Nouveau titre de l’Energon Universe, réunion des univers Transformers et GI Joe relancé par Robert Kirkman, Scarlett – Mission spéciale se veut être une grande introduction à la nouvelle série G.I. Joe. La présence de Kelly Thompson, une scénariste toujours très intéressante et originale, laissait présager un titre au minimum sympathique. Mais en dépit de quelques fulgurances, il faut se rendre à l’évidence : Scarlett est un comic book mal fichu, particulièrement mal dessiné et qui ne tient pas ses promesses. Le pire, c’est qu’il n’y a pas de conclusion.

Des premières images qui fonctionnent pourtant bien ( Image © HASBRO )
En toute honnêteté, et même s’il fonctionne en termes de ventes, cet Energon Universe n’éveille en moi aucun intérêt. J’ai lu les trois ou quatre premières séries que j’ai trouvées assez médiocres et qui ne m’ont pas donné envie de suivre cet univers. Pourtant, j’avais pas mal d’espoir avec Scarlett puisque je suis plutôt client du travail de Kelly Thompson (Birds of Prey, Captain Marvel) qui ouvre toujours des perspectives originales dans ses histoires.
C’est donc avec curiosité que j’ai ouvert cette mini-série, attendant une histoire d’espionnage fun et bien écrite. Je ne connaissais pas du tout le dessinateur, Marco Ferrari, mais les quelques previews ne m’avaient pas rebuté. Lors de mon 66.6 €, j’avais même, à la lecture du premier épisode, laissé entrevoir le fait que la série pouvait être une franche réussite pour les amateurs du genre. Mal m’en a pris. Scarlett est une véritable déception qui laisse le lecteur assez frustré par une conclusion inexistante... puisqu'à suivre dans une autre série !
L’histoire en quelques mots : nous suivons les aventures d’un des membres les plus connus de G.I. Joe, Shana « Scarlett » O’Hara, qui doit infiltrer une redoutable organisation criminelle : le clan Arashikage. Et quelle n’est pas sa surprise de découvrir, à l’intérieur de ce clan, son ancienne partenaire Jinx, avec qui Scarlett a tout vécu et qui a disparu depuis quelques années. La redoutable rouquine va devoir tout mettre en œuvre pour non seulement se faire accepter par l’organisation mais aussi empêcher des criminels dangereux de mettre la main sur une arme hyper puissante. Quel est le rôle de Jinx dans cette histoire ? Scarlett arrivera-t-elle a mener sa mission à bien ? J’aurais pu écrire « vous le saurez en lisant Scarlett » mais ça aurait été un mensonge. Car ce qui est le plus frustrant dans Scarlett, c’est que vous n’aurez, dans ce titre en cinq épisodes, même pas un récit complet.
La mini-série n’est qu’une grosse introduction à une intrigue plus importante qu’il faudra donc suivre dans G.I. Joe. Scarlett laisse ses lecteurs totalement au bord de la route, les incitant donc à prendre une autre série s’ils désirent connaître les conséquences de l’histoire. Cinq épisodes qui ne sont qu’une grosse scène d’infiltration dans une tour pour y dérober un artefact puissant. Et c’est tout ! Le lien entre Jinx et Scarlett n’est pas résolu, ni même l’histoire principale, celle qu’on nous a vendu en début de mini-série. C’est clairement dommage.

Le seul point positif de la série : une bonne relation entre les deux héroïnes (Image © HASBRO)
Pourtant, comme à son habitude, Kelly Thompson arrive à produire des pages sympathiques, notamment en ce qui concerne la relation entre Jinx et Scarlett, que j’ai trouvée plutôt bien fichue et surtout finement mise en place. On ressent parfaitement la complicité des deux jeunes femmes, notamment via ce code secret qui n’est connu que d’elles, un peu comme deux sœurs qui inventeraient des mots qu’elles seules peuvent comprendre.
Tout ce qui concerne Jinx et Scarlett est une réussite, et c’est d’autant plus frustrant quand on sait qu’il n’y aura pas de résolution. Tout du moins pas par la scénariste, puisque G.I. Joe sera aux mains de Joshua Williamson et Tom Reilly. De fait, toute la construction tombe à l’eau lors du dernier épisode et rend de fait toute la mini-série totalement vaine puisqu’il n’y aura aucune avancée concernant les personnages. Nous sommes exactement dans la même situation qu'au début du premier épisode. Et c’est terriblement frustrant.
Par cette volonté (malheureusement classique chez les éditeurs qui fonctionnent) d’étirer à l’infini un univers, on se retrouve avec des séries sans grand intérêt, reliées artificiellement à des titres plus importants, histoire de faire monter les attentes.

Sincèrement : est-ce que ces dessins sont à la hauteur d'un comics ? (Image © HASBRO)
Et comme rien ne nous sera épargné, les dessins de Marco Ferrari ne sont pas, eux non plus, à la hauteur du titre. Et je me suis fait avoir car Ferrari arrive à donner le change lors de scènes de dialogue ou d’infiltration. Ce n’est pas très joli, c’est très vide, mais ça passe encore. Quelques designs arrivent même à nous dire que ce n’est pas si mal. En revanche, dès que cela bouge un peu plus, c’est-à-dire dès qu’il y a une scène d’action, c’est une pure catastrophe.
Il est évident à la lecture de Scarlett que Marco Ferrari ne sait absolument pas gérer les personnages en mouvement. C’est confus, on ne comprend pas ce qui se passe et c’est à la limite de l’illisible. Il n’arrive pas à tenir la cadence, ni le rythme effréné du récit et c’est, à mon sens, le point le plus négatif du récit. Cela renforce en tout cas l’idée que Scarlett n’est qu’une série bouche-trou, qui ne doit son existence que pour vendre un peu plus de comics de cet univers, décidément très mal parti.
Scarlett – Mission speciale, par Kelly Thompson, Marco Ferrarri, traduit par Julien Di Giacomo. Disponible dès le 14 février 2025 chez Urban Comics, dans la collection Energon Universe, 136 pages, 18 euros.