Do a Powerbomb! est le nouveau projet de Daniel Warren Johnson, la star comics du moment qui a connu une reconnaissance aussi subite qu’importante avec Beta Ray Bill ou encore Wonder Woman: Dead Earth. Et cerise sur le gâteau, l’histoire nous promet de mélanger comics, gros muscles et catch ! Autant dire qu’avec un mélange pareil, il était impossible de se tromper.

Et pourtant, s’il n’est pas dépourvu de qualités, Do a Powerbomb!  reste toujours dans la zone de confort de l’auteur, qui certes y excelle mais commence à tourner en rond. Même je n’ai aucune inquiétude sur le fait que le titre se vendra par cartons entiers et va se faire encenser par la critique et le public.

Image : © Daniel Warren Johnson

Lona Steelrose est une jeune fille pleine de fragilités. Non pas physiques, puisqu’elle pratique le catch et réalise des prouesses mais surtout psychologiques. Il faut dire que Lona a vu sa mère Yua, star mondiale de ce sport, mourir sous ses yeux suite à une maladresse de son adversaire nommé Cobrasun. Depuis, elle se bat comme elle peut, essayant de poursuivre l’héritage de sa maman sans pouvoir obtenir l’approbation de son père qui ne s’est jamais remis de l’incident.

Malheureusement, Lona n’a pas les mêmes qualités que sa mère. C’est une combattante assez médiocre, qui se fait atomiser à chaque combat. Elle n’a en effet pas d’entraîneur pour la guider. Un soir de défaite, Lona fait une rencontre pour le moins surprenante : un nécromancien extraterrestre qui l’invite à participer à un tournoi inter-dimensionnel de catch en binôme ! La récompense pour le gagnant : ramener à la vie la personne de son choix ! Lona va donc essayer de convaincre Cobrasun, lui aussi relégué à des matches de troisième zone, de l’entraîner et de combattre avec elle pour ramener Yua. Bien évidemment, rien ne se passera comme prévu !

Image : © Daniel Warren Johnson

Daniel Warren Johnson c’est l’auteur du moment ! En quelques années (précisément trois), il est passé du statut d’inconnu mainstream à celui de superstar, courtisé à la fois par Marvel et DC Comics. Connu pour ses titres à la base indépendants, il a gagné ses galons de star du comic book mainstream avec Wonder Woman: Dead Earth, un récit plutôt bien construit sur la princesse amazone dans un monde post-apocalyptique. Depuis, il a réalisé une mini-série Beta Ray Bill : Étoile d’Argent assez anecdotique et un Jurassic League qui n’est pas resté dans les mémoires.

Le principe des histoires de Daniel Warren Johnson est toujours le même : des monstres, des combats surpuissants et un peu d’humanité dans tout ça. Et l’auteur est très bon dans ce genre ! De fait, lorsqu’il propose une histoire sur des combats de catch avec des créatures et monstres de toutes tailles venus d’autres planètes, il reste encore une fois sur son terrain. Et il n’y a rien de mal à ça.

Comme à son habitude, Daniel Warren Johnson émaille son récit de moment touchants et de de révélations assez imprévues. Le cœur du récit, c’est bien évidemment la relation entre Lona et Cobrasun, devenu un peu son père de substitution. Et cela fonctionne. C’est très touchant, même s’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. De la même manière, les pages de combat sont le point fort du récit. Daniel Warren Johnson sait y faire en proposant des planches ultra dynamiques et pleines d’énergie et de puissance. Là-dessus, il n’y a rien à dire. Si vous cherchez un comic book bourrin qui arrive quand-même à caractériser des personnages et à donner un peu d’émotion, vous êtes au bon endroit.

Image : © Daniel Warren Johnson

Do a Powerbomb! n’est pourtant pas dénué de problèmes. Premièrement, c’est son humour en dessous de la ceinture qui fonctionne très peu, comme dans Beta Ray Bill d’ailleurs. Ça reste très potache et premier degré et c’est dommage. Plutôt que de faire des blagues bourrines ("chez ta mère" etc...), je pense que l’auteur aurait pu faire preuve d’un peu plus de subtilité. Elles ne sont pas nombreuses, certes, mais restent assez ratées pour amoindrir le récit.

Et il y a un réel problème avec la fin de l’ouvrage. En effet, Daniel Warren Johnson cherche toujours à proposer plus fort, plus puissant, plus inattendu. Et le dernier adversaire, de fait, est tellement impossible qu’il devient difficile à traiter. Le dernier combat et sa résolution sont, pour ma part en tout cas, plutôt ratés et virent dans le n’importe quoi. Je pense qu’il y avait mieux à faire, notamment après l’épisode 5, qui aurait pu être une véritable conclusion. Mais Daniel Warren Johnson veut en mettre plein les mirettes à son lectorat et il pousse le bouchon au maximum. Et cela va certainement faire frétiller la colonne vertébrale des lecteurs, même si un équivalent a déjà été utilisé il y a vingt ans par Erik Larsen dans Savage Dragon.

Do a Powerbomb! propose selon moi une fin trop over the top qui entraîne pas mal de dérapages et de circonvolutions pour une fin classique qui aurait pu être amenée avec plus de simplicité. L’évolution de Lona me semble être un peu trop fulgurante aussi, passant de catcheuse médiocre à démembreuse de monstres en une page ou deux. Le dernier souci, et là je pense que je ne vais pas me faire que des amis, ce sont les dessins ! Non pas que le travail de l’artiste soit mauvais, on est bien au-dessus d’un comics lambda et cela reste, comme je l’ai dit au-dessus, un point fort du récit. Mais je le trouve un peu moins concis, un peu plus précipité. Je trouve qu’il y a moins de détails, un peu moins de maestria graphique. Je suis un peu déçu, comme on pourrait l’être d’obtenir un 16/20 après n’avoir eu que des 20/20.

Image : © Daniel Warren Johnson

Pour résumer, Do a Powerbomb! ravira les amateurs du genre, qui seront satisfaits par le récit de Daniel Warren Johnson qui surfe, encore une fois, sur ses forces. À savoir des combats dantesques et une petite dose d’émotion. Mais on aimerait quand-même voir l’auteur sur autre chose désormais. À force de proposer des récits toujours plus puissants, Daniel Warren Johnson perd un peu en originalité. Il faudrait qu’il puisse se réinventer un peu et aller chasser sur d’autres terrains, comme avait pu le faire une Tillie Walden sur Walking Dead.

Do a Powerbomb! est disponible sur Amazon en VF et en VO, à la FNAC et chez de nombreux revendeurs pour 19€.

Do a Powerbomb!, Urban Comics

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