À l’approche de la version télévisée de Sandman sur Netflix, Urban Comics nous propose de découvrir le titre phare de la relance de l’univers Sandman par DC Comics il y a 4 ans (relance qui a fait long feu). The Dreaming, scénarisé par Si Spurrier sur une idée de Neil Gaiman, présente une suite quasiment officielle et plutôt réussie de la série originelle, en adoptant toutefois une approche et un ton qui tranche avec l’onirisme contemplatif de la version de départ.

The Dreaming

(image : © DC Comics)

Une véritable suite ?

On peut véritablement considérer que The Dreaming reprend là où Sandman s’est arrêté. Il nous dévoile ce qui se passe dans le songe, le royaume des rêves alors que Daniel, la nouvelle itération du rêve, le maître des lieux, s’est absenté. Le clin d’œil est assez malin puisque de fait Si Spurrier commence sa série comme l’avait fait Neil Gaiman, à savoir les conséquences de la disparition du rêve sur son royaume. Et c’est le pauvre Lucien, le libraire qui doit tout gérer à sa place. Tous les personnages emblématiques de la série originale sont de retour : Mervyn la citrouille, Matthew le corbeau, Cain et Abel, Eve et on les retrouve avec un plaisir non dissimulé puisqu’ils ont tous un rôle à jouer dans l’intrigue. Car en effet, les murs du royaume commencent à se craqueler, et de nombreux incidents se produisent, comme ces créatures faites de matière onirique et sans âme qui apparaissent d’un coup. Ou des vouivres qui soudain se mettent à vomir du cambouis ! La sérénité du royaume est menacée et Lucien devra faire appel pour l’aider à un nouveau personnage, Dora, dont la quête de ses origines sera déterminante pour le récit. Les fans retrouveront le Juge Potence (déjà apparu dans la 1ère série The Dreaming il y a 20 ans), un cauchemar remisé au placard qui attise chez les rêveurs la haine de l’autre et la xénophobie et que l’on va appeler pour remettre de l’ordre. On apprendra aussi les raisons de l’absence de Daniel alors qu’une toute nouvelle entité prend le pouvoir dans le songe.

The Dreaming

(image : © DC Comics)

Du Vertigo, mais pas du Sandman

La très bonne idée, c’est d’avoir donné les clefs du songe au scénariste Si Spurrier. En effet, ce dernier possède un ton très « Vertigo », c’est-à-dire qu’il n’hésite pas à truffer son récit d’apparentes incongruités qui feront sens une fois son histoire développée. Il avait déjà décontenancé les lecteurs de chez Marvel avec sa série sur Legion (X-Men Legacy) ou encore sa relance de X-Force qui proposaient des histoires totalement dingues et barrées. Son style l’emmène forcément vers des personnages plus sombres de l’univers DC et ce n’est pas une surprise si c’est lui qui a pris en main une nouvelle version de John Constantine. Si Spurrier possède un ton, une façon d’écrire qui pourra troubler les gens au départ. En effet, ses débuts de récits sont toujours un peu faibles, à la limite de l’incompréhension mais il s’agit simplement d’une mise en place pour un véritable festival narratif qui prend forme au bout de quelques épisodes. C’est sa manière d’écrire et cela rend son écriture assez exigeante mais le final vaut toujours la chandelle. Si le ton bizarre des séries Vertigo est présent, il est toutefois très éloigné de celui du Sandman de Neil Gaiman, voire d’Alisa Kwitney, qui avait scénarisé la 1ère série The Dreaming il y a 30 ans. En effet, l’écriture de Spurrier est nerveuse et cynique, c’est-à-dire totalement à l’opposé du style de Gaiman. Mais cela ne pose pas de problème ici puisqu’il respecte totalement les personnages déjà existants. Son Mervyn ne dépareille pas de ses précédentes apparitions. Spurrier en profite aussi pour s’attarder sur la hiérarchie du songe, décrit ici un peu comme une sorte d’usine. Il y a des ouvriers, des contremaîtres et même ses tire-au-flanc. En dehors de son récit principal, le scénariste nous propose 2 épisodes distincts de l’intrigue principale sur le départ de Daniel, en faisant revenir par la même occasion l’un des personnages les plus appréciés de la saga originale :  Rose Walker. L’intrigue est pour l’instant réussie et donne envie de voir la suite !

The Dreaming

(image : © DC Comics)

Bilquis Evely, une confirmation

On avait déjà pu remarquer le talent de la jeune artiste Bilquis Evely sur différents titres DC Comics et elle se surpasse sur The Dreaming, arrivant à donner une forme très personnelle aux monstres les plus improbables. Elle peut véritablement tout dessiner et semble à l’aise quel que soit le type de récit. Et il faut dire que The Dreaming enchaîne les séquences de différentes natures, allant parfois même jusqu’au western. Et cela ne pose aucun problème ! C’est vraiment brillant et on attend avec impatience sa version de Supergirl avec Tom King. Elle est remplacée le temps de deux numéros par Abigail Larson, dont le style tranche énormément avec celui de Evely et qui paraît beaucoup plus fade et froid. Mais nous avons aussi d’autres artistes présents en début de recueil, puisque le lecteur de la version française aura droit au numéro spécial The Sandman Universe qui présente toutes les nouvelles séries initiées lors de ce relaunch Sandman. Peut-être que pour cette édition précise, Urban Comics aurait pu s’éviter de nous proposer les pages introductives à Books of Magic ou encore Lucifer, qui n’ont aucun intérêt pour The Dreaming, mais on ne va pas se plaindre d’avoir des planches aussi jolies que celles des frères Fiumara.

The Dreaming commence assez mollement mais monte au fil des numéros en puissance. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, c’est le style de l’auteur. C’est donc plutôt réussi et on s’attend donc à un véritable festival pour le 2e volume qui clôturera la série.

The Dreaming T1 (The Dreaming n°1-9/ The Sandman Universe n°1) est une série publiée par Urban Comics en France et par DC Comics aux Etats-Unis. Le 2e tome est à paraître prochainement. 

The Dreaming

The Dreaming, Urban Comics

 

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