Le simple fait de collectionner des comics peut se présenter sous plusieurs formes, généralement liées à ce que vous collectionnez, ce que vous considérez vous-même comme étant une collection ainsi qu'à la valeur que vous accordez à ce qui la compose.
À moins de faire partie des "complétistes" et de viser la collection de l'intégralité d'une série, votre intérêt se portera donc principalement sur des comics bien précis. S'il est évident que chaque collection est motivée par des raisons qui nous sont propres, nous allons aborder les différents types de comic books individuels qu'il peut être intéressant de collectionner.
Quels comics collectionner ?
Avant de se demander quels comics collectionner, il est important de s'interroger sur pourquoi on collectionne ou souhaite le faire. Pour certain(e)s la motivation première sera la passion. On peut souhaiter posséder certains comics pour la simple et bonne raison qu'on les trouve beaux, qu'on aime un personnage, un auteur, un artiste, ... n'importe quelle motivation qui fait que vous ressortirez de temps à autre vos comics avec un certain plaisir, qu'ils soient en parfait état ou usés par les centaines de fois où vous les avez lus. Pour d'autres, la motivation peut être la fierté. Il peut s'agir de comics rares, marquants pour l'histoire de l'industrie du comic book, pour un personnage ou une équipe, la carrière d'un artiste, ... les raisons peuvent être nombreuses. Évidemment, tout cela peut se mélanger et d'autres motifs peuvent bien sûr s'ajouter.
Au-delà des "comics de cœur", vous pourriez donc vouloir vous intéresser à certains types de comics dont notamment les first appearances, les key issues ou les variant covers.
Qu'est-ce qu'une First Appearance ?
Sans surprise, une first appearance est un comics dans lequel un personnage (ou éventuellement une équipe ou pourquoi pas un objet ou un véhicule) apparaît pour la première fois de son histoire. En revanche, une subtilité peut entrer en jeu :
Les caméos
Il arrive que des personnages fassent leur entrée de manière subtile dans le monde des comics. Lorsque cette première apparition n'est quasiment qu'anecdotique, dans seulement une case ou deux, on parlera généralement de caméo (ce qui peut se définir par un "passage éclair").
La first full appearance
La first full appearance, autrement dit la première apparition complète, ne prête généralement pas à débat. Il s'agit bien de la première fois que l'on voit le personnage en entier, souvent dans des cases plus grandes et/ou plus nombreuses, voire au sein d'une page pleine.
Pour illustrer, Wolverine est apparu pour la première fois dans la toute dernière case du Incredible Hulk #180 de 1974. Un caméo donc selon les critères précédemment évoqués, même si le mutant griffu y est apparu en entier. Quant à sa first full appearance, elle s'est produite dans le Incredible Hulk #181, et effectivement, Wolverine est au centre de l'action.
En terme de cote, le numéro 180 peut monter à plus de 2000€ là où le numéro 181 peut facilement dépasser les 9000€. Une différence notable et un ratio que l'on retrouvera, plus ou moins important, entre le caméo et la first full appearance.
Petite astuce : si vous cherchez dans quel comics est apparu un personnage, vous trouverez l'information notamment sur sa page Wikipedia ou d'autres bases de données. Mieux encore, sur Wikipedia toujours, vous pouvez trouver par exemple des listes des premières apparitions des super-héros.
Qu'est-ce qu'une Key Issue ?
Une key issue est un comics qui se distingue des autres principalement par son contenu ou son contexte. En plus des first appearances évoquées ci-dessus, nous pouvons par exemple compter la mort d'un personnage, ses origines, une décision (l'arrêt de sa "carrière" de super-héros par exemple), un événement (un mariage ou une naissance) ou n'importe quoi qui impactera dans une certaine mesure un ou plusieurs personnages. Les débuts de carrières de scénaristes ou artistes ainsi que les changements peuvent également rentrer dans les key issues.
Les spécialistes tendent à classifier les keys issues en deux groupes (et parfois des sous-groupes) :
Les keys issues mineures
Dans les key issues mineures, nous pouvons, par exemple, mettre les changements de look, costume, armure, etc. d'un personnage ou le changement d'artiste sur une série. Il peut y avoir également des éléments marquants pour un personnage sans qu'ils n'aient un gros impact. Par exemple, dans le comics The Mighty Thor numéro 390 de 1988, Captain America soulève Mjolnir pour la première fois, chose qu'il fera à d'autres occasions dans les années suivantes. Si cela a permis d'en dire long sur la personnalité de Steve Rogers, qui s'est révélé digne du marteau du Dieu du Tonnerre, l'impact sur lui ou son alter ego au bouclier est quasi nul, voire nul.
