Afin de préparer dignement les fêtes qui s’approchent à grand pas, la rédaction de Superpouvoir vous propose son calendrier de l’avent comics. Chaque jour, une petite pépite, un coup de cœur, une œuvre injustement ignorée vous sera dévoilée pour, pourquoi pas, l’ajouter au pied du sapin et surtout, étoffer votre culture comics.

Aujourd'hui, nous nous intéressons à The Winter Men, une mini-série inédite en français qui est sans doute une des grandes œuvres du regretté dessinateur John Paul Leon.

Un parcours du combattant éditorial

 

D'abord prévu chez Vertigo (deux pages figuraient même en preview dans le numéro anniversaire des dix ans du label en 2003), The Winter Men sera finalement publié dans la collection Wildstorm Signature en août 2005. Initialement prévue en 8 numéros, la mini-série sera en cours de route réajustée à 6. En cause, des ventes faibles et des retards dans la production. Pour finir, en trois ans et demi, il y aura cinq numéros et un numéro spécial plus épais pour terminer l'intrigue. De quoi décourager les plus patients. Néanmoins, le scénariste Brett Lewis et le dessinateur John Paul Leon sont arrivés au bout de leur peine. Et quel peine. Ils nous plongent tête la première dans la Russie post-Soviétique, la Russie corrompue, engluée dans le capitalisme le plus débridée.

La ballade du Poète

Pour nous mener dans cette visite, Kris Kalenov dit le Poète. Un ancien Spetnasz devenu flic, ou du moins homme à tout faire du maire de Moscou. Kalenov est aussi un ancien membre du programme Winter, programme soviétique destiné à créer des surhumains pour contrer ceux des américains. Afin de contrôler et de surveiller ces surhumains, des unités de soldats en armures furent mises en place, dont l'une dirigée par Kalenov. Après bien des années passées à l'oublier, cette période de la vie du Poète revient le hanter au cours d'une enquête sur le kidnapping d'une fillette et l'oblige à reprendre contact avec les survivants de son unité.

Amère Russie

Pour autant, l'argument SF est, de loin, le moins primordial de Winter Men. En fait, à part quelques références, ce n'est vraiment que dans le Spécial qu'apparaîtra le seul et unique surhumain de l'histoire. Ce qui intéresse avant tout Lewis, on l'a dit, c'est la plongée dans la Russie actuelle. Et il faut avouer qu'elle est particulièrement réussie. On sent qu'un gros travail documentaire – rare chez les scénaristes américains – a été effectué et il se ressent, par petites touches, à travers les dialogues (souvent drôle et plein de verve), les traductions d'affiches ou de tatouages... L'impression de s'immerger est encore plus accentuée par le superbe dessin de John Paul Leon qui réussit l'exploit d'être à la fois sobre et détaillé, conférant un grand réalisme aux décors de la ruine sociale qu'est devenue la Russie. Lewis dépeint un pays entièrement bouffé par l'invasion culturelle des États-Unis, par l'avidité et le capitalisme.

Pour autant, l'on continue de s'amuser dans la Russie moderne. Et la camaraderie n'est pas un vain mot. L'épisode le plus réussi est sans doute le quatrième, qui n'a strictement rien à voir avec l'intrigue principale, mais qui voit Kalenov et son ancien partenaire devenu chef de gang partir en virée une journée entière. Pendant que Kalenov escorte un jeune prisonnier, son partenaire en profite pour régler ses petites affaires de racket ! On boit, on se bagarre, on prend même sous son aile le jeune suspect qu'on embarque dans une mission commando pour voler... une table de McDo. Un parfum de folie douce plane sur l'épisode, avant sa conclusion, particulièrement cynique. Comme l'a  dit Kalenov dans l'épisode précèdent, c'est une histoire russe. Pas de climax pétaradant qui résout tout dans une catharsis de violence. La violence est là, mais la vie continue après, amère, mélancolique.

The Winter Men est hélas inédit en français. Pour information, afin de rendre hommage à Leon, cette mini-série vient d'être rééditée dans un luxueux recueil Artist's Edition auquel ont participé des artistes comme Tommy Lee Edwards, Bernard Chang, Lee Weeks, Bill Sienkiewicz, Duncan Fegredo, Sean Phillips, Denys Cowan, Walter Simonson ou encore Joe Quesada. Financé sur la plate-forme Zoop, le livre a permis de récolter des fonds pour soutenir la famille de Leon.

The Winter Men #1 à 5 et The Winter Men Special, publié en VO chez Wildstorm Signature. Peut-être bientôt chez Urban ?

 

 

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