

Un des points forts du film Buzz l'Éclair réside dans l'évolution du personnage. À l'instar du Buzz de Toy Story, celui du film de 2022 évolue constamment au fil du temps, des obstacles et des rencontres. Si l'on retrouve le Ranger de l'Espace quasi monomaniaque, borné et très académique – au point de l'en rendre presque benêt – du début du film qui a lancé l'aventure Toy Story, on aura également affaire, sans surprise aucune, au bon camarade prêt à jouer en équipe, même si cela lui en coûte.

Un point fort qui peut finalement être une légère faiblesse tant il n'est pas surprenant si on prend en compte l'évolution du Buzz des origines. Mais là encore, le film est suffisamment intelligemment pensé pour que l'on oublie Toy Story et se laisse embarquer dans cette aventure qui en devient presque inédite.

Et si Buzz est l'élément central du film, il est loin d'être le seul personnage à évoluer au fil de l'histoire, ce qui tend à rendre encore plus convaincantes et intéressantes ses interactions avec les différents protagonistes.

La cible dans le viseur de Pixar

Si Toy Story était plein d'une douce candeur, ce n'est pas forcément le cas du film Buzz l'Éclair. Les cents minutes du film sont bourrées d'action et de combats, sans pour autant véritablement basculer dans la violence. La mort et la peine sont également au rendez-vous mais toujours amenées avec logique, voire même délicatesse. On se surprendra à avoir la sensation de vivre plusieurs minutes plutôt prenantes comme on l'aurait fait avec des films plus adultes pour d'un coup être rattrapés par un élément comique qui nous rappellera que nous partageons la salle avec des enfants. Quant aux enjeux, petits et grands pourront les appréhender, même si chacun aura sa manière de le faire.

Toutefois, il est à noter que les enfants de moins de dix ans peuvent être parfois déroutés par la complexité de certains concepts au cœur de l'intrigue et très légèrement apeurés au cours de certaines scènes. Rien de méchant pour ce film évidemment tout public, mais comme pour, par exemple, un Shrek, il y a fort à parier que les plus grands seront peut-être davantage la réelle cible du film.

Les oreilles dans les étoiles

Si l'on regretterait presque de ne pas entendre à nouveau le Starman de David Bowie qui accompagnait la bande-annonce de Buzz l'Éclair, la bande-originale du film signée Michael Giacchino nous fait très rapidement oublier toute idée folle de changer la moindre note à la partition qui est jouée tout au long du film.

Que ce soit les scènes légères ou celles dignes d'un space opera, la moindre image du film est parfaitement bien accompagnée par la musique du compositeur. L'influence de l'univers Star Wars est évidemment présente mais sans pour autant dénaturer l'essence même du film. On y entendra davantage un clin d'œil qui, d'une certaine manière, peut faire echo à la rencontre de Buzz et du terrible Zurg dans Toy Story 2 qui avait alors emprunté à la saga de George Lucas la célèbre réplique "Je suis ton père".

Voix Lactée

Pour cette histoire nous racontant les débuts – ou presque – du légendaire Buzz l'Éclair, les doubleurs d'origine ont été remplacés par des comédiens plus jeunes et dynamiques. Exit donc Tim Allen (pour la VO) et Richard Darbois (pour la VF) au profit respectivement de Chris Evans (le Captain America du Marvel Cinematic Universe) et François Civil. Si cela ne pose au final aucun problème et semble on ne peut plus logique et appréciable, il est vrai que le ton assuré du personnage de Toy Story pourrait manquer à certain(e)s dans les premières minutes du film.

Quant au reste du casting, il faut reconnaître qu'il a été plutôt bien choisi, ou presque. Si le style de Taika Waititi colle parfaitement bien au personnage de Mo' en VO, l'assurance et le charisme de Tomer Sisley en VF dénote peut-être avec le personnage qui nous est dépeint au cours de l'aventure. La palme de la bonne surprise revient en revanche à Chantal Ladesou qui campe une Darby au poil. Si entendre les premiers mots du personnages peut dérouter les personnes connaissant la comédienne, force est de constater que sa voix bien particulière colle à merveille à la doyenne de l'équipe.

Vers l'infini et au-delà ?

Buzz l'Éclair, sans être le film de l'année, est en résumé un très bon moment pour petits et grands. Mais que les fans nostalgiques de Toy Story ne s'attendent pas à retrouver l'ambiance et le style des quatre films de Pixar. Si le visuel emprunte quelques éléments aux styles et codes de la saga sur les courageux jouets, il n'en demeure par moins un film d'animation moderne mettant en avant des personnages humains parfaitement crédibles à l'écran. Quant à l'humour, même si très présent, il n'est pas forcément empreint de celui des jouets et reste celui plausible – ou presque – d'adultes vivant une aventure dans laquelle leur vie et le sort du plus grand nombre sont en jeu. Et pour ce qui est de l'histoire, même si simple et téléphonée par moments, elle saura vous tenir en haleine pendant toute la durée du film et vous faire passer un bon moment que vous y alliez seul(e)s ou accompagnés d'enfants.

On notera la fin ouverte du film qui, en tant que telle, satisfera le plus grand nombre tout en donnant envie de découvrir les prochaines aventures du Ranger de l'Espace. De quoi ouvrir le champ des possibles à Pixar Animation Studios et Walt Disney Pictures si les résultats au box-office mondial sont au rendez-vous.

Buzz l'Éclair d'Angus MacLane, au cinéma dans les salles françaises à partir du 22 juin 2022.

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