Alors que la cinquième et dernière saison de Stranger Thingsarrive à la fin de l’année, il est temps de revenir sur ces zones d’ombre que la série culte de Netflix n’a jamais totalement éclaircies.
Depuis 2016, nous suivons avec passion les aventures d’Onze, Mike, Will, Dustin, Lucas et Max à Hawkins, cette petite ville de l’Indiana devenue malgré elle le champ de bataille entre deux mondes. Saisons après saisons, la série a su évoluer, se réinventer, et marquer les esprits par ses personnages, son ambiance, et ses créatures venues d’ailleurs.
Mais aussi réussie soit-elle, Stranger Things accumule parfois les mystères jamais résolus, les détails oubliés, et les incohérences trop grosses pour être ignorées. On aurait pu parler du sort inexpliqué du chien Chester, du corps disparu du Démo-Chien, ou encore des retours improbables de certains personnages… mais nous avons choisi de nous concentrer sur cinq cas emblématiques – et un bonus final qui pourrait bien cacher une explication plus inquiétante qu’il n’y paraît.
Lorsqu’elle apparaît pour la première fois, Onze (Millie Bobby Brown) parle à peine. Son vocabulaire est limité à quelques mots, comme si elle n’avait jamais appris à s’exprimer. Pourtant, les flashbacks montrés dans les saisons suivantes contredisent cette idée : on la voit discuter clairement avec le Dr Brenner et d’autres enfants.
Alors, qu’est-ce qui a bien pu provoquer cette régression soudaine ? Le traumatisme ? L’isolement ? Un choix de mise en scène pour accentuer son étrangeté ? Dans tous les cas, l’évolution d’Onze ne suit pas une logique fluide, surtout pour un personnage central à ce point.
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On nous l’a bien répété : le Monde à l’Envers est dangereux, toxique, et potentiellement mortel. Dans la saison 1, les scientifiques s’y aventurent en combinaisons Hazmat. Et Will, qui y est resté prisonnier, en subit des séquelles physiques et psychologiques durables.
Alors pourquoi, à partir de la saison 3, voit-on des groupes entiers de personnages (Nancy, Steve, Robin, Dustin, Eddie et les autres) explorer librement ce monde sans aucune protection ? Pas de masques, pas de combinaisons, pas même un foulard. Et aucun d’entre eux n’en ressort avec la moindre trace d’infection. Visuellement, c’est plus lisible à l’écran, certes. Mais narrativement ? Une incohérence aussi épaisse que les spores qui flottent en permanence dans le décor.
Dans la saison 1, le laboratoire fait croire à la mort de Will (Noah Schnapp) en plaçant un faux cadavre dans un lac. Mais comment cette supercherie a-t-elle pu fonctionner ? Joyce comprend immédiatement que ce n’est pas son fils. Et pourtant, la ville entière, la police, les médecins, tout le monde accepte ce mensonge sans poser de questions.
Et une fois Will retrouvé vivant, comment la population de Hawkins réagit-elle ? À peine quelques moqueries de la part d’adolescents (“Zombie Boy”), et puis plus rien. Pas d’enquête, pas de scandale, pas de journalistes. Comme si tout cela n’avait jamais existé. Une facilité scénaristique qui passe mal, surtout dans une petite ville où tout le monde connaît tout le monde.
Le Dr Brenner (Matthew Modine), que Onze appelait “Papa”, est censé mourir à la fin de la saison 1, attaqué par un Démogorgon. Un sort logique pour celui qui a provoqué l’ouverture vers le Monde à l’Envers et traumatisé des enfants pendant des années.
Mais contre toute attente, il revient dans la saison 4. Et sans jamais expliquer comment il a pu survivre à une attaque qui n’a laissé aucune chance à d’autres personnages bien plus préparés que lui. À ce stade, ce n’est plus un scientifique, c’est un super-vilain indestructible. Un choix de retour qui alimente certes le récit… mais affaiblit la crédibilité de l’univers.
Barb, Bob, Billy, Alexei, Eddie… Chaque saison introduit un nouveau personnage attachant. Et chaque saison, ce personnage meurt. Pendant ce temps, les membres du groupe principal, eux, s’en sortent toujours, malgré les blessures et les traumas.
Ce déséquilibre crée une sorte d’armure invisible autour des héros, qui affaiblit la tension dramatique. Si l’on sait qu’ils ne mourront pas, alors les enjeux perdent en impact. Ce schéma, désormais prévisible, rend aussi injuste le traitement de certains personnages secondaires, dont la disparition sert surtout à déclencher des émotions faciles.
Voilà peut-être la plus étrange des incohérences : pourquoi les habitants de Hawkins semblent-ils toujours tourner la page aussi facilement ? Portails vers une autre dimension, morts mystérieuses, incendies, monstres… et à chaque saison, tout recommence comme si rien ne s’était passé.
Il n’y a pas de comité d’enquête, pas de reporters, pas de mouvements de panique durables. Juste un éternel retour au quotidien, comme si une brume surnaturelle recouvrait la mémoire collective.
Et si, justement, c’était le cas ? Et si le Monde à l’Envers avait un effet sur la ville elle-même, effaçant les souvenirs, anesthésiant les consciences ? Ce serait une explication possible… sauf qu’elle ne semble pas s’appliquer aux personnages principaux, toujours lucides sur ce qu’ils ont vécu. Alors ? Mystère. Ou oubli scénaristique ?
Stranger Things reste une série culte, dont on aime les personnages, les références et les retournements. Mais à l’approche de la cinquième et dernière saison (prévue en novembre 2025, avec un final le 31 décembre), on ne peut s’empêcher de repenser à toutes ces bizarreries. On aurait pu évoquer aussi l’usage incertain des pouvoirs de Onze, ou encore la disparition de certains éléments majeurs d’une saison à l’autre.
Mais au fond, c’est aussi ce qui fait partie du charme de la série : son mélange de fantastique assumé et de logique parfois bancale. Tant que les frissons sont au rendez-vous… on est prêt à fermer les yeux sur bien des incohérences.
Stranger Things est disponible en streaming sur Netflix.
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