Suite à un drame, Jack s'est coupé du monde. Il a notamment lâché son groupe de metal, Brooticus, et ne touche plus à  sa guitare qui gît cassée dans un coin de son appartement. Il faut dire aussi que le monde n'a pas grand chose à lui offrir puisqu'il est au bord du chaos. Des monstres provenant d'une autre dimension viennent régulièrement sur Terre semer la destruction.

Lorsqu'une de ces créatures, un Veldar, l'attaque chez lui, Jack déclenche pourtant un étrange phénomène. Apparaît Murder Falcon, un faucon monté sur patte, doté d'un bras cybernétique et capable de combattre les Veldars, à la condition que Jack joue des riffs sur sa guitare pour augmenter son pouvoir. Murf, comme on l'appelle, va ainsi entraîner Jack dans un combat où le rock metal va peut-être sauver le monde.

Derrière ce pitch complètement perché, on trouve Daniel Warren Johnson, artiste prodige de ces dernières années (on doit lui notamment Extremity, chez Delcourt également) et musicos à ses heures. Murder Falcon va être l'occasion pour lui de mélanger l'ensemble de ses passions, la BD et la musique. Vaste fourre-tout, MF fait se rencontrer le rock le plus bruyant à la SF la plus débridée dans un joyeux délire punk. Riffs de guitare, monstres interdimensionnels, kung-fu et membres cybernétiques, Johnson mixe tout ça sans aucune arrière pensée,  juste pour le plaisir du fun.

L'enthousiasme passe parfois par quelques approximations de sa part, comme son script qui lorgnent largement sur le Pacific Rim de Guillermo Del Toro (avec qui il partage le goût des monstres et des mélanges culturels) ou ces toutes petites cases avec des bulles bardées de textes pour laisser la place aux splash pages. Des pages superbes au demeurant, car son style est à l'image du propos : un joyeux mélange d'influences américaines et asiatiques, un peu à la manière d'un Paul Pope.

Assurément, Murder Falcon est une BD survoltée. Pour autant, Daniel Warren Johnson sait où il va, ménageant coups de théâtre et surprises pour maintenir l'intérêt de son lecteur, mais surtout instillant une bonne dose d'humanité.  L'auteur évoque ainsi la maladie, la mort, mais aussi l'amitié, l'espoir, symbolisé par la musique. Alors que pour certains, l'esthétique metal se résume à mettre en scène des psychotiques fardés, vêtus de cuir, de clous et de piques (coucou, M. Snyder), pour Daniel Warren Johnson, le metal, et la musique en règle générale, est avant tout une formidable source de vie et d'espoir. Le message pourrait paraître naïf, s'il n'était pas transmis avec enthousiasme et conviction par un auteur véritablement en pleine possession de ses moyens graphiques.

Murder Falcon (Murder Falcon #1-8), Delcourt, coll. Contrebande, 192 pages, 17,50€. Sortie le 09 septembre 2020. Traduction de Benjamin "KG Ben" Rivière, lettrage de Moscow Eye.

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