Une lumière diffuse à travers des stores, un bureau Art déco, deux silhouettes. La première planche de The One Hand & The Six Fingers évoque sans détours l'ambiance, si caractéristique, des films noirs des années 1940-1950.
Avec cette nouvelle série, les scénaristes Ram V et Dan Watters nous emmènent dans un monde futuriste étrangement familier, dans le cadre d'un récit choral, comportant son lots de séquences miroirs, mais qui n'oublie pas ses personnages en cours de route.
Un récit policier original et référentiel
Avec une intrigue qui lorgne sans équivoque du côté du Dahlia noir de James Ellroy, imbriquée dans un univers et une ambiance hérités du cinéma et de la littérature cyberpunk des années 1980 (Les Androïdes rêvent-ils de Moutons Électriques ? et la trilogie du Neuromancien en tête), The One Hand & The Six Fingers fait un peu figure d'ovni dans le paysage des comics, bien que les séries Blade Runner (2019 et 2029) de Michael Green et Mike Johnson l'aient précédé de quelques années.
The One Hand & The Six Fingers se présente donc de prime abord comme un vaste mélange d'influences, mais il serait peu judicieux de le cantonner à ce stade, car le récit de Ram V et Dan Watters est bien plus original qu'il n'y paraît et contient d'excellentes idées narratives et visuelles.

L'action se déroule dans une cité futuriste, pourtant familière (©Urban Comics)
L'intrigue de la série nous emmène donc sur les traces d'un tueur en série : le tueur à la main, qui semble refaire surface après des années d'inactivité et surtout son apparente capture.
Plutôt que de nous proposer une intrigue classique de chasse à l'homme, The One Hand & The Six Fingers nous propose de suivre l'enquête menée par le détective Ari Nassar dans la première partie. Pour ensuite nous montrer les événements du point de vue du tueur. Les auteurs utilisent ainsi une technique narrative peu exploitée, qui permet de créer des scènes en miroir qui permettent d'éclairer quelques points de l'intrigue, tout en nous faisant découvrir différentes facettes de la ville de Neo Novena.
L'originalité du récit se trouve donc dans sa manière d'aborder la narration et dans l'utilisation des références littéraires et cinématographiques.
Le dessin de Laurence Campbell et Sumit Kumar nous fait voyager dans une cité ou se mêlent des grattes ciels luxueux, des usines ou la sécurité fait défaut, des bureaux sans vie et des ruelles insalubres. Toute l'imagerie du roman et du film noir est convoquée et permet de créer cette atmosphère si particulière que l'on retrouve dans la SF d'anticipation et cyberpunk, depuis Blade Runner.

Une ambiance sombre et des stores vénitiens. Pas de doute, nous sommes bien dans un récit néo-noir (©Urban Comics)
Une simple mise en bouche ?
Pour la parution française de The One Hand & The Six Fingers, Urban Comics a opté pour un format souple contenant deux numéros. Non loin d'être un défaut, ce format permet de présenter le récit dans un cycle de parution épisodique, une fois par mois. Cependant, les deux premiers numéros, bien que dense, constitue principalement une déclaration d'intention des auteurs, celle de nous faire voyager dans un futur dystopique, où règne la ségrégation sociale et dans laquelle les crimes du tueur représentent symboliquement la violence d'une humanité en bout de course.

La première séquences en miroir de The One Hand & The Six Fingers (©Urban Comics)
Ce premier numéro de The One Hand & The Six Fingers constitue en définitive, une bonne porte d'entrée dans cet univers dystopique créé par Ram V et Dan Watters et leur équipe de dessinateurs. De plus, le format souple et mensuel proposé par Urban Comics est également une bonne surprise et permet de suivre la trame de The One Hand & The Six Fingers à la manière d'une série.
De Ram V, Dan Watters, Laurence Campbell et Sumit Kumar
Traduit par Maxime Le Dain
31/01/2025 – Broché – 72 pages – 7,90€
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2873. À Neo Novena, l'inspecteur Ari Nassar fête à peine son départ en retraite qu'un meurtre le replonge instantanément dans une affaire vieille de vingt-trois ans. Trente-deux victimes, une empreinte palmaire unique à six doigts et deux assassins au même modus operandi déjà placés sous les verrous par Ari lui-même. Alors qui ? Et pourquoi maintenant ? Non loin de là, l'étudiant en archéologie Johannes Vale réalise avec horreur qu'il n'est peut-être pas étranger à ce crime brutal, seulement... il ne se souvient de rien !
Contient : The One Hand #1 (Image Comics, 2024); The Six Fingers #1 (Image Comics, 2024)

(©Urban Comics)