Avec ce récit totalement déconnecté de la continuité Batman, Brian Azzarello prouve encore une fois que s’il a connu de grandes réussites comme Hellblazer et 100 Bullets, il n’arrive décidément pas à produire de bons récits sur l’univers DC Classique et notamment le Joker. Suicide Squad: Get Joker! est un ratage absolu qui confirme que ce scénariste n’a jamais rien eu à dire sur le personnage. Enrobant encore une fois un récit creux et inintéressant dans un vernis pseudo-adulte, Get Joker! est une histoire sans saveur qui rate totalement sa cible.

Hey ! C'est un comics adulte parce qu'on fait des doigts ! © DC Comics

Surfer sur la sortie du film Suicide Squad

Comment surfer sur la sortie du film The Suicide Squad de l’année dernière ? En proposant à Brian Azzarello de faire un récit dessus au sein du Black Label. Et comme cela risque de manquer de Batman, on va lui demander de faire un mélange entre l’univers de la Suicide Squad et l’un de ses personnages préférés : le Joker. Car pour les « fans », Brian Azzarello est surtout connu pour avoir réalisé le one-shot Joker qui reprenait en papier la version de Heath Ledger. Et qui a connu à l’époque un grand succès. À tel point que ce Joker est rapidement devenu culte en dépit de ses très nombreux défauts. Volonté de faire du glauque pour rien, personnages mal caractérisés, histoire emberlificotée qui ne repose de fait que sur son twist final, le succès de ce comic book peut sembler incompréhensible pour beaucoup. Depuis, le tandem constitué de Brian Azzarello et de son dessinateur fétiche Lee Bermejo a pu encombrer les kiosques avec des séries comme Lex Luthor ou encore Batman Damned, qui déclinent à l’infini les mêmes concepts et les mêmes soucis scénaristiques. Pour Get Joker!, Azzarello est associé cette fois-ci à Alex Maleev, un artiste qui a enchaîné le très bon (Batman No Man’s Land, Daredevil) avec le très médiocre (Illuminati, Moon Knight). Depuis quelques temps, le dessinateur semble avoir toutefois retrouvé un style qui ne soit pas une agression visuelle. Son travail sur Leviathan est plutôt bon et cela fait plaisir de retrouver des dessins cohérent car il apporte beaucoup de choses à une histoire. Voir les deux auteurs travailler ensemble peut donc piquer la curiosité du lecteur, qui ne pourra malheureusement qu’aller de déconvenue en déconvenue au fil des pages.

Objectif : Joker

L’histoire de Suicide Squad: Get Joker! est très simple : Jason Todd, le deuxième Robin alias Red Hood est détenu en prison. Il reçoit alors la visite d’Amanda Waller qui lui propose d’intégrer la Task Force X. Sa mission : retrouver le Joker et le tuer ! Pour l’aider, il sera entouré de plusieurs vilains de plus ou moins bonne réputation comme Firefly ou encore Harley Quinn. Comme d’habitude rien ne va se passer comme prévu. Alors que l’équipe s’associe avec Toyman pour retrouver le clown psychopathe, le Joker capture Amanda Waller et prend possession de la boîte qui peut faire exploser le crâne de nos héros de manière définitive ! Comment vont réagir Red Hood et son équipe ? Amanda Waller a-t-elle tout prévu ?

Encore une fois, Harley Quinn est réduite à un rôle de danseuse à poil. ©DC Comics

Un carnage

On ne va pas se le cacher, si le début du volume est correct (Red Hood dans la prison), dès que l’équipe part en mission, on commence à ressentir du malaise. Des dialogues à la limite du supportable (avec des gros mots ou des expressions vulgaires pour faire adulte), une interaction entre les personnages assez limitée, on commence à grincer des dents assez rapidement. Les « connasse », « pine d’huitre », « bleu bite », « j’ai chié sur son bureau » s’enchaînent sans raison particulière et enferment les héros dans une posture caricaturale. L’exemple le plus acharné étant Wild Dog, personnage pro-Trump et conspi ridiculisé à l’extrême. Et c’est ce problème qui fait de Suicide Squad: Get Joker! un ratage total : Brian Azzarello choisit de traiter ses personnages de manière caricaturale et unidimensionnelle – Harley = la fille abusée qui veut sa revanche, Red Hood = le gars qui veut tuer son assassin, Wild Dog = facho débile, entre autres – dans un contexte réel. Cela ne fonctionne pas et cela rend les personnages au mieux ridicules, au pire impossibles à lire. Le récit est totalement décompressé et laisse une large part aux dialogues miteux entrecoupés de scènes de bagarres. De fait, on s’ennuie énormément. Les héros évoluent et vont d’un endroit à l’autre sans que l’on comprenne trop pourquoi et il devient impossible de ne pas décrocher au bout d’un moment. Comme d’habitude avec cet auteur, le récit ne repose sur rien et n’est construit uniquement que sur un jeu de mot, une situation finale. Une impression déjà ressentie à l'époque avec Joker (à savoir un récit très faible qui emmène à la seule idée du bouquin : Batman qui rit) et c’est malheureusement confirmé ici. Tout le récit n’est qu’un vaste chemin vers une phrase et une idée finale, un jeu de mot sur le nom de l’équipe. En gros, on nous livre 120 pages assez médiocres pour arriver à une conclusion assez facile. Et c’est tout. Pas de grand intérêt ni de révolution. Quant à l’histoire, cela fait longtemps qu’on a tiré un trait dessus. De plus, l’écriture parfois elliptique d’Azzarello ne parvient pas à fonctionner avec les dessins d’Alex Maleev.

Une scène totalement incompréhensible, même dans le contexte. © DC Comics

Une collaboration pas optimale

Qu’on ne s’y trompe pas. Alex Maleev propose de très bonnes planches depuis un petit moment, notamment depuis son retour chez DC Comics. On peut regretter son style sombre et un peu « Mignolesque » des débuts mais c’est plutôt lisible et pas mal fichu. De fait, c’est quand-même le point fort de Suicide Squad: Get Joker!. Sauf que voilà, les raccourcis d’écriture d’Azzarello, s’ils peuvent fonctionner avec Lee Bermejo, ne marchent pas avec Maleev. On a beau relire trois ou quatre fois le début du deuxième acte de la BD, on ne comprend pas ce qui se passe. Que fait la Suicide Squad à la plage ? Il y a des cases incompréhensibles de héros qui se battent contre l’océan qui peuvent largement laisser dans l’expectative. Du coup, on se demande si l’on n'a pas raté quelque chose et cela contribue encore plus à nous faire décrocher de l’histoire. C’est dommage parce que le reste du dessin est plutôt bon. Les personnages sont bien campés et l’action est lisible. Là on a vraiment un problème de passage entre le script et l’image. Azzarello a écrit un script que Maleev n’a pas pu retranscrire. Tout cela donne un comic book au mieux médiocre qui ne ravira pas grand-monde.

Suicide Squad: Get Joker!, disponible chez Urban Comics.

Suicide Squad : Get Joker, Urban Comics

Suicide Squad: Get Joker!, Urban Comics

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