C'est un projet bien singulier que nous offrent Ram V et Christian Ward avec Aquaman Andromeda. Lorgnant avant tout du côté du genre horrifique et plus particulièrement de l'horreur cosmique que du genre super-héroïque.

La Sphère de Prométhée

Le point de départ d'Aquaman Andromeda est on ne peut plus simple : un objet céleste (en apparence) s'écrase au fond de l'Océan Pacifique. Une équipe de recherche internationale est dépêchée à Point Nemo (un cimetière sous-marin international) pour enquêter. Aquaman est rapidement alerté de la présence de cet objet et Black Manta est engagé par un individu mystérieux pour piller l'épave.

N'y allons pas par quatre-chemins, le scénario de Ram V lorgne beaucoup du côté des films Sphère de 1998 et de Prometheus de Ridley Scott. Tandis que ses influences littéraires semblent se trouver chez Clark Ashton Smith et HP Lovecraft, tout cela aboutissant à un véritable récit d'horreur, souvent psychologique, dans lequel Aquaman n'apparaît qu'assez peu, bien que le développement du personnage et des questions autour de sa véritable nature en fasse un récit essentiel pour les amateurs du Roi des Mers.

Malgré toutes ces influences, le récit n'en demeure pas moins rafraîchissant. Ram V reprend entièrement le concept de Sphère de Barry Levinson pour en proposer une version plus aboutie, mais non dénuée d'hommages. Par exemple, l'apparition du Kraken est exactement la même que dans le film : les personnages d'Anders et celui d'Harry (incarné par Samuel L. Jackson dans Sphère) lisent tous les deux Vingt milles lieux sous les mers de Jules Verne (une fausse version du livre appelée Kraken Rises dans Aquaman Andromeda). Leur peur viscérale des céphalopodes provoquant l'apparition d'un monstre marin.

De même le titre du comic book : Aquaman Andromeda, renvoi à la mode récente des films de la saga Alien de nommer le film d'après le nom du vaisseau, ici l'Andromeda : un sous-marin expérimental constitué d'une équipe internationale. Les cinéphiles avertis penseront également à Abyss de James Cameron.

La narration d'Aquaman Andromeda est découpée en trois parties. Chacune de ces parties nous présente le traumatisme d'un ou plusieurs des protagonistes et ses conséquences sur le déroulé des événements. Le rythme se veut lent et ne contient que peu d'action hormis l'attaque du Kraken et le final. Ram V préférant s'intéresser à ses personnages et à leur vécu.

L'histoire d'Aquaman Andromeda se suit donc sans véritables digressions, ce qui n'empêche pas le récit de surprendre, en particulier lorsque la nature réelle de l'objet céleste se manifeste aux membres de l'équipage. Un rythme lent, mais loin d'être ennuyeux en somme.

Christian Ward : un nouveau tournant pour Aquaman

Au-delà de l'excellence du scénario de Ram V, le dessin de Christian Ward renforce cet aspect unique de l'œuvre. Bien que magnifique (notamment sur la tenue d'Aquaman) le trait de Ward distille une ambiance de malaise et de claustrophobie à chaque planche, y compris dans les doubles pages. L'artiste n'oublie pas de faire ressentir à son lecteur que ses personnages se trouvent dans un endroit hostile (les profondeurs de l'Océan) et exigu (le sous-marin) : l'atmosphère typique d'un huis clos, qui virera progressivement vers un récit paranoïaque. Dans cet environnement seul Aquaman est à son aise. Un sujet qui sera au cœur du développement du personnage au cours du récit.

Revenons donc un peu plus sur le personnage d'Aquaman. Dans Andromeda, Arthur Curry se ressemble de plus en plus à une créature marine. Sa peau grisâtre est craquelée dû à l'exposition au sel et son armure est recouverte de coraux et de coquillages. L'aspect organique de sa tenue fait de lui une véritable créature marine à l'opposé de son aspect physique dans la version de Geoff Johns par exemple. Chacune de ses apparitions face aux humains marque le contraste entre eux et Aquaman. Ce dernier est qualifié de mythe et de déité par l'équipage de l'Andromeda et Aquaman domine physiquement et intellectuellement chacune de ses interactions avec eux. La dichotomie est poussée à son paroxysme lors des scènes sous-marines et à l'intérieur de l'objet céleste, Aquaman évoluant en parfaite harmonie avec son environnement tandis que les humains utilisent une technologie avancée et invasive pour se déplacer (Ward faisant référence aux tenues de Fermen de Dune et à Abyss).

L'édition Urban Comics

Urban Comics présente Aquaman Andromeda au sein du DC Black Label. La traduction, toujours de qualité, est assurée par Mathieu Auverdin.
L'impression rend justice au travail de Christian Ward, les couleurs sont vibrantes et font ressortir les nombreux détails de chaque planche. Vous pourrez également trouver en fin d'ouvrage les travaux préparatoires de Christian Ward accompagné de ses commentaires, qui vous feront découvrir tout le cheminement intellectuel de l'artiste ayant abouti au style unique d'Aquaman Andromeda.

Aquaman Andromeda, édité par Urban Comics, est disponible chez depuis le 7 juillet 2023 au tarif de 17 € pour 168 pages sur Amazon, FNAC, Cultura, Bubble et dans les librairies spécialisées.

La couverture française d'Aquaman Andromeda (®Urban Comics)

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