En quelques mois et depuis la publication de son Wonder Woman Dead Earth chez DC Comics, l’auteur Daniel Warren Johnson est devenu la nouvelle coqueluche de la sphère des comics. C’est peu de dire que son projet sur Beta Ray Bill, l’extraterrestre chevalin de Marvel, était attendu avec impatience. Une première collaboration avec la maison des idées qui ne tient malheureusement pas toutes ses promesses.

Beta Ray Bill : Étoile d'argent

(image : © Marvel Comics)

Beta Ray Bill : moi, moche et méchant

Les premières pages de Beta Ray Bill : Étoile d’argent sont pourtant plutôt intéressantes. Elles mettent en effet en place la confrontation entre les aspirations d’un homme, d’un guerrier qui a envie d’être aimé et son aspect violent et repoussant. Si ce n’est pas vraiment original (le sujet ayant déjà été traité par Walter Simonson, le créateur du personnage, quarante ans plus tôt), c’est quand-même bien réalisé. On ressent bien les émotions de Beta Ray Bill, qui, à l’instar d’un Ben Grimm, se retrouve enfermé dans un corps qu’il considère monstrueux. La différence de taille, c’est que cette fois-ci, la personne qu’il désire lui fait bien comprendre qu’en dépit de son âme valeureuse, son apparence est trop dérangeante pour pouvoir assumer ses envies. Rajoutez à cela une petite touche de jalousie envers Thor, qui possède tout ce qu’il veut, et voici notre héros parti à la recherche d’une nouvelle arme qui lui permettra de redevenir ce qu’il était. Nous sommes bien dans le cadre d’une aventure chevaleresque au sens premier du terme, celle qui a quasiment toujours pour point de départ un dépit amoureux. Mais la comparaison entre Beta Ray Bill : Étoile d’argent et les chansons de geste s’arrête malheureusement assez vite.

Beta Ray Bill : Étoile d'argent

(image : © Marvel Comics)

Beta Ray Bill : Rebelle ?

Dès que Beta Ray Bill monte dans son vaisseau à la recherche de l’épée de Surtur, le démon qui a détruit sa planète, Daniel Warren Johnson se prend les pieds dans le tapis.  Il l’affuble de deux personnages choisis de manière assez aléatoire (Skurge et Pip le Troll) sans trop que l’on comprenne ce qu’ils viennent faire là ni quel est leur véritable rôle dans l’aventure. Il n’y a pas de point commun, de réelle connivence entre les acteurs du récit. De fait, Daniel Warren Johnson se sert de ces personnages uniquement dans un but de facilité scénaristique, lui permettant à moindre frais d’avoir un relief comique et de pouvoir exposer, via des dialogues, une partie de l’histoire. À la rigueur, seul le personnage de Skuttlebutt, le vaisseau de Beta Ray Bill, possède une certaine ampleur et une certaine légitimité. Daniel Warren Johnson arrive ici à développer un parallèle entre les sentiments du vaisseau envers son propriétaire et la propre situation de Beta Ray Bill. Mais encore une fois, il ne pousse pas son idée jusqu’au bout en humanisant de manière littérale le vaisseau. Pour le coup, on est très très loin de la bizarrerie assumée comme a pu le faire un Philip José Farmer par exemple (Des Rapports Étranges) ou pour rester dans le monde du comics, Alan Moore. C’est dommage, mais n’oublions pas que nous sommes chez Marvel. Et que les lecteurs attendent avant tout avec Beta Ray Bill : Étoile d’argent du récit bourrin avec des monstres qui se font défoncer plutôt qu’une réelle réflexion sur l’amour en dépit de l’apparence.

Beta Ray Bill : Étoile d'argent

(image : © Marvel Comics)

Monstres et compagnie

Pour ce qui est de défoncer des monstres, le lecteur sera servi. Daniel Warren Johnson se fait en effet plaisir en nous proposant à longueur de recueil des combats tous plus gigantesques les uns que les autres, ne se privant pas de mettre du fan service à tous les coins de page. Vous vouliez voir du Fin Fang Foom ? Vous l’aurez. Vous vouliez voir des hordes de monstres bizarres se faire défoncer de manière plutôt sanglante à coups de hache ? Vous l’aurez aussi. De fait, Beta Ray Bill : Étoile d’argent ravira ceux qui cherchent avant tout à se faire plaisir au niveau des graphismes. Même si l’on pourra déceler certaines facilités comme le combat final où le méchant reprend une taille normale sous un prétexte fallacieux afin de faciliter la mise en page de l’artiste. Les fans de Daniel Warren Johnson apprécieront, les autres resteront un peu plus dubitatifs devant ce récit qui reste un peu trop sage et trop superficiel au niveau de ce qu’il pouvait nous raconter. L’histoire a le mérite toutefois d’être publiée dans un album grand format, qui rend justice aux traits de l’artiste et de bénéficier d’une bonne traduction. Il faudra attendre les prochains projets de l’auteur pour savoir s’il peut véritablement proposer quelque chose de différent sur des titres plus mainstream ou s’il va rester coincé ad vitam aeternam dans sa zone de confort.

Beta Ray Bill : Étoile d’argent (Beta Ray Bill #1-5), Panini Comics, 136 pages, 22 €. Sortie le 13 octobre 2021. Traduction de MAKMA/Benjamin Viette.

Beta Ray Bill : Étoile d'argent

(image : © Marvel Comics)

 

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