Le second volume de The Silver Coin, l'anthologie horrifique orchestrée par l'artiste et scénariste Michael Walsh, est disponible chez l'éditeur Huginn & Muninn et nous fait découvrir une fois de plus le terrible destin de celles et ceux qui ont le malheur de croiser la pièce maudite.
Après Chip Zdarsky, Kelly Thompson, Ed Brisson et Jeff Lemire, Michael Walsh (Star Wars, Justice League/Black Hammer) a cette fois fait appel aux services de Joshua Williamson (Batman & Robin, Birthright), Ram V. (Toutes les morts de Laila Starr), Matthew Rosenberg (WildC.A.T.s, X-Men) et Vita Ayala (New Mutants, Static) pour écrire quatre nouvelles histoires centrées sur la pièce argentée, s'octroyant – comme pour le premier volume – le rôle de scénariste pour la cinquième. Et pour maintenir la cohérence du tout, Walsh assure de nouveau le rôle d'illustrateur pour les cinq récits.
Il n'est pas toujours simple de faire la critique d'un nouveau tome d'une série (celle du premier est d'ailleurs disponible ici). Toutefois, le côté anthologique de The Silver Coin facilite quelque peu l'exercice.
Une fois encore, l'efficacité est au rendez-vous avec ces cinq récits. Peut-être même plus que dans le premier volume dans lequel toutes les histoires ne se valaient pas forcément. Ici, nous avons davantage l'impression d'un réel tout, malgré les styles d'écriture différents des auteurs qui se succèdent.
Les cinq nouvelles parties de l'anthologie nous font donc découvrir le destin tragique de quatre âmes victimes de la soif de sang de la pièce maudite dont l'origine funeste a été racontée dans le premier tome. En tentant d'être le plus objectif possible, ces nouvelles histoires paraissent peut-être davantage abouties et travaillées que celles du premier tome, donnant l'impression d'aller plus loin dans l'impact négatif (faute d'adjectif plus puissant) sur les pauvres hères que la pièce manipule. Chacun devrait y trouver son compte dans les différents styles qui arrivent à coupler l'impression d'une cohérence sur l'ensemble tout en permettant de retrouver la patte de chaque auteur.
Ainsi, pour ne citer que lui, Ram V. a su par exemple amener un soupçon de mythologie et, à sa manière, une certaine poésie dans une histoire dont la violence se révèle peu à peu. Le terme "violence" est d'ailleurs ici utilisé volontairement dans la mesure où The Silver Coin flirte avec l'horreur, sans jamais totalement l'embrasser, laissant davantage de place à une violence plus ou moins gore mais manquant peut-être de susciter le sentiment de dégoût ou d'inquiétude que l'on pourrait espérer avec des récits vendus comme horrifiques.
"Nous sommes les créatures nées de la souffrance"
Si nous évoquions plus haut le sort de seulement quatre victimes de la pièce, c'est parce que la cinquième histoire, écrite par Michael Walsh, fait davantage écho aux origines de l'artefact maudit en nous en apprenant un peu plus sur sa réelle nature. Si tout n'est pas forcément encore expliqué, les nouveaux éléments nous permettent de comprendre dans les grandes lignes à quoi nous avons réellement affaire et ce que la pièce attend de ses victimes.
Au final, nous avons ici une histoire en fil rouge, celle de la pièce, et l'équivalent de spin-offs, qui amènent des attentes différentes pour les lecteurs. D'un côté, même sans savoir pleinement de quoi il retourne avec l'objet, les différentes histoires indépendantes sont suffisamment prenantes pour vouloir découvrir la suite. Toutefois, le format one-shot peut être frustrant tant le déroulement est rapide de par le format (environ trente pages pour un numéro/un récit publié aux États-Unis par Image Comics). D'un autre côté, nous avons donc tout ce qui nous est raconté par Walsh sur la pièce elle-même et qui donne envie de savoir là où cela va nous emmener (de toute évidence loin dans le futur, à en juger par le premier volume de The Silver Coin).
L'anthologie The Silver Coin compte à ce jour quinze numéros publiés entre avril 2021 et octobre, laissant entrevoir la possibilité d'un troisième tome édité en France, à l'instar de ce qui a été fait outre-Atlantique. Et il faut reconnaître que si cette série n'est pas parfaite, elle ne souffre pas pour autant de défauts notables. Au contraire même, sa double nature donne envie d'en découvrir et d'en apprendre plus et d'enchaîner la lecture. Comme dit précédemment, chaque histoire se lit rapidement, peut-être un peu trop, mais sans laisser de sentiment de frustration (si ce n'est par rapport à l'horreur qui dépendra de la sensibilité de chaque lecteur/lectrice).
