Nous avons discuté avec Yann Graf de chez Urban Comics à propos de Wonder Woman et des comics indispensables que tout fan de BD américaine se devait de connaître.
Bonjour Yann, et merci de répondre à notre interview à propos de la princesse amazone ! Avant tout, peux-tu préciser ton rôle au sein d'Urban Comics pour nos lecteurs ?
Bonjour Ed. Je suis éditeur pour Urban Comics, je supervise la réalisation d’albums et de magazines kiosque et j’assiste François Hercouët, le directeur éditorial, quant à la programmation et la conception de la ligne éditoriale consacrée aux comics.
Est-ce que tu regardais la série TV quand tu étais petit ? Tu es peut-être trop jeune pour l'avoir vue à l'époque...
Je l’ai regardée bien sûr, ainsi que l’Incroyable Hulk et Batman avec Adam West (le deuxième meilleur Batman live, selon moi, et qui vient nous quitter >snif< ) !
Comment as-tu découvert Wonder Woman, à titre personnel ?
Je crois que c’était dans les épisodes de la Ligue de Justice de Gerry Conway et George Pérez parus chez Arédit. Je suivais aussi la série dans Hercule chez le même éditeur avec l’imbroglio du Steve Trevor amnésique venu d’une Terre parallèle (déjà, les Terres parallèles !)
Quelle lecture conseilles-tu à ceux qui ont découvert Wonder Woman avec le film qui vient de sortir au cinéma ?
Le point d’entrée parfait ce serait la série Wonder Woman Rebirth dont on lance le premier tome ce mois-ci : écrit par Greg Rucka et dessiné par Nicola Scott, ce premier tome présente, comme dans le film, les débuts du personnage (l’album s’intitule « Année Un »). Même si le contexte est différent (l’aventure se situe de nos jours et non durant la Première guerre mondiale), on retrouve les événements essentiels : la rencontre avec Steve Trevor, le tournoi pour gagner le droit d’aller dans le « Monde des Hommes », le costume, les armes etc… Son adversaire y est également Arès, le dieu de la Guerre.
Une autre recréation assez belle et contemporaine est celle de Grant Morrison et Yanick Paquette dans Wonder Woman Terre-Un, qui est une autre vision de ces origines, plus proche des films à grand spectacle (on reconnait certaines actrices comme « modèles » graphiques des personnages) et où Morrison joue avec certains présupposés (Steve Trevor est afro-américain, les mœurs de Themyscira occupent une grande place).
Enfin, la version classique qui a, de plus, influencé le film est celle de George Pérez qu’on a publiée dans les albums Wonder Woman Dieux et Mortels (en collection DC Essentiels) : on y retrouve notamment toute l’intrigue concernant Arès même si en lieu et place des attaques au gaz, elle tourne autour de codes nucléaires. La série est également réputée pour son discours féministe très engagé (Steve Trevor apparaît peu et la majeure partie du cast est féminin : les Amazones, elles, sont très présentes).
Et si vous voulez en apprendre plus sur la création du personnage et découvrir des périodes aussi étranges que celle où Wonder Woman faisait équipe avec des versions adolescentes et bébé d’elle-même, ou sa période « Emma Peel » dans les années 60 où elle pratiquait le kung-fu et avait un mentor chinois, nous avons publié deux ouvrages : Wonder Woman Anthologie, avec une sélection d’une quinzaine d’épisodes réalisées par les plus grands noms (de son créateur, William Moulton Marston, à Gail Simone en passant par John Byrne, Pérez, Phil Jimenez, ou l’immense et regretté Gene Colan) ainsi que des articles retraçant toute l’histoire du personnage ; et Tout l’art de Wonder Woman, un beau livre qui revient sur les différents auteurs et événements de la série, avec une iconographie foisonnante.
Quels sont les incontournables que tout bon amateur de super-slips se doit d'avoir dans sa bibliothèque ?
En dehors des titres précédemment évoqués, on peut citer également la série Wonder Woman réalisée par Brian Azzarello et Cliff Chiang, en 6 tomes dans notre collection DC Renaissance. C’est là qu’on y découvre les liens de Diana avec Zeus et l’intrigue tourne dès lors autour des relations « familiales » qu’elle entretient avec le panthéon des dieux grecs. Et puis, Azzarello et Chiang y réintroduisent les Néo-Dieux de Jack Kirby, notamment Orion, le fils de Darkseid, ce qui est un vrai régal.
Un autre run important est celui de Greg Rucka, qui avait déjà écrit la série dans les années 2000, et que l’on ressort en trois tomes dans la collection DC Signatures (Greg Rucka présente Wonder Woman) et qui met l’accent sur le rôle d’ambassadrice de Themyscira et son action dans le milieu de la politique US : on est entre The West Wing et House of Cards, et Wonder Woman y affronte une multimilliardaire sans scrupules et très influente ; une sorte de Lex Luthor au féminin. Mais Rucka utilise lui aussi le bestiaire mythologique, ce qui produit un mélange étonnant !
Question subsidiaire : pour un dîner romantique, tu préfères Wonder Woman ou Power Girl ?
En bon fan de Kirby, je préfère Big Barda. 😉
Merci, Yann. Et à bientôt pour de nouvelles aventures !