À l’occasion du retour de la série Rom Spaceknight dans le giron de Marvel Comics (avec un Omnibus et un fac-similé du numéro 1 bientôt disponibles aux Etats-Unis), la rédaction de Superpouvoir revient sur cette série pas comme les autres dans une série d'articles qui vont vous révéler en détails la création de la série, ses problèmes de publication mais aussi ses différentes périodes qui l'ont conduite à devenir une série culte.

Rom Spaceknight est une série créée par Bill Mantlo et Sal Buscema dont le premier numéro est daté de décembre 1979 et qui a été partiellement publiée en France durant presque cinq ans dans le magazine Strange (la publication de la série en France s’étant arrêtée au numéro 48). En effet, le titre devenait un peu trop horrifique et les éditions Lug n’auraient pas pu braver la censure de l’époque avec le nouveau design des Spectres Noirs, les ennemis jurés du héros. Beaucoup de ces épisodes ont d’ailleurs été retouchés ou censurés en raison de la violence ou de l’aspect répugnant de certains ennemis du chevalier de l’espace. Souvent un ou deux épisodes étaient regroupés en un seul ! Des pans entiers de l’histoire étaient laissés de côté. Rom Spaceknight a véritablement subi un charcutage en règle tout au long de sa publication. D’ailleurs, les lecteurs français n’ont jamais connu la fin de la saga. Mais c’est aussi ce qui a donné à Rom son statut de série à part pour les lecteurs français de l’époque, un symbole des années LUG. Série qui, de plus, n’a jamais pu être republiée aux États-Unis pour des raisons de droits.

Couverture de Strange par Jean Frisano

En effet, comme cela a pu se faire à l’époque avec des personnages comme les Micronautes, G.I. Joe ou encore Transformers, Marvel ne détenait pas les droits du personnage.
ROM est un jouet originellement distribué par la compagnie Parker Brothers. Rom s’appelait d’ailleurs au départ COBOL (du nom du langage informatique), mais Parker Brothers va changer son nom en ROM (Read-Only-Memory). Il s’agissait pour cette grande compagnie d’une première incursion dans la monde des jouets puisqu’elle était essentiellement connue pour ses jeux de plateau comme le Monopoly ! Comme ils n’y connaissent vraisemblablement pas grand-chose et ne cherchent pas à prendre de risques, la décision est prise de fabriquer le jouet le moins cher possible. Et le résultat est catastrophique : quasiment pas d’articulations, des yeux abominables, tout est fait à l’économie et rien ne va !

Rom the spaceknight, TM & © HASBRO

Parker Brothers avait auparavant demandé à Marvel de créer un comic-book basé sur Rom afin de maximiser sa notoriété. Et les auteurs de l’époque (Jim Shooter le rédacteur en chef, Bill Mantlo le scénariste et Al Milgrom) doivent construire tout une série avec seulement quelques informations. Comme il n’y a qu’un seul jouet de produit, les bases de l’histoire sont très simples et quasiment inexistantes de la part de Parker Brothers. On sait juste que Rom est un chevalier de l’espace, dont les ennemis jurés sont les Spectres Noirs (Dire Wraiths en VO). Et ça s’arrête là ! Bill Mantlo est un habitué des séries adaptées de jouets puisqu’il a présidé de nombreuses années au destin des Micronautes. Al Milgrom est aussi dans le coup et l’on va proposer les dessins à un artiste maison, Sal Buscema. Reste le problème de la couverture du premier épisode. En effet, il n'est pas convaincu par les ébauches des artistes. Il demandera finalement à un jeune dessinateur en pleine ascension, Frank Miller, de réaliser ce qui va être la première rencontre visuelle entre le personnage et ses lecteurs.

Couverture du #1 Facsimilé par Frank Miller

Rom n’est plus un robot, mais devient un cyborg, c’est-à-dire un humain à qui l’on a greffé un corps robotique. Tous les personnages qui sont introduits dans la série (Brandy, les autres chevaliers de l’espace) n’ont jamais été imaginés par Parker Brothers, ce sont donc des propriétés de Marvel. Vous voyez bien l’imbroglio juridique que ça implique.
Le jouet est un échec absolu, vendu à peine à 200 000 exemplaires. Parker Brothers arrête donc la ligne après quelques mois et une seule tentative. Mais la compagnie laisse quand même continuer la série en comics, série qui dure 75 numéros et quatre annuals. Rom devient rapidement un personnage intégré à l’univers Marvel interagissant avec Power Man & Iron Fist, les X-Men ou encore les Avengers !
Mais à l’arrêt de la série, les problèmes sont légion. Pour résumer, il n’y a que Rom et les Spectres Noirs qui sont toujours sous licence Parker Brothers, désormais rachetée par Hasbro et tout le reste lié à la saga appartient à Marvel. Impossible donc de republier les épisodes de la série, même ceux concernant le personnage dans d’autres licences Marvel, comme Power Man & Iron Fist. Ce qui a créé parfois des trous dans certaines compilations.
Il y a quelques années Parker Brothers, désormais rattachée à Hasbro, donne les droits du personnage de Rom à la compagnie de comics IDW. Mais cette dernière ne peut utiliser que le design du personnage et lui crée laborieusement une autre origine et un nouvel univers. Qui ne fonctionnera absolument pas. Ces histoires ne pouvaient pas faire référence au passé du personnage et la comparaison a été en défaveur de la nouvelle série. Le fait qu’elle soit créativement médiocre aussi, bien évidemment.

L'arrivée de Rom (Rom Spaceknight #1)

Et à la relecture, la série Rom tient encore parfaitement le choc ! Elle n’est certes pas exempte de défauts mais connaît quelques moments de grâce, à l’image de ce que pouvait produire le scénariste Bill Mantlo, capable du pire mais aussi très souvent du meilleur. C’est par exemple lui qui a réalisé l’un des plus beaux épisodes toute période confondue de Hulk en nous dévoilant les origines de Bruce Banner et de son père violent ! Le seul problème de Rom Spaceknight, ce sont ses dix derniers numéros, gâchés par un Bill Mantlo qui n’a plus rien à dire et surtout par les dessins de Steve Ditko, totalement inadaptés au personnage en dépit des encreurs de qualité qui l’ont épaulé (John Byrne, Bob Layton, P Craig Russell, Butch Guice).

Résumer la série en quelques paragraphes est un exercice assez difficile, toutefois on peut réellement distinguer trois grandes périodes sur l’ensemble des 75 épisodes. La rédaction de Superpouvoir va donc au travers de plusieurs articles vous faire revivre Rom et vous donner envie d’acheter la nouvelle édition de Marvel Comics ou tout simplement d’attendre une version française !

Rom the spaceknight, TM & © HASBRO

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