Si le premier tome de Grim nous faisait découvrir l'univers de Jessica Harrow, une faucheuse de la Mort différente en plusieurs points de ses "collègues", ainsi que ses origines, Grim Tome 2 va nous faire plonger encore plus profondément dans ce monde et les conséquences de la fin du premier livre.
La Mort n'est plus aux commandes et cela a des répercutions importantes dans le monde des vivants, ces derniers ne mourant plus. Cela soulève un grand nombre de questions mais les seuls qui semblent réellement décidés à comprendre ce qui se passe et à y remédier son Jessica et ses amis. Mais que peut faire le trio alors qu'ils ont été bannis du royaume des morts ?
La Mort de Père en Fille
Stephanie Phillips nous fait suivre un nouveau développement dans la vie de Jessica. Le premier tome de Grim nous présentait le personnage en même tant qu'il découvrait lui-même qui il était, à savoir la fille de la Mort et d'une mortelle. Ce cadre étant posé, la scénariste – dont vous pouvez lire une interview ici – plonge son personnage principal dans une nouvelle quête de soi entre l'acceptation de qui elle est et du rôle important qu'elle a à jouer dans toute cette histoire au sens large.
Il est souvent difficile de faire la critique d'un second tome, mais celui-ci, bien que s'inscrivant dans la juste continuité du premier, présente quelque différences. Comme toujours avec l'autrice, les personnages sont bien dosés, bien pensés. Rien ou presque ne semble laissé au hasard et les questionnements, propos et actions de chaque protagoniste sont toujours justifiés ou justifiables, même s'il faut parfois patienter un peu avant d'avoir le fin mot. Et si c'est une force au niveau de la narration, c'est également un point de frustration pour les lecteurs – qui se retrouvent à suivre un développement logique et nécessaire – qui une fois arrivés aux dernières pages seront potentiellement pris d'une certaine frustration en attendant d'avoir le prochain tome entre les mains. En réalité, il s'agit ici d'un bon signe relevant le côté prenant de l'histoire, mais le premier tome nous avait peut-être un peu moins laissés sur notre faim, même si la conclusion apparaissait clairement comme un commencement/une fin ouverte.
Pour ce qui est de la partie artistique, l'artiste Flaviano continue lui aussi sur sa lancée avec un travail toujours aussi fluide et dynamique. Le style aux multiples inspirations du dessinateur fait toujours autant mouche avec encore notamment cette impression de comprendre les origines des différents personnages – tous issus d'époques différentes avec des origines en tous genres – grâce à des détails parfois simples mais systématiquement efficaces. On regrettera peut-être un léger manque d'actions aussi vives que dans le premier tome qui permettait de prendre la pleine mesure du travail artistique. De même, le coloriste Rico Renzi a peut-être eu un terrain de jeu plus limité dans ce second tome alors que ses couleurs avaient été un élément marquant du premier. Rien de dramatique en soi, mais ce second livre pourrait paraître plus "fade" (le terme est exagéré) et l'absence de supports visuels adéquats, comme les faux ou même des créatures comme La Fin du premier opus, ont limité la possibilité pour l'artiste de donner libre cour à son talent.
Ce second tome de Grim est toujours aussi prenant et suscite de l'intérêt pour la suite. En cela, c'est une réelle réussite. Et si l'on peut regretter certaines différences de rythmes et graphiques avec son prédécesseur, il n'en est pas moins un bon moment de lecture. Et la série en étant à son quinzième numéro dans sa version originale éditée par BOOM! Studios, il y a fort à parier que la suite en version française chez Huginn & Muninn sera bien publiée d'ici quelques mois, chaque tome contenant cinq numéros américains. Quant au livre en lui-même, l'éditeur français reste sur sa lancée avec un produit d'excellente facture avec un papier de qualité et une couverture du plus bel effet. Et pour ce qui est de l'intérieur, la logique d'entrecouper les différents chapitres avec des couvertures alternatives, cette fois signées par l'artiste philippine Justine Florentino, a été conservée.