La nouvelle itération des aventures du tisseur par J.M. DeMatteis : Spider-Man: The Lost Hunt, vient tout juste d'achever sa publication. Pour l’occasion  nous allons revenir sur cette mini-série en cinq numéros signée par l'auteur de La dernière chasse de Kraven.

Lancée suite au succès de la précédente mini-série de DeMatteis, Ben Reilly - Spider-Man : En Quête d'Humanité sur le clone de Peter Parker, qui se déroule dans les années 1990 au moment de la Saga du clone, le scénariste nous propose de voir comment s’est déroulé le séjour de Peter et Mary-Jane à Portland, après que Peter ait décidé de confier le rôle de Spider-Man à Ben suite à la perte de ses pouvoirs.

Nous nous retrouvons donc plongé en 1995 à Portland. Peter est devenu enseignant tandis que Mary-Jane, alors enceinte, enseigne l’art dramatique à l’université. Tout semble donc aller pour le mieux. Seulement, voilà, suite à la perte de ses pouvoirs, Peter se retrouve complètement traumatisé et décide d’arpenter les toits de Portland sans masque et sans pouvoirs, évitant de peu une chute mortelle. Mary-Jane se fait alors de plus en plus de soucis pour son mari qui adopte un comportement instable. En plus de cela, Peter Parker se retrouve traqué par une figure mystérieuse se révélant être Gregor, l’un des anciens hommes de main de Kraven, bien décidé à détruire la vie du couple dans la mesure où il tient Spider-Man pour responsable de la mort de son père adoptif.

Peter Parker en quête d'identité après la perte de ses pouvoirs (®Marvel)

Il devient alors clair que le comportement de Peter est dû à la fois à son traumatisme, mais également aux produits psychotropes que lui fait inhaler Gregor à son insu. A partir de là, le récit commence à dépeindre une véritable descente au enfer pour Peter, qui s’éloigne de plus en plus de son épouse pour adopter un comportement proche de celui d'un animal.

Un récit plus axé sur les personnages que l'action

Le scénario de DeMatteis se pose donc comme une étude autour du personnage de Peter Parker. Les relations de Peter vis-à-vis de sa nature d’araignée et sa relation avec sa femme Mary Jane sont au cœur du récit. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette relation Peter-MJ entre en totale contradiction avec la manière dont les personnages sont actuellement caractérisés dans la série régulière, et se rapproche plus de ce que des auteurs comme David Michelinie, Joe Michael Straczynski et DeMatteis lui-même ont pu proposer par le passé, faisant de leur relation le moteur du récit, dépeignant ces deux personnages comme de véritables âmes sœurs. Le quatrième numéro illustre d'ailleurs parfaitement ce constat. Peter, venant tout juste d’être empoisonné par Gregor, sombre dans une sorte de transe bestiale et retourne instinctivement à son domicile. Mary Jane doit user de toute son humanité et de son amour pour sortir Peter de cet état, là ou Aja Orisha – la mère de Gregor, qui tente à la fois de sauver Peter et son fils – le croyait perdu.

Poursuivant les thématiques abordées dans La dernière chasse de Kraven, DeMatteis nous prouve que sans Mary Jane, Peter Parker pourrait aisément sombrer dans la folie et se transformer en la bête cauchemardesque qu’imaginait Kraven dans le récit de 1987.

Kraven est également traité d’une manière extrêmement nihiliste dans ce récit, une vision plus radicale que ce que Nick Spencer a proposé dans son arc Chassés. Bien que reposant six pieds sous terre, la figure du chasseur (dépeint ici comme un braconnier plus qu’autre chose) plane telle une ombre au dessus des protagonistes, son souvenir agissant comme un véritable cancer infectant son environnement et toutes les personnes qu’il rencontre par sa folie, ses obsessions et ses délires de grandeur. Gregor en devient en quelque sorte l’une des victimes de Kraven, ce dernier ayant transmis au jeune Takhar (le vrai nom de Gregor) son obsession maladive pour Spider-Man.
Il n'est donc pas étonnant que l'approche de DeMatteis tienne beaucoup du récit horrifique, mêlant à la fois les sous-genres du croque-mitaine et des histoires de monstre.

Peter confronté à une de ses premières hallucinations (®Marvel)

L'approche visuelle et les résonances du récit

Côté visuel, l’artiste brésilien Eder Messias n'hésite pas a mettre en exergue l'atmosphère horrifique du scénario. L’action se déroulant principalement de nuit et les scènes de jour étant emplies d’un certain malaise dû à la présence néfaste d’un intrus dans le vie de Peter et Mary Jane. Gregor y est représenté comme une ombre traquant Peter Parker à travers la ville.
Proposant des planches de visions cauchemardesques, Messias arrive à créer une véritable angoisse autour des hallucinations de Peter, au point où même le lecteur pourra se demander si Spider-Man ne va pas irrémédiablement sombrer dans la folie. On notera également la propension de l'artiste à jouer sur l'utilisation des couleurs dans le but de brouiller la perspective entre réalité et hallucination. Là encore, le but est la fois de faire rentrer le lecteur dans le point de vue de Peter, tout en jouant sur l'ambiguïté de certaines situations.

Pour les fans de La dernière Chasse de Kraven, le duo DeMatteis-Messias n’hésite pas à faire de nombreux rappels au récit de 1987, dans un jeu de miroirs familier et déroutant.
Dans The Lost Hunt, Mary-Jane devient le véritable personnage principal du récit. Narrant l’histoire telle une héroïne de polar, DeMatteis propose une inversion des rôles dérangeante par rapports à son chef d’œuvre de 1987. Peter étant présenté au début du récit comme aussi troublé que Kraven et envahi par le doute quant à son identité (Homme ou araignée), pour finalement sombrer à la fin du quatrième numéro, dans une transe le rapprochant de Vermine. Toute cette confusion à la fois littéraire et visuelle étant, là encore, un moyen de proposer un véritable point de vue au lecteur, à savoir montrer des personnages brisés tentant de se reconstruire et d'aller de l'avant face à l'adversité.

Peter devenant aussi bestial que Vermine (®Marvel)

Spider-Man: The Lost Hunt a donc toutes les qualités pour devenir un excellent récit du tisseur. En faisant de ses personnages torturés le centre du récit, en comprenant et en caractérisant parfaitement Peter Parker et Mary Jane et en faisant de leur amour (et de leur mariage) le point d'accroche émotionnel de son histoire, J. M. DeMatteis réussit avec The Lost Hunt ce que la série régulière ne parvient plus à proposer depuis plusieurs années en décevant de nombreux fans de Spider-Man.
Ne vous attendez donc pas à une histoire remplie d'action et d'esbroufe, mais à un récit porté sur l'émotion.

La version complète de The Lost Hunt arrivera en VO au mois de juin. Bien qu'aucune annonce n'aie encore été faite, il serait étonnant que Panini Comics ne poursuivent pas la publication des travaux de DeMatteis, mais nous vous en reparlerons le moment venu.

Envie d'en discuter ?
Rendez-vous sur Discord
Suivez-nous pour ne rien rater :
Marvel ComicsSpider-Man
Alligator Queen

Ça pourrait vous intéresser

 sur Superpouvoir.com
Partager : Partager sur Facebook Partager sur Twitter