Ce week-end s'est déroulé le Chicago Comics & Entertainment Expo (C2E2). Au cours de cet événement devait se dérouler une rencontre avec les deux directeurs de publications de DC Comics, Dan DiDio et Jim Lee. Après le départ subit de DiDio, la semaine précédente, ce rendez-vous avait été annulé. En revanche, la conférence consacrée à Jim Lee en tant qu'artiste a été maintenue. Autant dire qu'elle était plutôt attendue.
Jim Lee a d'abord tenu à rassurer. Non, le départ de DiDio n'est pas le signe que AT&T/Warner veut se désengager de DC Comics. Certaines rumeurs avaient en effet couru, allant de la fermeture de DC Comics si Generation 5 ne marche pas (rumeur lancée par le toujours "bien intentionné" Ethan Van Sciver) jusqu'au supposé rachat de DC Comics par Marvel. Un Lee très optimiste a ainsi précisé : "DC existe depuis 85 ans et nous serons encore là dans 85 ans. J'espère même faire ce panel à ce moment-là". Il évoque ensuite la place de DC Comics dans le groupe AT&T/Warner: "Nous sommes d'une grande importance. Nous travaillons avec Warner Bros. depuis des décennies. La stratégie actuelle de DC est de placer l'édition au centre de nos activités. C'est le moteur de tous les films, ciné, télé, dessins animés que nous faisons."
Pas de raison donc de s'inquiéter pour la branche édition de DC : "Il y a plein de gens qui travaillent tous ensemble. Le nombre d'années d'expérience collective doit avoisiner les 120-150 ans. Nous connaissons le marché sous tous aspects. Soyez rassurés, la compagnie est entre de bonnes mains."
Au fil de la discussion, il est ensuite apparu que dorénavant, Lee se considérait comme le seul directeur de la publication: "Pour moi, être le directeur de publication, c'est aller de l'avant et m'appuyer sur les années d'expériences de mon équipe." Et d'enfoncer le clou un peu plus loin : "Il y a constamment de nouvelles choses en cours, et je considère être le seul directeur de publication maintenant (...). Plus que jamais dans les tranchées".
Pour Lee donc, visiblement, pas de doutes. Il est LE directeur de la publication chez DC Entertainment. Et si il évoque à plusieurs reprises l'expérience de son équipe, c'est sans doute pour mieux rassurer sur les capacités de la maison d'édition à rouler sans DiDio. Il y a fort à parier que Lee compte sur ses vieux amis Bob Harras (vice-président senior et rédacteur en chef) et Alison Gill (vice-présidente senior fabrication et opérations), rencontrés sur les bancs de Marvel, pour l'aider dans ses nouvelles tâches.
Et parmi ses nouvelles tâches, il y a bien sûr la Generation 5 (5G), ce grand renouvellement du catalogue dont tout le monde sait qu'il est à venir, mais que DC n'a pas encore réellement officialisé. Ce qui met Lee dans une position compliquée, de son propre aveu. Difficile de parler de choses qui n'ont pas encore était annoncées.
Néanmoins, il se permet de préciser une stratégie générale : "Notre intention n'est pas de faire un reboot complet de notre ligne de comics [sous-entendu à la New 52, ndlr.]. Notre objectif, en collaboration avec l'équipe éditoriale, est de continuer ce que nous savons faire de mieux : des histoires menées par la caractérisation des personnages, associer les bons auteurs aux bons personnages et développer les personnages issus de la diversité."
La diversité est d'ailleurs développée par Lee suite à une question de fan : "Nous comprenons bien que DC a une tradition d'histoires plutôt de la côte Est, plutôt new yorkaise, mais notre but est de refléter le monde entier. Pour ma part, j'aimerais que, dans le futur, il y ait une plus grande représentativité dans les coulisses, parmi les gens qui éditent, écrivent ou dessinent nos livres." Un sujet qui doit tenir à cœur au dessinateur d'origine coréenne qui se souvient avoir en partie appris à lire l'anglais dans les comic books.
Lee a en effet profité de ce moment pour aborder des sujets personnels comme la façon dont, pour devenir dessinateur, il a dû entrer en conflit avec ses parents qui le voyaient médecin, comment il a créé Gambit en pleine mode cajun. Il revient sur la création d'Image Comics avec ses amis artistes ("Nous avons réalisé que nous voulions secouer les choses et que nous voulions être propriétaire de ce que nous créions. À cette époque, c'était remettre en cause l'équilibre entre les compagnies qui possèdent les personnages et les artistes que les fans apprécient. Il s'agissait de prendre notre destin en main et de réclamer le respect qui nous était dû. Ça a mené à des avancements intéressants, des améliorations, comme la colorisation informatique, par exemple."), sur la vente de Wildstorm à DC Comics (en partie pour leur politique de recueils) ou comment, tellement tricard sur les dates limites, il a dû accumuler, en secret, six numéros de Batman Hush avant de pouvoir annoncer le projet au reste de la maison d'édition. Il explique également qu'il a songé un temps à quitté DC Comics. C'est son ami Harras et l'opportunité de travailler sur le jeu DC Universe Online qui l'ont remis sur les rails.
Heureusement pour lui puisque le voilà maintenant seul maître à bord.
Source : Newsarama