Il s'agit donc ici principalement de comics prisés par les fans d'un personnage ou d'un artiste.
Les keys issues majeures
Si évidemment les first appearances (surtout des personnages importants) sont facilement classées dans les key issues majeures, on peut leur adjoindre des événements eux aussi majeurs. La mort d'un personnage important par exemple peut revendiquer ce statut. C'est le cas du Batman #428 dans lequel Jason Todd, le second Robin, est tué par le Joker. Un décès marquant pour le Chevalier Noir qui aura de nombreuses retombées au fil des années.
Toutefois, comme bien souvent, on peut ajouter une part de subjectivité à ce type de classification.
Par exemple le Marvel Super-Heroes Secret Wars #8 de 1984 introduit le symbiote qui deviendra, quatre ans plus tard, Venom (dans The Amazing Spider-Man #300 qui marque au passage les 25 ans de Spider-Man et le premier encrage de Todd McFarlane). Pour certains, il s'agit d'une key issue majeure vu son impact sur Marvel Comics. Mais malgré tout, d'autres ne voient là qu'une key issue mineure vu les conséquences immédiates sur Spider-Man se limitant, à ce stade de la vie du personnage, à un nouveau costume. Et cela se ressent sur la cote du second sept à dix fois supérieure à celle du premier.
Autre exemple avec le The Man of Steel #1 de 1986. Si ce numéro et les cinq autres qui composent la mini-série permettent de préciser les origines de Superman, il n'est pourtant pas considéré comme une key issue, même mineure. Et pourtant, il a marqué à jamais l'industrie du comic book en étant le premier comics ayant une variant cover pensée en tant qu'objet de collection.
Les Variant Covers
Nous venons de le voir, les variant covers (ou couvertures alternatives) peuvent également être des comics intéressants à collectionner. Il en existe plusieurs types, que vous retrouverez en détail dans notre article sur les variant covers et leur valeur.
Combien coûtent ces comics ?
Plusieurs facteurs vont entrer en ligne de compte quand il s'agit de la cote des comics. Le premier va être, comme à chaque fois ou presque, le rapport entre offre et demande. La rareté induite par plusieurs choses, comme l'ancienneté, l'état ou le fait par exemple qu'un comics soit dans sa version newsstand, entrera donc forcément en ligne de compte. La notoriété d'un personnage, pouvant notamment évoluer en fonction des films et séries le mettant en scène, joue également pour beaucoup depuis que les super-héros sont davantage mis en avant. Et bien évidemment, la part d'affect et de subjectif pèse dans la balance pour définir combien vous êtes prêt(e) à dépenser pour un comics.
Pour illustrer l'impact du cinéma sur le prix des comics, la cote du Tales to Astonish #13 (1960) dans lequel est apparu Groot a augmenté dès l'annonce de la présence du personnage dans le film Les Gardiens de la Galaxie, pour tripler l'année de sortie du film, en 2014. Aujourd'hui, sa cote est à près de 5000€ alors qu'elle tournait autour de 1500€ en 2014.
Il existe tout de même plusieurs sources permettant d'estimer le prix d'un comics comme par exemple les sites Comic Book Realm ou Comic Price Guide. De plus, vous pouvez également vous référer à la "bible" version papier, l'Overstreet Comic Book Price Guide, qui liste tous les comic books américains existants. Son défaut reste que les cotes s'arrêtent à celles relevées lors de l'édition du guide et ne tiennent donc logiquement pas compte des fluctuations induites, entre autre, par l'actualité autour d'un personnage, les achats des spéculateurs qui se sont manifestés après l'édition, ou même le temps. Pour l'exemple, depuis l'annonce du projet de film Static Shock, le comic book Static #1 est passé de moins de 10€ à cinq ou six fois ce prix.
A noter que nous ne nous sommes intéressés ici qu'aux comics issus du marché américain, le marché français ayant ses propres codes qui ne suivent pas forcément ceux outre Atlantique.
Pour illustrer ce point, le comics français Hulk/Gamma #11 (Arédit, 1980) qui reprend les numéro 180 et 181 de Incredible Hulk et introduit donc Wolverine (ou plutôt "le Glouton" en français à l'époque), cote à environ 5€ (voire 10€ auprès de certains vendeurs), ce qui est assez révélateur de la différence entre les deux marchés.