Imaginez un gorille immense qui terrorise la population New-Yorkaise, après avoir été sorti de force de son habitat (sur)naturel. Tout le monde connait l’histoire de King Kong, le singe géant menaçant et amoureux, perché en haut du l’Empire State Building, chassant les avions qui l’attaquent comme de vulgaires moustiques. Mais connait-on celle des deux hommes qui sont à l’origine du personnage, de l’histoire et du film ? Ils s’appellent Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. C’est en sortant d’une projection mouvementée du film Ingagi en 1930, que les deux amis décident de créer leur propre film sur "La Bête", mais ils vont devoir, avant tout, affronter les affres du monde du cinéma. Voici leur histoire, et la genèse du premier film sur King Kong.
L’Homme de l’année, la critique du tome 18 : 1933
La BD raconte bien évidemment la genèse du montre poilu ou comment le roi Kong est devenu le roi du box-office. C’est une plongée dans l’industrie cinématographique qui nous dévoile tout l’envers du décor : les enjeux financiers, le temps investi, l'argent, nerf de la guerre, les réticences, les retards, les imprévus, les multiples versions du scénario, les inspirations (Alcatraz pour Skull Island), les caprices, les idées de dernières minutes (le retour à New-York initialement non prévu), la guerre des studios, les egos, la concurrence et la naissance des effets spéciaux.
Tout est là pour plaire aux cinéphiles et aux curieux. Mais c’est avant tout la passion, l’acharnement, le destin de deux hommes qui mènent à bien leur projet, et celui d’un troisième en toute dernière page. Deux détails amusants. Le premier, ce film changera à jamais l’histoire du cinéma, mais surtout celui d’un futur maitre de l’animation. Second détail, King Kong sera l’unique film que les deux hommes réaliseront ensemble.
Curieusement, il manque des dates dans le déroulé de l’histoire pour le suspense. On sait que Ingagi est sorti en 1930 et King Kong en 1933 (merci Wikipédia). L’histoire se déroule donc entre ces deux dates, mais pour la tension, le suspense, la pression du tournage, auraient pu être accentuées par des dates ou un compte à rebours. Mais c'est bien là tout ce qu'on trouver à redire sur cette histoire. Parce qu'on se laisse porter d'un bout à l'autre, c’est juste passionnant de voir sous nos yeux, tel un documentaire, la genèse de ce film qui laissera son empreinte dans l’Histoire du cinéma. Les dessins sont plutôt réalistes et les extraits dessinés de films en noir et blanc sont de grande qualité et très réjouissants. Ce nouveau tome vient donc compléter avec brio une collection passionnante.
Le concept de L'homme de l'année
La série de BD L'Homme de l'année est une série concept véritablement instructive et captivante éditée par Delcourt. La série parle des Hommes de l’ombre, des anonymes ou non, ayant existé ou non, mais qui par leurs actions, ont fait l’Histoire, celle avec un grand H, sans la marquer de leur nom propre. L’Homme qui inventa King Kong (au singulier, les sous-titres comme le titre sont toujours au singulier, même si là ils sont deux hommes) est le dix-huitième tome de cette série initiée en janvier 2013 par Pécau, qui officie ici aussi une fois de plus au scénario. Le premier tome racontait l'histoire du soldat, qui aura sa sépulture installée sous l’arc de triomphe, à Paris le 11 novembre 1920. Ce même soldat inconnu que les chefs d’état visitent et honorent tous les ans à l’occasion du 14 juillet. Les tomes suivants voyageront à travers le temps et les époques, de manière tout à fait aléatoire, sans respecter de chronologique sans volonté autre que celle de raconter de belles histoires, retournant même lors du tome huit, jusqu’en -44 à l’époque romaine de l'empereur César. Le plus proche de nous chronologiquement étant le tome seize qui traite des manifestations sanglantes de la place Tiananmen à Pékin (capitale de la démocratie) en 1989.
L'Homme de l'année, tome 18 : 1933, Éditions Delcourt, 56 pages, 14,95€ (9,99€ en numérique). Sortie le 10 novembre 2021. Scénario : Pécau. Dessin : Dejan Nenadov.