Argus, Spyral, Kobra, DEUS… toutes les organisations clandestines d’espionnage de l'univers DC sont sur le pied de guerre. Leviathan, l'organisation de Talia Al Ghul, a décidé de les éliminer une à une. Sauf que ce n'est plus Talia Al Ghul à la tête de Leviathan, mais un personnage mystérieux qui se fait appeler par le même nom que son organisation. Lois Lane et Clark Kent vont mener l’enquête.
Urban a donc décidé de proposer dans ce premier tome le prologue d’Event Leviathan avec les numéros 1007 à 1011 d’Action Comics et le numéro spécial Leviathan Rising. Ne vous fiez donc pas à la couverture, vous verrez assez peu Batman et Question et pas du tout Green Arrow. Non, les vedettes de cet album sont bel et bien Loïs Lane et Clark Kent. Le duo de journalistes va tenter de découvrir la vérité derrière les attaques de Leviathan.
On ne peut pas dire qu’être passé de Marvel à DC ait fondamentalement changé l’écriture de Brian Michael Bendis. Celui-ci passe en effet pas loin de 200 pages à nous présenter les forces en présence sans faire avancer l'action d'un iota. Superman n’apparaît que fugacement et de façon mécanique à chaque chapitre, histoire de rappeler qu’il est quand même le héros d'Action Comics. Même le numéro spécial, avec le kidnapping volontaire de Clark Kent qui ne se passe pas comme prévu, est un ressort purement factice puisqu’il n'apporte pas grand-chose à l'intrigue générale. Bref, comme à son habitude, Bendis fait traîner sur des dizaines et des dizaines de pages ce qui ne prendait que quelques unes à un autre scénariste plus préoccupé du rythme. On le sait cependant depuis longtemps, ce n'est pas ce qui intéresse Bendis. Ici, en l’occurrence, il va faire son miel de la dynamique entre Lois et Clark. Et avouons qu’à ce jeu, il est assez fort. Les échanges sont souvent drôles et bien sentis, la dynamique entre la pugnace Loïs et le plus posé Clark joue à plein, tout en n'oubliant pas qu'ils sont un « vieux » couple qui se connaît parfaitement. On regrettera a contrario que la rédaction du Daily Planet soit à ce point stéréotypé. On ne sort en effet pas du schéma mille fois vu du Perry White ronchon-Jimmy Olsen benêt. Tout au plus, la présence d'une jeune journaliste à la place de Loïs apporte un peu de fraîcheur.
Graphiquement, l'album tient bien la route avec un Steve Epting très à son aise dans une ambiance d’espionnage. Il est épaulé, sur le numéro spécial, par un Yannick Paquette plus lumineux et un peu plus raide, mais avec qui il partage la passion des tarins difformes. Mike Perkins signe également quelques planches consacrées à Loïs, scriptées par Greg Rucka, puisque tout deux allait signer une maxi-série sur le personnage dans la foulée. On signalera d'ailleurs l'absence du segment consacré à Jimmy Olsen par Matt Fraction et Steve Lieber. Une partie qui concerne plus la vie des séries Superman que l'intrigue autour de Leviathan. Espérons tout de même voir ces quelques pages dans les futures publications dédiées au kryptonien.
Pour conclure, ce premier des deux volumes consacrés à la guerre des espions se retrouve le cul entre deux chaises. Il pose les bases de la saga Leviathan, mais sans plus. Il faudra attendre le volume suivant pour que l'action se décante. Il est également la suite des aventures de Superman par Bendis (paru dans les albums Clark Kent: Superman t.0-2), mais là encore ne fait pas avancer le schmilblick. C'est bien fait, agréable à lire, mais définitivement dispensable.
Leviathan, tome 1 (Action Comics #1007-1011, Superman : Leviathan Rising #1), 192 pages, 17,50 €. Sortie le 6 mars 2020. Traduction de Laurent Queyssi , lettrage de Sabine Maddin et Stephan Boschat pour Makma.