16 juin 1940, dans les Vosges saônoises, près de Luxeuil-les-Bains, deux avions français déciment la totalité d’une colonne de chars allemands, ne laissant qu’un seul survivant, Karl von Lieds. C’est dans un restaurant à Paris, seize ans plus tard que se prolonge l’histoire narrée en préambule. Marlène von Lieds, la fille du colonel allemand sollicite l’aide de Lefranc pour faire la lumière sur l’histoire de son père et de ces mystérieux avions. L'enquête qu'ils vont mener va les plonger dans un grand danger inattendu.
Le scandale Arès, la critique
Le Scandale Arès est le 33e tome des aventures de Guy Lefranc. Il est basé sur un synopsis original de Jacques Martin, spécialement adapté pour célébrer les 70 ans du reporter blond. Martin est le papa de Lefranc mais aussi d’Alix, deux personnages qui ont fait les beaux jours du journal de Tintin. Martin fut aussi un collaborateur fréquent d’Hergé avec lequel il travailla entre 1953 et 1972 sur les scénarios et les décors d’albums comme L'Affaire Tournesol, Coke en stock, Tintin au Tibet, Les Bijoux de la Castafiore et Vol 714 pour Sydney. Après avoir œuvré sur seize tomes, Martin a passé la main à d’autres scénaristes et dessinateurs.
C’est une aventure historique sur fond de complot aéronautique remontant à la seconde guerre mondiale qui est présentée dans ce tome 33. Lefranc fait ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire mener l’enquête et remuer ce qui devrait rester cacher. Il croisera sur son chemin des obstacles et des personnes qui tenteront soit de l’empêcher d’avance, soit de l'aider. La curiosité du reporter l'emportera sur le danger malgré tout. L’histoire est admirablement bien montée, haletante. La balance entre l'action, le complot et l'enquête est parfaite, on décèle même un brin de romance ou tout du moins de séduction entre Lefranc et la belle Allemande que le reporter aidera sans se poser de question, même quelques années seulement après la guerre. L'ambiance de ce complot autant politique que militaire est formidablement rendue et surtout très immersive et les personnages rencontrés forts intéressants (Monsieur Valmont, clone de Sean Connery, est excellent), on est là dans un beau mélange entre une enquête de Tintin et une aventure de Blake et Mortimer.
Il faut bien l'avouer, il s'agit du premier Lefranc de votre serviteur, je serai donc incapable de vous dire si cet album est le meilleur, le moins bon ou s'il se situe quelque part au milieu. La seule chose que je peux dire c'est que la lecture captivante de cet album m'a ramené quarante ans en arrière lorsque je découvrais la BD franco-belge avec l'œuvre d'Hergé ou encore d'Edgar P. Jacobs. L'attrait pour les machines volantes et l'intérêt historique est indéniable et tout semble réuni pour ce qui doit être un bel hommage à Jacques Martin et il est là tout aussi évident que la lecture de ce tome ne peut que donner envie de se (re)plonger dans les aventures de Lefranc.
Pour fêter les 70 ans de Lefranc, Casterman propose aussi un beau livre appelé Les voitures de Lefranc, qui propose sur 112 pages : "Une somme de planches et d'illustrations inédites retraçant la place de la voiture dans les albums de Lefranc et l'œuvre de Jacques Martin." Pour 25€, voilà qui devrait séduire les fans. L'éditeur en profite aussi pour annoncer le tome 34 pour 2023 par le duo François Corteggiani et Christophe Alvés.
Le scandale Arès, Casterman, 48 pages, 11,95€ (8,49€ en numérique). Sortie le 4 mai 2022. Scénario : Roger Seiter, dessin : Régric.
