Croyant surfer sur la vague de l’événement Batman Metal, DC Comics a proclamé en janvier 2018 la nouvelle ère des héros DC (en créant la ligne de comics New Age of DC Heroes), des séries découlant donc tout droit de la série de Scott Snyder et Greg Capullo avec quelques noms alléchants à l’affiche (Jim Lee, John Romita Jr, James Tynion IV, Andy Kubert…). Sauf que voilà, cette nouvelle ère a été proclamée un peu trop tôt, et les huit séries initialement programmées se sont l’une après l’autre cassées la figure.
The Terrifics est ainsi l’une des seules séries du label à avoir gardé un intérêt pendant une dizaine de numéros, et sera probablement la seule que l’on aura l’occasion de voir dans l’hexagone. La bonne nouvelle, c’est qu’elle est scénarisée par Jeff Lemire et dessinée (en partie) par Ivan Reis. La mauvaise, c’est que ce n’est pas aussi bien qu’on pourrait le croire en voyant l’équipe créative à l’origine de la série.
The Terrifics, ça raconte comment quatre personnages qui n’ont pourtant pas grand-chose en commun se retrouvent coincés ensemble sans pouvoir trop s’éloigner. Mr Terrific, Plastic Man et Metamorpho se voient ainsi (par un concours de circonstances) expédiés dans le multivers sombre (d’où s’échappaient Barbatos, le Batman qui rit et toute leur clique) et font la rencontre du quatrième membre : Phantom Girl. À leur retour, cependant, ils découvrent qu’ils ne peuvent trop s’éloigner les uns des autres s’ils ne veulent pas faire exploser tout ce qui les entoure. Ils devront ainsi tous se battre pour trouver la clé de leur liberté s’ils veulent ne pas sombrer dans la folie tant le lien qui les unit est fragile.
Ne cherchez pas d’autre lien avec Batman Métal, vous risqueriez d’y passer du temps – ce qui veut bien dire que cette série n’avait absolument pas besoin de ça pour démarrer. S’enchaînent alors une série d’aventures au cours desquelles le groupe de super-héros va faire la rencontre du Tom Strong d’Alan Moore, affronter des adversaires loufoques (et dignes de Plastic Man) et découvrir l’identité de l’homme qui leur veut du mal : une grossière parodie du Docteur Fatalis, chez Marvel (ce qui, en soi, n’est pas étonnant, étant donné que l’équipe entière est librement inspirée des Quatre Fantastiques).
On est très loin du grand génie scénaristique de Jeff Lemire, qui semble ne pas trop savoir comment exploiter son équipe tant ses membres n’ont rien à faire ensemble. On sent tout de même qu’il essaye de les étayer, et d’ailleurs, le traitement individuel de chaque héros n’est pas si mal effectué, mais, malheureusement, la cohésion est pratiquement absente du recueil.
Comme dit plus haut, on retrouve les dessins d’Ivan Reis en début de livre, mais aussi ceux d’Evan Shaner, José Luís, Joe Bennett, Dale Eaglesham et Viktor Bogdanovic (aux planches vraisemblablement inspirées de Capullo). Le tout s’accorde plutôt pas mal, quoi que parfois un peu faible sur certains numéros, et parachève un livre agréable, mais dont on peut malheureusement très bien se passer, surtout si on est un grand fan de Jeff Lemire – qui excelle dans d’autres domaines que le super-héros, mais qui a également su se démarquer sur d’autres séries plus sobres (son run sur Moon Knight, par exemple).
Derrière les mots de Jeff Lemire, on retrouve une fois de plus la traduction de KGBen, accompagné de Moscow Eye au lettrage, et le tout est disponible chez Urban Comics depuis le 22 novembre dernier au prix de 35€ pour 14 numéros et 1 numéro Annual. Si la série continue (contre toute attente) aux États-Unis, Urban n’annonce pas ce livre comme un tome 1 d’une série en cours, et le format choisi ne s’y prête de toute façon pas vraiment. Donc, si les français auront un jour l’occasion de lire la suite des aventures des Terrifics, pour le moment, seul Urban le sait.