Le 21 octobre prochain sortira le 31e tome d'Iznogoud, la bande-dessinée culte de René Goscinny et Jean Tabary, intitulée Moi, Calife. A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec Olivier Andrieu, co-scénariste sur ce nouvel opus.

Vous avez écrit ou co-écrit plusieurs ouvrages sur ou autour de Goscinny et de son œuvre, mais à l'origine vous êtes surtout un expert reconnu dans le domaine du web, avec de nombreux livres à votre actif. Comment passe-t-on de fan de Goscinny à expert, puis scénariste sur une des BD de son idole ?

Alors je ne crois pas qu'il y ait eu un lien entre mon métier sur le Web et la partie "BD" de mon existence, si ce n'est l'envie d'écrire, puisque j'ai "commis" plus de 25 livres sur les moteurs de recherche et le SEO depuis 1994 et mes débuts sur la Toile. Pour le reste, je mène une double vie qui me convient bien, même si c'est beaucoup de travail... Une des deux vies me sert à avoir plus de recul sur l'autre et finalement, ça me convient. Pour l'instant, je n'ai pas eu à faire de choix...

Ensuite, la genèse de mon activité de scénariste vient du fait que, pour les quatre livres que j'ai écrit ou co-écrit sur le monde d'Astérix, d'Albert Uderzo et de René Goscinny, j'ai eu l'immense privilège d'avoir accès à toutes les archives de Goscinny : ses notes de travail, tapuscrits, synopsis, scénarios, etc. Au bout d'un moment, pour m'immerger encore un peu plus dans le monde du génial scénariste, j'ai eu envie d'écrire des histoires en calquant ma méthodologie sur celle du Maître. Les histoires d'Iznogoud, courtes et nerveuses, me semblaient être un bon tremplin pour m'essayer à ce travail. Et voilà comment on tombe dans la marmite de potion magique... 🙂

Je suis évidemment obligé de poser que cette question : Être scénariste sur Iznogoud, est-ce que ça ne vous donne pas un peu l'impression d'être devenu Calife à la place du Calife ?

Si le calife c'est René Goscinny, je n'oserai même pas une seconde penser cela. Goscinny, c'est la référence ultime du scénario de BD et la plupart des scénaristes actuels lui doivent beaucoup. Il a, si ce n'est inventé ce métier, tout du moins donné ses lettres de noblesse. Moi, je suis un petit débutant qui essaie de faire au mieux, de façon humble et besogneuse. Et c'est déjà énorme ! Ceci dit, pour moi c'est avant tout un immense plaisir, parce que je m'éclate vraiment en écrivant ces histoires. N'est-ce pas l'essentiel ?

Vous êtes trois auteurs sur le Tome 31 d'Iznogoud avec Jul et Laurent Vassilian. Même si chacun travaille sur ses propres histoires, comment se déroule ce genre de collaboration ?

Jul a écrit une histoire, Laurent Vassilian en a écrit une autre, et moi j'en ai écrit trois. Il n'y a pas eu de collaboration spécifique entre les différents scénaristes. On a tous travaillé sur nos histoires respectives. Pour ma part, j'ai travaillé avec Nicolas Tabary pour une histoire et avec Elric pour les deux autres. Le travail se fait entre un scénariste et un dessinateur...

Est-ce que vous veillez à coller au mieux au style de Goscinny ou est-ce que vous y ajoutez chacun votre patte ? Votre Iznogoud est-il différent de celui de vos co-auteurs ?

Je ne sais pas si mon Iznogoud est différent de celui de Jul ou de Laurent Vassilian, je ne pense pas. La difficulté de cet album était de faire en sorte qu'il soit le plus cohérent possible avec trois scénaristes et deux dessinateurs, ce qui était loin d'être facile. Je pense que le résultat est sympa. La transition du dessin s'est bien passée. Et au niveau des différents scénarios, ça me semble assez homogène. Enfin, après, c'est le lecteur qui aura le dernier mot, ensuite... 🙂

Comment est-ce qu'on se sent lorsque l'on travaille sur ce genre de projet ? Vous voyez-vous comme un successeur ? Un passionné qui a l'occasion de rendre un hommage ?

