Comme nous vous le rapportions hier, l'association Phylactères qui publie plusieurs comics "made in France", fête ses 15 ans. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur ses auteurs et notamment sur deux des créateurs de V.H.B. une série en 11 numéros dont le neuvième arrive prochainement.
L'histoire de cette BD nous raconte qu'en une nuit, dans les années 1930, que ce qui était resté caché jusqu’alors a explosé au visage de l’humanité : vampires, lycanthropes, spectres… Tous les peuples de la nuit ont vu leurs pouvoirs décupler autant que leur bestialité. La frénésie passée, il était trop tard. Un siècle plus tard, en 2053, le monde est dans une situation précaire et la race humaine en sursis. A New New Orleans (N2O), ce qui reste des Etats Unis, vampires et humains essaient de co-exister. C’est pour préserver ce statu quo qu’existent les Vampire Hunters Brigades, une police spécialisée dans les affaires impliquant sorciers, lyc’, dentus.
Superpouvoir.com : Bonjour, Florent (alias Lokorst), tu es le scénariste et créateur principal de la série, comment t'es venu cette idée ?
Lokorst : A l’origine (dans les années 1990, sic.) c’était pour faire des parties de jeux rôle simples et efficaces, histoire de se reposer entre des épisodes de campagnes interminables d’autres jeux. Les scénarios commençaient immanquablement de la même manière : les personnages, policiers de affaires vampires, sont dans leur armures, devant une porte… Go !
Et puis, avec le temps j’ai développé un peu le projet et je me suis dit que ça pourrait faire un bon univers pour une série d’action. En en écrivant un premier jet, je me suis rendu compte, qu’en fait, c’était un cadre où l’on pouvait faire bien plus. Au final, on a un monde peuplé de gens qui tentent de survivre dans un environnement difficile, au futur très incertain. Et dès qu’on touche à l’humain, on peut vraiment tout raconter.
Superpouvoir.com : VHB c'est une très grande équipe avec un mode de chapitrage pour chaque épisode sur lesquels travaillent des dessinateurs différents. C'est devenue une véritable spécificité, pourquoi ce mode de fonctionnement ? Quels sont ses avantages et inconvénients ?
Lokorst : Au début c’était purement pragmatique. J’étais seul avec ce projet sous le bras et je ne sais pas dessiner. On faisait du fanzine avec Phylactères, donc il n’était pas envisageable d’attaquer un projet d’album avec un seul dessinateur (on bien tenté un dossier pro en parallèle avec Asid, mais ça n’a pas pris. Les vampires et la S.F. n’étaient pas encore redevenus à la mode, et puis on n’était surement pas encore prêt).
Bref, j’ai trouvé des dessinateurs qui voulaient bien rejoindre l’aventure pour des chapitres courts. J’ai donc joué avec cette contrainte. Alors bien sûr, on me dit souvent que ce serait bien une histoire longue, un seul dessinateur. J’aimerais bien aussi. Mais d’un autre côté, cette multitude de petits récits, le travail avec des dizaines de dessinateurs différents, a rendu ce projet à part. Cette forme fait partie de la grammaire du récit. Par la suite on en changera surement. Mais immanquablement, ce développement en strates successives, est devenu pour moi l’un des plaisirs de l’écriture. J’espère que c’est également un plaisir de lecture pour d’autres.
Superpouvoir.com : Bonjour, Mathieu (alias Asid), tu es dessinateur et l'un des créateurs de la série, qu'est-ce que Florent t'a dis pour te recruter ?
Asid : Honnêtement, je ne m'en souviens pas. Ce que je sais, c'est qu'il n'a pas eu à déployer beaucoup d'énergie pour me convaincre : il m'a exposé l'univers, ce qu'il comptait en faire, et m'a demandé si je voulais être de ceux qui allaient donner corps à tout ça. Et on ne va pas se mentir, pour un débutant, la création complète d'un univers visuel from scratch, c'est une chance qui ne se présente pas souvent. Et c'est fantastique de se dire que, comme VHB est un univers en perpétuelle expansion, 12 ans plus tard nous avons toujours plus de personnages, de décors, de props à designer. C'est ouf.
Donc voilà, je ne me rappelle clairement pas quels ont été les arguments de Lokorst pour me recruter, ce qui est certain c'est que, si c'était à refaire, je n'hésiterai pas une seule seconde.
Superpouvoir.com : Comment définiriez-vous ce qu'est un comics et comment VHB pourrait s'en revendiquer ?
Lokorst : Pour moi, le comics, c’est le feuilleton. Et c’est là que j’y trouve mon plaisir de lecteur. C’est là le point où l’on peut rapprocher V.H.B. du comics.
Asid : C'est très clairement la narration qui fait le comic book, et c'est probablement en ça qu'on peut en rapprocher VHB. L'avantage, c'est qu'on peut se permettre de changer de dessinateur et/ou de style graphique d'un chapitre à l'autre, d'un volume à l'autre. Le background est solide, les personnages sont vivants (paradoxalement), et tout cet univers existe au-delà des personnes qui produisent les planches. On n'est pas dans un nouvel album d'Astérix où on va chercher à se rapprocher au maximum du trait d'Uderzo pour ne pas perdre le lectorat. ^^
Superpouvoir.com : Quels sont les projets de VHB pour l'avenir ?
Lokorst : Tout d’abord, finir ce premier cycle. Nous en sommes à 8 tomes. Il en reste 3 à sortir. Ensuite il faudra réfléchir à comment nous souhaiterions (ou pourrions) poursuivre.
Superpouvoir.com : Hors Phylactères bien sûr, que lisez vous comme comics et ce qu'on appelle "French Comics" (BD française, généralement indépendante, s'inspirant fortement des comics américains) ?
Lokorst : Je lis à peu près tout ce qui sort en presse en France (je lis en français parce que je lis beaucoup et que c’est moins cher, que je n’ai pas de comics shop près de chez moi et que, surtout, c’est mon rituel depuis que je suis tout petit… D’aller à la maison de presse, de feuilleter sur le chemin du retour, de commencer à la terrasse d’un café. Ça fait partie du plaisir).
Pareil pour le french comics. J’achète quand je découvre. Et je suis avec plaisir les travaux, de Job, Marti, Mobias, Sebba, JRMY, Laurent Arthaud, Pierre Minne…
Asid : Je ne lis malheureusement pas de french comics (ça existe encore, ce terme ?), d'une part parce que je ne vis pas en France (ce qui fait que je ne participe plus aux salons et que je n'ai plus l'occasion d'avoir les exemplaires physiques entre les mains), et d'autre part parce que je ne suis malheureusement pas l'actualité dans ce domaine. Cela dit, j'admire énormément le travail de Sebba, il fait partie de ces dessinateurs dont j'envie le trait et les compositions. Je devrais lui commander des copies physiques de son Privé.
Sinon, je suis un dévoreur de Hellblazer. Avec les déclinaisons chez BOOM! Studios de Over The Garden Wall, c'est tout ce que je lis côté comics.
Superpouvoir.com : Si vous pouviez avoir un superpouvoir et un seul, lequel choisiriez-vous ?
Lokorst : Parler toutes les langues.
Asid : Celui de ralentir le temps. 🙂
Superpouvoir.com : Merci beaucoup à tous les deux !
Pour acheter les revues, rendez-vous sur la boutique en ligne de Phylactères et pour en savoir encore plus vous pouvez lire le blog de la BD !