Depuis la diffusion des premières images du film Superman réalisé par James Gunn, une question revient régulièrement sur les réseaux sociaux et dans les discussions entre passionnés : pourquoi l’Homme d’Acier semble-t-il aussi vulnérable ? On le voit au sol, ensanglanté, porté par son chien Krypto ou aidé par des civils. Certains y voient une trahison du mythe. Et pourtant, ce choix n’est pas seulement assumé par le réalisateur : il est au cœur même de sa vision du personnage. Car loin d’être faible, ce Superman-là retrouve au contraire toute sa force.
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Des ennemis à la hauteur : Ultraman et le Marteau de Boravie
Pour commencer, il faut rappeler que les adversaires que Superman affronte dans le film sont loin d’être des criminels de seconde zone. Dans les bandes-annonces, nous voyons l’Homme d’Acier affronté à deux figures majeures : Ultraman et le mystérieux Marteau de Boravie.
Ultraman est une version maléfique de Superman, issue dans les comics d’un univers parallèle. Dans le film, il pourrait bien être un clone, une copie génétique du Kryptonien – littéralement son égal en puissance. Tout indique que c’est lui qui l’a grièvement blessé au début de la première bande-annonce, le forçant à revenir à la Forteresse de Solitude pour y être soigné par ses robots.
Son uniforme noir le recouvre intégralement : cagoule, gants, lunettes rondes. Pas un centimètre de peau n’est visible. Chaque élément semble conçu pour masquer son humanité – ou ce qu’il en reste. Même les lunettes renforcent cette impression de froideur clinique, comme si le costume tout entier servait à dissimuler une créature inhumaine dont on ne saurait supporter l'apparence. L’exact opposé de Superman, dont le visage reste à découvert, plus humain que jamais, dont la main tendue vers les plus faibles n’est couverte d’aucun gant.
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Quant au Marteau de Boravie, ce personnage (prétendu) inédit semble posséder des pouvoirs similaires à ceux de Superman : vol, super-force, rayons optiques. Si son identité n’est pas encore connue, plusieurs indices suggèrent qu’il pourrait s’agir d’une version manipulée de Supergirl, ou plus probable encore, d’une première forme d’Ultraman. Le fait qu’il soit masqué et totalement inconnu du lore DC accentue le mystère, mais renforce surtout l’idée que Superman est confronté à des menaces qui le mettent réellement en danger.
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Un Superman plus humain, fidèle à l’esprit de Richard Donner
Ce traitement plus vulnérable de Superman n’est pas une invention gratuite. James Gunn est un admirateur déclaré du film Superman de Richard Donner, et s’en inspire clairement. Dans ce film emblématique, Superman ne triomphe pas seul : s’il survit à l’un des plans de Lex Luthor, c’est parce que sa complice, prise de pitié, lui enlève la kryptonite qu’il porte autour du cou.
Chez Gunn, c’est la même logique. On voit Superman tomber, mais aussi accepter l’aide de ceux qui l’aiment ou le croisent. Un civil l’aide à se relever. Krypto vient le chercher et le ramène à la Forteresse. Et lorsqu’il est soigné par les robots, c’est à travers une concentration de lumière solaire visant à réparer ses os brisés – preuve que, oui, Superman peut souffrir. Mais cela ne le rend que plus grand.
Une réponse aux critiques du DCEU
Le Superman de James Gunn se distingue aussi radicalement de celui du DCEU. Là où la version incarnée par Henry Cavill était parfois présentée comme une figure presque divine, distante et incomprise, celle de David Corenswet revient à une lecture plus humaine du héros.
Dans Batman v Superman, Bruce Wayne demandait froidement à Kal-El : « Do you bleed ? » ("Est-ce que tu saignes ?"). Ce film posait la question de la toute-puissance et de la menace qu’elle pouvait représenter. James Gunn, lui, répond par un contre-pied assumé : oui, Superman peut saigner, tomber, crier. Mais il se relève. Même avec l’aide des autres.
Un héros vulnérable, mais inébranlable
Rappelant également que la force de Superman n’a jamais été son invulnérabilité, mais sa capacité à incarner l’espoir. Un héros qui accepte d’être blessé, de douter, de se faire aider, est bien plus humain – et donc bien plus proche de nous.
C’est ce qui distingue Superman de figures modernes comme Homelander dans The Boys, ou Omni-Man dans Invincible, ces Superman-like cyniques qui dominent les écrans depuis quelques années. Le Superman de James Gunn, lui, est un symbole de solidarité, de responsabilité, et d’humilité.
Le pari réussi d’un Superman moderne et fidèle
En apparence affaibli, le Superman de James Gunn est en réalité confronté à des adversaires d’une puissance comparable à la sienne. Ce n’est pas sa prétendue vulnérabilité qui fait sa force, mais sa capacité à encaisser ces coups, à se relever, et à le faire sans jamais renoncer à ses valeurs. Ce que James Gunn met en avant ici, ce n’est pas un héros affaibli, mais un homme parmi les siens, qui accepte l’aide, agit avec cœur, et assume la responsabilité de défendre un monde qui en vaut la peine. Un Superman profondément humain, mais plus héroïque que jamais.