Je suis un passionné qui a beaucoup de chance avant tout ! Je travaille beaucoup pour rendre hommage aux co-créateurs de la série, René Goscinny et Jean Tabary. Je n'ai hélas jamais rencontré René Goscinny (il est parti trop tôt) mais j'avais passé un après-midi avec Jean Tabary chez lui, en Charente Maritime et j'en ai gardé un superbe souvenir. Mon but est avant tout d'être très respectueux des personnages originaux et de leurs auteurs. Iznogoud est complexe à scénariser, c'est un running-gag à renouveler continuellement. Il y a assez peu de place pour des "familiarités" avec le concept de départ. C'est complexe mais aussi très amusant à imaginer. J'aurais mauvaise grâce de me plaindre... 🙂

Nicolas Tabary, le fils de Jean Tabary qui était le co-créateur (dessinateur puis scénariste) d'Iznogoud avec Goscinny, fait ses adieux au petit vizir avec cet album et passe le flambeau à Elric. Est-ce qu'on doit s'attendre à une ère nouvelle pour le personnage ou est-ce que vous vous êtes tous mis d'accord pour rester sur des rails posés depuis bientôt 60 ans ?

Comme dit précédemment, on travaille - avec grand plaisir - avec Elric sur les bases du personnage tel que créé par les deux co-auteurs originaux. Elric a un trait qui rappelle celui de Jean Tabary, je trouve. Il a beaucoup de talent, c'est impressionnant. On a vraiment cherché à insuffler dans ce nouvel Iznogoud les sources du passé, du personnage original, mais avec ce qu'il faut de modernité, bien sûr. Le format des histoires de huit pages y a aussi grandement contribué. C'est ainsi qu'il est né et ce format court, nerveux, est l'image du personnage.

Et la suite ? Est-ce que vous avez déjà prévu de continuer l'aventure Iznogoud ? D'autres projets en tête ou même déjà lancés ?

L'album suivant est bien entamé, on attaque la seconde moitié avec Elric. Pour cet album, on sera seuls aux commandes, Elric et moi. Et on s'amuse beaucoup ! 🙂
Et oui, d'autres projets sont en cours pour moi, notamment dans le magazine Pif, désormais trimestriel, avec la série "Voogle", qui raconte la vie au sein d'une entreprise de type GAFA qui ressemble beaucoup à Google, bien sûr, et Mila, une série qui a pour héroïne... ma chienne, une adorable golden retriever. J'ai encore beaucoup d'idées et d'envie, donc j'espère ne pas en rester là... 😉

Enfin, question rituelle de notre site, si vous aviez un super-pouvoir, quel serait-il ?

Je dirais que si je pouvais avoir un super-pouvoir, ce serait celui d'être maître du temps, pour pouvoir mettre plus d'heures dans une journée, ce qui me permettrait de poursuivre plus facilement tous les projets que j'ai en tête.
Ah et un autre aussi : faire en sorte, d'un coup de baguette magique, que les gens répondent aux mails qu'on leur envoie. Ça, je suis sûr que beaucoup aimeraient l'avoir, ce super-pouvoir là ! 🙂

Merci beaucoup Olivier d'avoir pris le temps de nous répondre.

Le rendez-vous est donc pris pour le tome 31 d'Iznogoud (puis les suivants) et dans les pages de Pif.
Et en attendant le 21 octobre et la sortie du prochain tome, voici son synopsis :

L’ignoble vizir Iznogoud revient dans une forme éblouissante, prêt à toutes les ignominies pour enfin, devenir calife à la place du calife ! N’hésitant pas à s’entourer de tout ce que Bagdad la somptueuse compte de mages interlopes, de charlatans véreux et d’hommes de main sans scrupules, il multiplie les stratagèmes pour arriver à ses fins.

Mais Iznogoud sait aussi combien l’image compte, dans la course au pouvoir. Que faire contre l’intolérable popularité du calife que le peuple s’entête à adorer ? Il lui faut un spécialiste, et ça tombe bien, un ancien conseiller d’Anne Ibn-Al-Go, l’émir de Paris, est justement disponible pour l’aider. Il a plein d’idées…

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